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Romain Puértolas passe d’une armoire à la tour Eiffel

Par Pmalgachie @pmalgachie
Romain Puértolas passe d’une armoire tour Eiffel Avant même la réédition en poche, cette semaine, de son deuxième roman, La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel, l’auteur de L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea en a publié un troisième, Re-vive l’Empereur. Arrêtons-nous sur le format de poche, avec un entretien réalisé il y a un peu plus d’un an. Dans son premier roman, sous couvert de fantaisie, Romain Puértolas abordait les problèmes des sans-papiers et la question de l’immigration clandestine pour raisons économiques. La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel a les poumons envahis par une sale maladie, qui se soigne encore plus mal à Marrakech qu’en France. Mais Zahera garde une chance de guérir : Providence, qui est factrice, est en route pour venir la chercher et la confier aux meilleurs médecins. Sinon que, le jour de son départ, les avions ne décollent pas. La faute à un foutu volcan islandais. L’histoire est racontée par un coiffeur à un de ses clients, les niveaux de narration s’imbriquent comme dans un conte oriental et le lecteur plane par-dessus avec un bonheur constant. Comme Providence planera au-dessus des nuages… Mais impossible de raconter en quelques mots comment elle y parviendra. L’écrivain s’amuse à un itinéraire capricieux qui requiert une assistance technique très supérieure à celle de n’importe quelle assurance de voyage. On rit beaucoup. On tremble un peu. C’est ce que Romain Puértolas appelle sa marque de fabrique, et il s’en sert comme un fildefériste de son balancier. Quand nous avions parlé du Fakir, vous m’aviez dit que le roman suivant était prêt et que votre éditeur l’aimait beaucoup. C’était celui-ci ? Oui, il était écrit avant la sortie du Fakir et j’ai eu un an pour modifier quelques petites choses, en ajouter d’autres, pour fignoler. Vous l’avez donc écrit sans pression, puisque c’était avant le succès ? En effet. Je sens un peu plus la pression pour le livre que je suis en train d’écrire. Quand on a des lecteurs, on se demande si ça plaira ou non. Mais je fais ce que j’aime et les autres livres ne seront pas le Fakir. A l’exception de la suite du Fakir que je suis en train d’écrire. Quelle distance y a-t-il entre le premier et le deuxième roman ? Il y a des ressemblances et des différences. Je voulais une marque de fabrique. Elle tient à l’universalité, parce que j’aime parler de personnages de différentes cultures. C’est un peu le monde Benetton. Moi-même, je parle plusieurs langues et j’ai vécu dans plusieurs pays. Il y a aussi, en toile de fond, un sujet plus sérieux que la forme, celle-ci étant humoristique, décalée. Une troisième constante est l’optimisme. Je suis né heureux et j’ai toujours été heureux malgré les difficultés. Un « happyculteur », comme je dis. Une différence réside dans le fait que, dans ce livre, j’ai été poétique et dans l’émotion. Vers la fin du roman, on perd les points de repère qu’on croyait bien installés. Est-ce conscient ? J’avais d’abord écrit le livre sans ce coup de théâtre, et puis je me suis dit que ce serait bien. Dans ce que j’écris maintenant, j’y prends goût. Je trouve que ça redonne vie à l’histoire. C’est un peu comme, en mangeant un plat, un nouveau goût, une nouvelle saveur qui éclate sur le palais à la fin. Retourner l’omelette, comme on dit en Espagne. Peut-on dire que le premier roman avait été écrit sans se poser de questions sur le fonctionnement du récit, et qu’il y a une évolution sur ce plan dans le deuxième ? Oui, avant j’écrivais de manière linéaire, une chose en entraînant une autre comme dans le Fakir qui est une chaîne de rebondissements. A présent, j’avance dans le travail de la structure. Sans crainte de perdre la spontanéité ? Non. De toute façon, les idées me viennent sans que je les cherche. Et j’écris vite : j’ai mis deux semaines et demie pour celui-ci. Sous une forme poétique et drôle, vous abordez un sujet grave, la mucoviscidose. Comment est-ce arrivé ? Je ne sais pas du tout, je me le demande parfois. On pourrait d’ailleurs remplacer la mucoviscidose par n’importe quelle maladie, le cancer par exemple. Je voulais aborder ce thème : quand on est malade, tant qu’on est vivant, il y a toujours de l’espoir. Peut-être que j’ai vu un jour Grégory Lemarchal à la télé. La fin de sa vie m’a beaucoup touché. Le récit est mené à un rythme soutenu, à travers notamment les dialogues. Est-ce volontaire ? C’est peut-être mon oreille musicale. J’ai été compositeur pendant des années et les mots me viennent comme une musique et un rythme, ce qui me conduit quelquefois à changer leur ordre. Savez-vous combien d’exemplaires du Fakir ont été vendus ? Dans le monde, un demi-million, dont trois cent mille en France. Avez-vous l’explication de ce succès ?
Non, cela a été une énorme surprise. Je ne me retrouve pas dans la littérature française d’aujourd’hui et je ne croyais pas que le livre pouvait marcher en France.

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