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Les sénateurs tripotent encore Internet. Le LOL devient amer.

Publié le 08 février 2016 par H16

Bon, c’est bien simple : comme vous n’êtes qu’une bande de gros gamins un peu bêtes et surtout dangereux pour vous-mêmes, le mieux est que l’État s’occupe d’absolument tout. En France, ça tombe bien, il a pris pas mal d’avance. Mais avec Internet, il restait encore trop d’occasion au citoyen de faire son petit kéké. Rassurez-vous, avec ce que nos élites nous préparent, ça ne va pas durer.

En plus, ça tombe bien : avec l’actuel état d’urgence, et la psychose molle qui s’est emparée d’un pays décidément à la dérive, les citoyens ont suffisamment peur pour qu’on puisse faire passer à peu près tout et n’importe quoi. À commencer par des lois tout à fait croquignolettes comme par exemple le « délit de consultation habituelle de sites faisant l’apologie du terrorisme », qui envoie du LOL dès son titre.

Pour parvenir à une telle performance, il faut bien sûr faire appel à des maîtres, de véritables ceintures noires du LOL sur les internets. Qui, mieux que nos sénateurs, peut remplir ce rôle ? Qui, mieux qu’eux, peut se permettre de pondre une loi invraisemblable sur un domaine qui dépasse de très loin toutes leurs compétences ?

cluelessness demotivator

On parle ici de champions du monde des lois intertubes, d’athlètes surentraînés du décret numérique qui bouscule du lolcat, de médaillés du sprint législatif anti-GAFA avec bombes à sous-munitions. On se souvient en effet qu’ils nous avaient déjà régalés avec la sécurisation obligatoire des lignes internet pour mieux choper du pirate, qu’ils avaient tenté l’olympiade du LOL gras avec un (énième) rapport sur les jeux vidéo avec la clairvoyance qui les caractérise, ou qu’ils s’étaient lancé dans un pentathlon de la grosse déconne en notant finement que « Google favorisait ses propres services » et qu’il fallait donc entraver tout ça bien vite.

C’est donc sans surprise que ces mêmes sénateurs, entre deux repas clairement trop arrosés, ont décidé d’adopter mardi (2 février 2016) l’article 10 à la proposition de loi antiterrorisme en préparation, dont le but est de sanctionner pénalement le fait de consulter régulièrement des sites officiellement sulfureux, c’est-à-dire faisant l’apologie du terrorisme. Et ce, bien sûr, qu’on adhère ou non aux thèses proposées. L’indignation de certains sénateurs, qui y voient-là l’avènement d’une police politique de ce qu’on a le droit de regarder ou pas, n’y changera rien : reluquer un site djihadiste d’un peu trop près sera pénalement poursuivi.

D’ailleurs, on se demande ce qui empêchera vraiment de classer l’un ou l’autre site, enquiquinant pour le pouvoir, dans les sites terroristes. On se demande ce qui arrêtera le Camp du Bien quand, investi de la mission essentielle de sauvegarder un peu notre sécurité et beaucoup celle de ses miches, il jugera nécessaire d’embastiller ceux qui regardent trop de sites contestataires, violents, religieux, pornographiques, ou pire que tout, libéraux.

Rien qu’en lisant tout ceci, le lecteur moyen sait qu’en terme de rigolades, dès que les sénateurs sont impliqués, il y a du gros niveau. Mais n’oubliez pas : ce sont des professionnels (ne tentez pas la même chose chez vous, vous pourriez vous faire très mal). Dès lors, comment passer sous silence que l’article 10 prévoit aussi 5 années de prisons si, par facétie ou inconscience, il vous prenait la fantaisie de créer des sites miroirs de sites internet bloqués ?

Pour le frétillant Urvoas, fraîchement nommé ministre de ce qui fut, un jour, la Justice en France,

« Il est évident que le blocage judiciaire est la solution qu’il faut espérer voir se développer. On sait que ça a un effet d’éteindre le site »

Ah oui, Jean-Jacques (je me permets de t’appeler Jean-Jacques, sachons rester simple avec nos commis), tu as tout compris : quand on bloque un site, ça a un effet de l’éteindre. Pouic. Radical. Bien sûr, si le site est hébergé à l’étranger, ça ne marche pas, parce que ce ne sera pas bloqué. Si le nom du domaine n’est pas en France, c’est tout autant peine perdue. Et si, bien sûr, il existe des copies de secours un peu partout sur la planète, non seulement, Jean-Jacques, tu vas t’exciter pour rien, mais on ne pourra pas complètement écarter que certains se payent ta tête aussi. Va savoir.

Et puis, Jean-Jacques, si la lutte contre le terrorisme consistait à fermer des sites djihadiste, ce serait un peu les vacances pour toi, non, tu ne crois pas ? En revanche, essayer de voir qui se connecte à ces sites, comprendre la dynamique des groupes, bref, faire du vrai renseignement, tout ça, ça demande un peu plus de moyens et de finesse dont tout indique que le stock est épuisé depuis longtemps du côté des politiciens. Dommage.

Sacré Jean-Jacques. En tout cas, toi et tes copains sénateurs, vous pouvez sans problème vous qualifier pour les prochains mondiaux du LOL internet.

Enfin, on évoquera — rapidement, je vous prie : la rigolade, ça va un moment, mais les abdos commencent à devenir douloureux, à force — l’autorisation donnée par nos sénateurs aux juges d’instruction de faire installer des mouchards sur les systèmes informatiques de suspects, par « toute personne physique ou morale qualifiée » capable de réaliser les opérations nécessaires. Autrement dit, la loi passée par les sénateurs autorise donc les juges à (faire) pirater des systèmes informatiques et à y installer des chevaux de Troie.

On voit immédiatement l’intérêt de la manœuvre dans l’âpre lutte qui se noue entre la France, sa population, son élite gouvernementale d’un côté, et les terribles djihadistes qui, c’est connu, se connectent dès potron-minet sur de puissants ordinateurs afin d’échanger, dans un sabir habilement chiffré (mais pas assez pour nos efficaces cryptographes, hein, bien sûr), le plan de leurs prochaines attaques, les dernières recettes avec marqué Explosifs en gros en rouge dessus, les bonnes adresses à visiter et les photos de vacances. D’ailleurs, le massacre du 13 novembre dernier avait été entièrement planifié de la sorte et traqué avec efficacité par nos services de renseignements surentraînés. Nul doute que ces chevaux de Troie ne serviront pas du tout à espionner les opposants politiques, les journalistes fâcheux ou les avocats trop zélés.

Et puis, l’hypothèse que ces dispositifs soient malencontreusement détournés par d’occultes puissances ou de traîtres félons a même été prévue : tout ceci sera contrôlé au millimètre par l’ANSSI, et donc tout ça va pulser en rythme, bien comme il faut, dans le tempo d’une musique judiciaire palpitante. Z’allez voir. Ayez confiance. Vraiment, aucun doute à avoir : la lutte contre le terrorisme vient de brancher le turbo, ça va poutrer sévère.

Décidément, ♥ cette France socialiste est de plus en plus Charlie ♥ et chaque petit pas législatif qui fut fait dernièrement ne l’a été que dans une seule direction, et pas la bonne.

valls dictateur

Les sénateurs tripotent encore Internet. Le LOL devient amer.

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