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Une petite robe de fête - Christian Bobin

Publié le 11 juin 2008 par Ephemerveille

Au premier abord, Une petite robe de fête frappe en ceci que c'est un livre qui ne ressemble à aucun autre. Néanmoins, tant d'écrivains ont tenté de capter l'instant, d'y trouver quelque accent poétique, à l'instar de Bobin. Combien d'auteurs ont tenté d'en tirer les notes bobin.jpglyriques ? Cette petite musique dont beaucoup sont à la recherche possède son maître certainement inégalable. Car celui-ci semble suivre une partition dictée spontanément par son esprit. Mais, malgré cette prose qui semble couler comme un flux de mots intarissable, on ne décèle aucune violence dans le propos de Christian Bobin. Le seul empressement que l'on ressent en le lisant, c'est cette urgence de percer à jour l'essence d'une simplicité qu'il revendique, désirant à tout prix s'écarter du "mental".

Malgré cette logorrhée lénifiante, lire Christian Bobin n'est pas de tout repos. En effet, l'écrivain n'a de cesse de bousculer nos opinions et nos convictions. De ses petites sentences qui n'ont d'amer que leur justesse, il parvient admirablement à déconcerter son lecteur et à lui suggérer une saine remise en question, à propos de l'amour, souvent, mais aussi de la lecture et de l'écriture. Il semble parfois, sans jamais imposer de diktats littéraires, nous proposer une forme de philosophie. "L'unique grandeur de celui qui se cache pour écrire lui vient de sa parfaite soumission à la vie brutale."

L'homme paraît être sage, aguerri par son expérience de la vie, protégé par son écriture, cependant, on sent tout de même chez lui un semblant d'inquiétude, une crainte. "L'état de crise est l'état naturel du monde." Mais également un souci de cristaliser sa prose, de lui offrir une éternité, de la graver. Et l'éternité des mots d'autres auteurs l'attire également, bien sûr, puisque, de sa palpable bienveillance, il encourage quiconque à lire, à lire infiniment, pour flirter avec l'immortalité des textes, les joyaux dont il loue la sublime délicatesse avec poésie.

La lecture d'un vieux manuscrit, l'évocation de la pauvreté des hommes d'affaires qui ont le souci permanent d'être utile au monde, l'écriture d'une jeune mère qui noircit ses carnets... Une petite robe de fête esquisse des morceaux de destin dans un magnifique clair-obscur de mots, une peinture qui, par sa douceur, nous semble pastel alors que la virtuosité de Christian Bobin inonde sa toile de couleurs chaudes et profondes.


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