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Bénévolat obligatoire

Publié le 07 février 2016 par Rolandlabregere

Il y a 20000 allocataires du RSA dans le département du Haut-Rhin. Pour eux et pour leur bien, le président du département invente le SBO ou Service du bénévolat obligatoire. Chaque allocataire devra donner sept heures de son temps par semaine pour des activités bénévoles. Pince sans rire humaniste, fier de sa trouvaille, le président du département estime que cette mesure « leur permettra doucement de retrouver le marché du travail, car personne n'a vocation aujourd'hui dans notre pays à rester de manière indéfinie dans ce dispositif de RSA ». Cette disposition a été votée à l’unanimité, moins l’abstention de la conseillère socialiste.

Voilà que cet édile commet une formule qui lui permet d’accéder à la notoriété médiatique. Il fait mouche et ignore qu’il stigmatise les allocataires du département. Forcer des citoyens en difficulté à effectuer des activités bénévoles inaugure la double peine de l’aide sociale. Tu es pauvre, je vais t’aider à mieux le savoir, suggère l’élu. Moyen comme éthique politique, même si l’idée est défendue aussi par certains ténors de Les Républicains.

Formule choc, c’est la capacité de l’oxymore dans sa dimension coup de poing à rester dans les mémoires. S’il fallait élire un procédé de langage chéri des politiques, l’oxymore remporterait la mise. Ici, l’oxymore est autodestructeur parce qu’il permet de lier le locuteur à la formule. La difficulté avec l’oxymore, c’est son étonnante plasticité. Une formulation percutante, qui au premier abord fait de l’effet, n’est pas automatiquement partagée par tous. Quand Nietzsche affirme Dieu est mort, l’oxymore est patent pour les croyants. Pour les athées, l’affaire est réglée depuis belle lurette ! L’oxymore est porteur de dimensions idéologiques et de représentations à double entente. Les ignorer, c’est courir devant quelques difficultés. Il faut compter avec les connotations. Qu’est-ce-que cela suggère ? Le bénévole obligé est-il un volontaire contraint ? Le politique qui oblige au bénévolat sanctionne une absence de délit. Gouverner serait punir ?

L’oxymore du président du département du Haut-Rhin est hilarant. Il ouvre au rire noir et attristé qui témoigne du dé-tricotage des mailles du tissu républicain. Les bénévoles obligés du Haut-Rhin rejoindront les volontaires désignés des corvées de tout ordre. Ces bénévoles devront être spécifiquement nommés par une appellation qui montre la singularité de leur situation. On suggère qu’ils soient appelés Les Malgré-eux.


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