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Interstellar - 10/10

Par Aelezig

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Un film de Christopher Nolan (2014 - USA, UK) avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Jessica Chastain, Mackenzie Foy, Matt Damon, Michael Caine, Casey Affleck

GEANT !

L'histoire : La Terre est en train de mourir. La plupart des gens sont devenus fermiers, pour se nourrir, pour nourrir les autres. Mais les champs et la vie sont menacés par des tempêtes de poussière de plus en plus destructrices. Cooper, ancien astronaute, est appelé par la NASA. On projette l'ultime mission : trouver une autre planète, dans une autre galaxie, en passant par un trou de ver, ces "passages" qui permettrait d'abroger la limite des millions de kilomètres à parcourir. Cooper, veuf, n'a pas envie de quitter ses enfants, encore jeunes, qui seront confiés à la seule garde de leur grand-père vieillissant... mais comment refuser d'aider l'humanité à survivre. Il part, et Murphy, sa petite fille, est tellement bouleversée qu'elle refuse de parler à son père lors des "rendez-vous" téléphoniques entre le vaisseau et la Terre. Deux années passent, le trou noir est enfin en vue...

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Mon avis : Alors là... Je suis encore sous le choc. Qu'est-ce que c'est bien, le cinéma, quand c'est bon ! Qu'est-ce que c'est bien, le cinéma, quand les Américains mettent tout leur talent, et Dieu sait s'ils en ont, à créer un univers riche et intelligent ! Qu'est-ce que c'est bien, le cinéma de Christopher Nolan ! 

L'histoire d'abord. Pas facile de faire original désormais, dans un domaine qui a produit d'innombrables films et sagas, dont certains sont devenus cultes. La recherche d'une autre planète pour y loger l'espèce humaine, menacée par l'épuisement de la Terre, c'est une bonne idée, car pour l'instant, il n'y a pas eu encore énormément d'exemples. Le problème majeur étant technique : on ne sait toujours pas si d'autres planètes pourraient nous accueillir, biologiquement parlant ; et si on n'en trouve pas, il faudrait alors créer des villes en atmosphère protégée, des trucs qui financièrement sont quasi impossibles (on l'a vu récemment dans Elysium, mais justement, seuls les riches y accèdent), et surtout un obstacle de taille : ces planètes compatibles ou non sont de toutes façons si loin qu'il faudrait cent ans pour y aller. Je schématise, hein, je ne suis pas scientifique, mais vous connaissez le principe. Nolan utilise la théorie des trous noirs et des trous de ver ; une théorie qui suggère une torsion de l'espace-temps. Explication simple : vous prenez une feuille de papier, entre le haut et le bas, vous avez 28 cm ; si vous faites un petit trou aux deux extrémités, que vous les rapprochez en courbant la feuille, la distance peut devenir... infime. Les scientifiques, adeptes de cette théorie, initiée par les travaux et découvertes d'Einstein sur la relativité, pas encore prouvée, pensent que l'espace est courbe et que les trous noirs, ou trous de ver, pourraient servir de "raccourcis", de passage, et abolir les kilomètres. C'est un des grands "espoirs" de la science en ce moment.

Nos pionniers tentent donc l'aventure, gagnent effectivement du temps... mais s'éloignent du coup de leurs familles encore plus : alors que eux ont gagné vingt ans de temps humain, les terriens eux continuent de vieillir au rythme de la Terre. C'est émotionnellement épouvantable ! 

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J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le parallèle entre les pionniers d'autrefois et ceux du film. Christophe Colomb, pilgrim fathers, même combat ! Des gens qui laissaient d'ailleurs eux tout ce qu'ils connaissaient, tous ceux qu'ils aimaient, et partaient vers des territoires plein de promesses... ou de chagrins. 

Toute la partie scientifique est validée par le physicien Kip Thorne, qui a participé à l'écriture du scénario. Jonathan Nolan, frère et co-scénariste de Christopher, a également potassé les livres de Carl Sagan.

La structure du film m'a également plu, sur le plan narratif et technique. Au début, on pense un peu à Signes, lui-même à mi-chemin entre fantastique et science-fiction : ces champs de maïs à perte de vue (que l'on écrase avec le 4x4... en laissant de belles traces !) et ces choses bizarres qui arrivent. Ici, la petite fille suspecte la présence d'un fantôme dans sa chambre. On se demande bien pourquoi Nolan a introduit cette anecdote mystérieuse. Son père y apporte évidemment une réponse scientifique, mais qui reste hypothétique et irrésolue. Et bien on a la réponse à la fin. La boucle est bouclée. Très nolanien ! 

De toutes façons, le film regorge de surprises et de rebondissements divers et variés, toujours fort bien vus. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on ne s'ennuie pas un seul instant !

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Les films de SF sont souvent froids. Christopher Nolan insuffle ici beaucoup d'émotion, le chagrin des enfants, leur vieillissement, que le père constate épargné lui par le temps "différent" dans lequel il vit, l'amour filial, l'amour tout court... Et j'ai adoré ça, moi qui suis hyper sensible et romantique.

Autre atout majeur : on comprend tout, même moi ! Enfin... on ne va pas se mentir... il y a bien deux ou trois choses qui restent un peu hermétiques. Le film est long (2h50), foisonnant, suscite toutes sortes de réflexions, qui vous font zapper un peu la séquence qui suit, perdue que vous êtes dans vos pensées. Raison de plus pour le voir et le revoir afin d'en tirer toute la substantifque moelle ! 

Esthétiquement, c'est une pure merveille. Les séquences contrastées entre la Terre, ses champs de maïs et ses tornades de poussière, très organique, très minéral, et l'Espace, immense, infini, pur, calme, alternent régulièrement ; on s'accroche à cette bonne vieille terre, même si elle devient hostile ; on est captivé, emporté, par les images magnifiques de l'univers, la terre vue de loin, les étoiles, les planètes, les vaisseaux qui glissent silencieusement...

Avec ces images et la musique "new-age", on pense à 2001, l'odyssée de l'espace, à Gravity, mais aussi à Terrence Malick. Que des références cultissimes !

Et puis, bien sûr, l'histoire appelle à réfléchir sur plusieurs thèmes : le choix entre famille et avenir de l'humanité, la partie scientifique, l'écologie, l'amour, motivation suprême et clé ultime. Une sorte de conte philosophique qui finalement se résume à une seule problématique, universelle : le temps qui passe.

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Avec tout ça... on en oublierait presque les acteurs ! Ils sont d'ailleurs si parfaits que - oui - ils disparaissent totalement derrière leurs personnages ! La meilleure preuve de leur immense talent. On ne voit pas Matthew, Anne ou Jessica, mais bel et bien Cooper, Brand et Murphy...

J'AI ADORE.

Et y a pas que moi. La presse est dithyrambique et 2.600.000 personnes se sont précipitées en salle. Rigolo quand même de lire quelques commentaires, très rares et très méchants : "une héroïsation du personnage principal qui confine au ridicule, des personnages secondaires sacrifiés, des dialogues trop souvent pris dans la gélatine scientifique, une partition musicale assommante" (Le monde) ou "Tout est nul dans "Interstellar" qui rejoint, au musée de la prétention, la bouillie philosophique de Matrix et l'insignifiance existentielle de Gravity" (Télérama). Si c'est pas de la mauvaise foi, ça... Tant pis pour eux ! Ah ah ah !


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