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Le biomimétisme : retrouver le lien avec la nature

Publié le 23 novembre 2015 par Erwan Pianezza

Une vieille idée…

S’inspirer des termites pour construire des buildings, ou des moustiques pour inventer des piqures sans douleur…

L’idée n’est pas révolutionnaire, bien sûr. Cela fait des milliers d’années que la nature sert de modèle pour aider à résoudre les problèmes humains dans plusieurs domaines (santé, architecture, communications…). Leonard De Vinci lui-même, dès la Renaissance, a cherché des solutions en observant de près la nature. Ses travaux sur les machines volantes à une époque où l’on se préoccupait peu de ce domaine, étaient le fruit d’une étude très attentive de l’anatomie et du fonctionnement des oiseaux, ainsi que de l’environnement dans lequel ils évoluent. A ce titre, il peut sans doute être considéré comme le précurseur de cette approche scientifique qu’est le biomimétisme.

Concept de la machine volante, imaginée par Leonard de Vinci, inspirée des ailes de chauve souris

Concept de la machine volante, imaginée par Leonard de Vinci, inspirée des ailes de chauve souris

...Que l’on a oubliée

Mais l’homme a vécu une période exceptionnelle de l’histoire avec l’abondance de combustibles fossiles qui, si elle nous a bien rendu service, nous a fait aussi perdre le contact avec le vivant.

La théorie du biomimétisme est une vieille pratique, oubliée pendant un temps: imiter la nature (le mot vient du grec bios : la vie et mimesis : imitation), une étymologie dont il faut cependant se détacher car le principe du biomimétisme n’est justement pas de simplement copier la nature. Janine Benyus, biologiste américaine, éclaire le sens de cette nouvelle discipline tout en popularisant le terme dans son livre intitulé Biomimétisme : quand la nature inspire des innovations durable, publié en 1997 :

Le biomimétisme, ce n’est donc pas que s’inspirer du vivant, c’est le faire en terme de durabilité, pour vivre en équilibre avec le reste de la terre. Les organismes vivants ont su développer des stratégies pour survivre dans leur environnement : ils sont en quelque sorte les experts en durabilité et c’est en ce sens que le biomimétisme propose de les imiter. La nature est en mesure de produire sans consommer d’énergies fossiles, sans créer des déchets : l’homme peut donc lui aussi continuer à produire de manière durable : il n’a qu’à regarder.

Comprendre le biomimétisme

Gauthier Chapelle, co-fondateur de l’association Biomimicry Europa, explique la théorie de la manière suivante :

Le biomimétisme se conjugue à trois niveaux :

  • Celui de la forme adoptée par les êtres vivants, qui ne garantit pas l’effet de durabilité.
  • Celui des matériaux et des processus de fabrication qui va plus loin en terme de durabilité. La nature a dans ce domaine beaucoup à nous apprendre pour construire des matériaux fiables, durables et non-toxiques.
  • Celui des écosystèmes et les relations que les espèces ont entre elles. Par exemple, dans les écosystèmes, il n’y a pas de déchets. Chaque déchet produit par une espèce est recyclé comme matière première par une autre. De la même manière, dans le vivant on se nourrit localement. Enfin, la nature utilise des énergies gratuites et sait gérer la toxicité : les matières toxiques sont dans la nature biodégradables.

Le mariage possible du développement durable et du progrès : des exemples concrets

Les exemples d’innovations technologiques fondées sur le concept du biomimétisme à travers le monde sont déjà nombreux.

  • Le bec du martin-pêcheur

Au Japon, le réseau ferroviaire de l’ouest du Pays a mis en place le Shinkansen Bullet Train, tout droit sorti de l’imitation du bec du martin-pêcheur afin d’associer ses performances de vitesse avec un minimum de gêne sonore.

  • La climatisation chez les termites

Les termites ne font pas que détruire, ils aident aussi à construire. C’est à Harare, au Zimbabwe, que le système d’air conditionné d’un immense immeuble, Eastgate, a été inspiré par la température quasi-uniforme qui règne dans les termitières alors que les températures extérieures peuvent osciller entre le très chaud et le très froid.

  • L’effet lotus

Les feuilles de lotus ont des qualités super-hydrophobes, c’est-à-dire que l’eau ne les pénètre pas et glissent sur elles en emportant les poussières. Cette particularité a bien sûr conduit les chercheurs à décrypter le phénomène pour fabriquer ensuite des surfaces auto-nettoyantes (peintures, tissus...).

Cette nouvelle discipline scientifique très porteuse est au cœur de technologies de pointe comme l’aéronautique ou la médecine. Aujourd’hui, la nature est la seule capable de maîtriser sa propre durabilité. Et à une période de notre histoire où , on le sait, les combustibles fossiles ont une durée de vie limitée, le concept de biomimétisme revient sur le devant de la scène de manière urgente.

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