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Que les femmes se lèvent du banc de touche!

Publié le 10 juin 2008 par Chictype

Maria Roth-Bernasconi, conseillère nationale socialiste genevoise, veut un sport débarrassé du machisme et de la violence, dans une culture de partenariat hommes-femmes.

Au club de foot de Thoune, les joueurs sont désormais tenus de suivre un séminaire consacré à la virilité et à la condition de l’homme. Après diverses affaires de mœurs, dont celle, bruyamment relayée, qui impliquait une jeune fille de 15 ans, la direction du club veut prévenir de nouveaux scandales. Les jeunes joueurs doivent se préparer à leur rôle de héros sur gazon, sans pour autant verser dans une virilité «déplacée». 

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\’);} Le football est encore imprégné de l’image du dieu du stade, nanti, à la ville, d’une épouse soumise - si possible sexy - et, à la scène, de groupies qui l’adulent en masse. C’est l’Homme tel qu’on se l’imagine: beau, fort et sensuel (même avec le torse rasé) et, par-dessus tout, fair-play. Les joueuses de foot par contre, longtemps dépeintes comme des garçons manqués ou des lesbiennes, ne sont toujours pas vues comme de vraies femmes. Forcément, puisque, comme le dit le sélectionneur de la Grèce Otto Rehaggel, «les femmes sont des êtres gracieux. Des filles sur un terrain de foot, c’est comme des chevaux de brasserie qui piétineraient un terrain de foot - c’est le début de la fin!»

Cette citation date, mais elle reste actuelle: le foot d’aujourd’hui reflète ce que beaucoup de femmes et d’hommes vivent encore dans notre société. Le jeu est le même, avec les mêmes règles: une femme, ça cache ses ambitions, ça doit se montrer gentille, douce, gracieuse et chercher l’amour éternel sans froisser ses congénères.

Partant de là, comment motiver les filles et les femmes à faire du sport? C’est comme pour la politique, elles ont besoin de modèles! Des modèles que les médias contribuent à faire connaître. Mais ces femmes, en plus d’être rapides, habiles et intelligentes, doivent être belles sur la photo, ce qui fait tout de même beaucoup d’obstacles à surmonter.

Or, les sportives et les femmes politiques sont des êtres normaux, qui, c’est selon, vivent seules, en couple, sont mères, amantes, lesbiennes, travaillent à la maison ou doivent gagner leur vie. Comme toutes les femmes, elles n’aiment pas leurs bourrelets, mais aiment être appréciées pour ce qu’elles sont et ce qu’elles représentent. Les filles seront sans doute plus motivées à faire du sport ou s’engager en politique si on leur donne la chance de développer leur identité propre, en leur offrant de s’identifier à plusieurs modèles de femmes. Cette diversité humaine, cette ouverture des possibles, cet arc-en-ciel de personnalités, ce n’est pas vraiment ce que les médias donnent à voir…

En brisant les stéréotypes, un sport «masculin» comme le foot peut participer à un changement de mentalité. Car le changement est possible, et déjà amorcé: comme les joueurs de Thoune, les femmes peuvent apprendre. De leur côté, elles doivent apprendre à revendiquer un espace public, à avoir confiance en elles-mêmes, donner de la voix et s’imposer physiquement, à assumer leurs ambitions, leurs victoires et leurs défaites. De cet apprentissage émergera une nouvelle conception de leur féminité et de leur être. Elles seront ainsi mieux à même de défendre leurs intérêts, et de participer pleinement à la construction d’une société plus égalitaire et plus juste.

Pour en arriver là, encore faut-il leur donner l’espace et le temps nécessaires, faciliter leur accès au loisir, au plaisir - y compris au plaisir de la compétition - en mettant sur pied de nouvelles infrastructures. Dans ce sens, ma collègue au Conseil national Margret Kiener Nellen a déposé une interpellation en automne 2007 afin de favoriser le football féminin. Car la structure «Jeunesse et Sport», chargée de promouvoir la relève, n’accorde pas la même faveur aux sports «masculins» et «féminins»: une étude menée en 2000 démontre que les garçons reçoivent environ 30 millions de francs de subventions, contre 18 pour les filles!

Idem pour l’Euro 2008: c’est dans le monde du football masculin que sont investies des sommes colossales. Alors que ce sport est apprécié d’un nombre croissant d’amatrices, les montants affectés au foot féminin restent insignifiants, et ceux réservés aux sports à dominante féminine sont largement en deçà de l’Euro. Il est d’autant plus difficile d’accepter que l’UEFA se fasse, c’est le cas de le dire, des couilles en or, quand on sait qu’elle refuse d’investir le moindre centime pour lutter contre les effets collatéraux du foot, tels que la traite des femmes ou l’augmentation de la prostitution et de la violence conjugale.

Je n’aimerais surtout pas gâcher la fête du ballon rond: je serai la première à regarder les matches. Mais le cas de Thoune nous rappelle que le foot, comme toute la société, réglemente trop strictement le jeu des femmes et des hommes. Mon souhait - je devrais dire mon but: que le ballon fasse boule de neige, et que le sport ouvre la voie à un autre mode de vivre ensemble, où hommes et femmes feront équipe dans leur diversité, et où les femmes ne resteront pas sur le banc de touche.

http://www.letemps.ch/template/opinions.asp?page=6&article=233698


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