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Exposition « Providence Fracas psychédélique en Nouvelle- Angleterre » au MIAM à Sète

Publié le 04 décembre 2015 par Philippe Cadu
http://www.miam.org/Exposition « Providence Fracas psychédélique en Nouvelle- Angleterre » au MIAM à Sète

4 décembre 2015 - 22 mai 2016

Vernissage lundi 7 décembre à 18h30

Le Miam fête ses 15 ans à Providence.
15 ans de découvertes et de recherches pour ouvrir les horizons de l'art contemporain. 15 ans d'expositions pour changer notre regard et faire tomber les frontières. 15 ans à l'affut de créateurs inclassables et d'œuvres rebelles à la taxinomie.

L'exposition Providence montre le travail, explosif et saturé, de plusieurs artistes issus de cette petite capitale de l'état du Rhode Island. La plupart des œuvres, récentes, ou produites à l'invitation du Musée, explorent des trajectoires aux connexions multiples. Quelques figures, parfois grotesques, toujours mutantes, se tiennent à l'intersection de plusieurs champs de force, qu'ils soient sonores ou chromatiques.
Héritiers, certains malgré eux, d'un imaginaire monstrueux (les écrivains fantastiques Edgar Allan Poe et H.P. Lovecraft ont laissé leur empreinte dans l'imaginaire local) et pionniers d'une certaine forme d'activité souterraine, ces artistes sont aussi musiciens, auteurs de comics ou éditeurs de fanzines.


Exposition « Providence Fracas psychédélique en Nouvelle- Angleterre » au MIAM à Sète
La variété des formes qu'ils produisent fonctionne comme un réseau aux entrées multiples, parcouru par une énergie électrique, tour à tour destructrice et fondatrice.

Providence est une petite ville dont le paysage urbain est presque banal pour une cité du nord-est des USA, au point qu'il sert de toile de fond récurrente aux comédies grand public des frères Farrelly. C'est aussi une des premières colonies de la Nouvelle Angleterre, fondée en 1636. L'imaginaire qu'on lui associe reste coloré par le passage d'Edgar Allan Poe, au cours du XIXe siècle. Mais c'est celui, plus durable puisqu'il y passera presque toute sa vie, d'Howard Philip Lovecraft, qui le marque le plus profondément.
Cet écrivain malade et visionnaire composera au début du XXe siècle, à travers quelques nouvelles et un seul roman, une mythologie de dieux anciens et malfaisants, aux noms imprononçables, dont le sommeil souterrain (ou sous-marin) menace régulièrement d'être interrompu. Il choisira de situer ses récits fictifs dans les régions qui entourent Providence, ou dans le Massachusetts voisin, tressant une topographie à la réalité incertaine.On retrouve des démons grandioses et débiles, des cauchemars mutants et quelques rumeurs invérifiables lorsque dans les années 90, plusieurs jeunes artistes ont organisé des concerts cacophoniques et des combats de catch dans un squat nommé le Fort tonnerre (Fort Thunder).

Exposition « Providence Fracas psychédélique en Nouvelle- Angleterre » au MIAM à Sète
La légende raconte que la chaine d'information CNN, s'est appuyée sur l'anecdote d'un concert sauvage organisé en 1993 par Mat Brinkman et Brian Chippendale, dans un tunnel ferroviaire à l'est de la ville, pour soutenir l'existence à Providence d'un culte satanique persistant. Mais c'est surtout une certaine texture psychotrope des images et des objets inventés par ces artistes, fracas psychédélique ou assemblages de rebuts, qui permet de convoquer une Couleur tombée du ciel et des Montagnes hallucinées1.
Si certains rapprochements artistiques visibles dans l'exposition Providence sont délibérément arbitraires, et si l'intitulé géographique peut sembler disposer les oeuvres dans une perspective qui manquerait d'amplitude, les connexions sont multiples, concrètes et solides, entre les pratiques des artistes invités qui se connaissent et travaillent parfois ensemble.
Pour autant, des parcours qui se croisent ne suffisent pas à tisser l'intimité qui existe entre les différentes oeuvres. Et si plusieurs artistes empruntent à des registres fantastiques, il ne s'agit pas non plus d'une homogénéité thématique. Les échelles de production, parfois très éloignées les unes des autres, de l'installation monumentale au dessin délicat, ne plaident pas, là encore, pour une méthode unique, ni pour une manière dont on pourrait déceler les variations de l'un à l'autre.
Exposition « Providence Fracas psychédélique en Nouvelle- Angleterre » au MIAM à Sète
S'il y a bien une familiarité qui existe entre tous, elle est d'abord faite d'énergie : celle du tonnerre qui donne son nom au lieu pionnier cité plus haut et qui a hébergé plusieurs d'entre eux, celle de la foudre2 ou du champ de force3 - des énergies primordiales qui donnent naissances aux mythes et aux forces infernales. Le fracas est présent, et de façon intense, dans la plupart des créations MIAM - exposition Providence du 4 décembre 2015 au 22 mai 2016 - www.miam.org 2/ 4 musicales de ces artistes. La stridence et la saturation composent un territoire accidenté, parcouru par des figures à cornes, ou équipées d'armes futuristes.
Les processus de transformations, par fusions et par explosions, constituent un deuxième circuit d'énergie à l'oeuvre, une énergie vivace, qui génère, disperse et rassemble. Plusieurs oeuvres montrent le monde qui se fragmente en facettes, en surfaces biseautées ou ondulées, en points de lumière ou de couleurs. D'autres sont des collages, des agglomérats de morceaux de papier déchirés, des regroupements d'objets échoués au bord de l'eau, ou des broderies minutieuses cousues de fils brillants.
Enfin, une politique active de collaborations dessine un dernier réseau de circulation énergétique. Les influences sont partagées, et souvent réciproques. Les plus jeunes ont lu les fanzines édités par les plus anciens. La présence de Philippe Druillet est d'ailleurs voulue comme un indicateur de ces généalogies partagées, puisque plusieurs artistes sont aussi auteurs de comics, voire parfois collectionneurs. D'une autre façon, la présence de Paper Rodeo, fanzine historique, et d Mother News, édité par Jacob Khepler, deux publications collectives, permet de rendre accessibles au public la fureur et la délicatesse, l'inventivité et la poésie d'un Providence imprimé.
Si les premiers gestes de ces artistes ont eu lieu dans années 90, la puissance de leur nature, dynamique et en perpétuelle mutation, rend caduque l'idée d'une exposition tournée vers une origine mythifiée et refroidie par le temps. Celle-ci est évoquée, mais les oeuvres présentées sont récentes, et même, pour certaines, réalisées spécifiquement pour l'exposition au MIAM. Il s'est agi de donner la place à cette énergie intense, qui après avoir parcouru quelques tunnels et usines désaffectées du Rhode Island, continue de produire des déflagrations visuelles, dont l'après coup génère vibrations optiques et hallucinations.
Jonas Delaborde, commissaire invité.

MIAM Musée International des Arts Modestes, 23 quai Maréchal de Lattre de Tassigny 34200 Sète France Tél : 04 99 04 76 44
Du 1er avril au 30 septembre : tous les jours de 9h30 à 19h00. Du 1er octobre au 31 mars : du mardi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h

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