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287 – l’unite entre physique et philosophie

Publié le 27 novembre 2015 par Jeanjacques

Nous avons démontré ici l’impasse dans laquelle se trouvent tout aussi bien la physique et la philosophie qui résulte de leur éloignement et leur spécialisation mutuelle. Nous n’oublions pas que la « physis » grecque a été à l’origine de la naissance de la philosophie en démythifiant la nature. Celle-ci se composait des quatre éléments fondamentaux (eau, feu, terre, ciel) et n’était plus l’espace d’expression des forces magiques ou des esprits divins. Il devenait possible d’en déterminer les lois et consécutivement d’expérimenter pour les découvrir et les vérifier.

1 - Aristote peut être considéré comme le premier et dernier grand penseur de l’unité entre science et philosophie. Il eut comme successeur Descartes dont l’œuvre philosophique l’emporte sur ses travaux mathématiques . Notons aussi Leibnitz mathématicien aussi et ses réflexions en cosmologie.

Car déjà la coupure s’était instaurée avec Galilée, Copernic et Newton notamment, qui inauguraient l’ère du scientifique spécialisé et la répartition du domaine de la science en disciplines.
Kant viendra consacrer cet état de fait en posant la distinction entre science et métaphysique, entre le champ du savoir expérimental vérifiable et celui plus aléatoire et soumis à l’opinion de la philosophie. Il s’agit d’établir : « une assignation des limites à l'entendement humain : Kant va établir une ligne de partage entre ce qui est accessible à la raison humaine et ce qui la dépasse, permettant ainsi de distinguer la science d'une part, et ce qui relève de la croyance (c'est-à-dire de la spéculation) d'autre part. »
Bergson pour l’époque contemporaine fut le seul à tenter de dialoguer d’égal à égal avec la biologie et on se souvient de sa critique de la relativité d’Einstein.

Depuis lors- dirait Heidegger - la science ne pense plus, ne veut plus penser et laisse le domaine des élucubrations métaphysiques aux philosophes pour se consacrer à la « paillasse » au solide concret et possède de plus le sésame absolu qui ouvre toutes les portes de la vérité : les mathématiques. Le seul domaine laissé en pâture aux philosophes est l’histoire des sciences et l’épistémologie. Celle-ci consiste en une position de surplomb mais externe aux sciences, dont elle conforte a postériori quelques règles de validation des expériences comme le principe de réfutabilité de Karl Poppers - dont les tenants du big bang se contrefoutent.
On notera au passage les analyses les poético-psychologiques de G. Bachelard dont « l’esprit scientifique » n’est en rien particulier à la science et qui ne font que renforcer la césure entre science et philosophie en donnant un semblant d’originalité à la démarche scientifique.

2 – Le retrait du philosophe de la science, résulte tout à la fois un sentiment d’humilité et de grandeur. Humilité puisque ne disposant pas de la formation très longue et exigeante pour intervenir de plein pied dans le champ de la science. Grandeur puisque spécialiste de l’universel, la science lui apparait comme une pratique empirique limitée dont on contrôlera les dérèglements par un positionnement sur l’éthique.

Comment donc aujourd’hui retrouver l’unité perdue entre science et philosophie et pour ce qui nous concerne entre cette dernière et la physique ? C’est que, contrairement à Bachelard, il n’y a pas de spécificité de « l’esprit scientifique » dont les catégories et la logique relèvent toutes de la raison commune. En particulier, la totalité des concepts en usage sont formulés par le langage, la mathématique ne constituant pas une langue ésotérique intraduisible dans celle de la raison.

La mathématique et la physique doivent ainsi user des représentations mentales de l’espace, du temps, des notions de distance, d’énergie, de masse, de poids etc. On doit procéder avant tout travail de recherche et de calcul à définir très strictement les concepts dont on va user comme par exemple une ligne droite, un point dont on a puisé dans le réel commun la représentation.

L’indépendance de la science et particulièrement de la physique est donc totalement illusoire, elle doit rendre compte à « l’extérieur » de l’usage et du traitement de ce savoir emprunté à l’expérience de toute une humanité historique. C’est ainsi que nous avons attiré l’attention sur l’imperfection des notions de vide, d’énergie, de mouvement, d’inertie, sur l’absence totale de définition de ce qu’est un objet physique nécessaire avant toute expérimentation ou élaboration mathématique. Nous avons également dénoncé l’aporie radicale à laquelle aboutissait un raisonnement destiné à extraire la totalité de la matière à partir d’un néant et montré l’insuffisance de la relativité quant à son traitement de l’espace, du mouvement, de l’origine d’une vitesse limite etc…

3- En définitive, l’unité entre la physique et la philosophie existe dans les faits puisque la base de cette science relève de concepts rationnels dont la définition peut faire l’objet d’une élaboration commune entre savants et philosophes.

La philosophie, comme science de la synthèse de tous les savoirs, est par essence le lieu de rencontre et de dialogue entre toutes les disciplines et hors de laquelle chacune est portée à dériver, sans contrôle externe, enfermée dans une logique ésotérique, source de tous les dérèglements - dont la physique est à ce titre exemplaire.


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