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Le Roi est mort!

Publié le 12 février 2016 par Ratdemusee

Après un long week-end riche en découvertes, je trouve enfin le temps de me poser un peu et de vous parler de notre visite à Versailles! Le domaine royal est un endroit que je connais plutôt bien, du fait de sa proximité géographique avec la maison de mes parents ; ils nous y ont fréquemment emmenés, mon frère et moi, dans notre enfance, et j’ai eu l’occasion d’y retourner ensuite pour admirer les exposition d’art contemporain (Joana Vasconcelos notamment). C’était en revanche une première pour le Rat-Prof, et dans un contexte spécial : grâce à sa participation au MOOC (cours en ligne) organisé par le Château et Orange à l’occasion de l’exposition temporaire « Le Roi est mort », il a remporté deux pass pour l’intégralité du domaine, et bien sûr pour l’exposition. Hommage au tricentenaire de la mort de Louis XIV, « Le Roi est mort » a été dûment relayée sur tous les réseaux sociaux ; à noter aussi la réalisation d’un site qui apporte beaucoup d’informations supplémentaires (à découvrir ici).

affiche_2©Château de Versailles

Malheureusement, parc, jardins et Trianon étaient fermés à cause des violentes rafales de vent, qui soufflait en tempête ce jour-là : une petite déception dès l’arrivée, mais que nous avons vite surmontée en arpentant les corridors du château, en direction de l’exposition…

L’œil du Rat :

Le sujet (les codes et les rituels funéraires, le deuil à la cour…) ne me semblait pas très facile à traiter, et j’avoue que j’étais assez curieuse de découvrir le résultat. On pénètre dans l’espace d’exposition par un escalier tendu de noir, sur fond de musique funèbre, pour déboucher sur la première salle, occupée par un baldaquin également noir, sous lequel le corps était exposé pour y être veillé : une vision impressionnante, qui force le respect et l’humilité, et prépare le visiteur à son cheminement dans l’exposition.

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Petit rappel du contexte : nous sommes en août 1715, Louis XIV a 76 ans ; une grande faiblesse, puis des rougeurs aux jambes, font hésiter les médecins sur la conduite à tenir…jusqu’à ce que l’on identifie une gangrène, qui progresse rapidement, et noircit tout le côté gauche du corps. Après 73 ans de règne, le Roi Soleil s’apprête à s’éteindre…

Les pièces suivantes (dix salles en tout), vont détailler les étapes, du diagnostic au décès, en passant par les improbables tentatives des médecins, et même des charlatans, pour sauver le Roi.

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Une fois celui-ci prononcé mort, l’autopsie et la partition du corps débutent : entrailles, cœur et corps sont embaumés et transportés séparément, respectivement à Notre-Dame de Paris, au couvent des Jésuites et à la basilique de Saint-Denis. Le corps du Roi est accompagné aux flambeaux par un long cortège : son transport s’effectue de nuit, pour des raisons symboliques (le corps arrivant à la basilique au petit jour, symbole de résurrection) mais également (et c’est beaucoup moins poétique), pour éviter les transports de joie du peuple sur le passage du souverain décédé. Une effigie mortuaire est ensuite réalisée, pour la présentation du corps à la cour; quant aux funérailles définitives, elles ont lieu presque deux mois après la mort de Louis XIV, le 23 octobre 1715.

L’exposition se concentre ensuite sur le deuil, un moment très codifié avec des catafalques dressés partout en Europe (et jusqu’à Mexico!), les prières rituelles, et les tenues présentées en fonction du rang et de la proximité d’avec le défunt : du petit au grand deuil, en passant par le demi-deuil. Certains détails de l’habit sont spécifiquement conçus : ainsi les « pleureuses », les longues manches sur les habits des gentilshommes. Les couleurs ne sont pas forcément figées à l’époque : si les successeurs des monarques ont le privilège exclusif de porter le deuil en violet, les veuves des souverains ont longtemps hésité entre le noir et le… blanc!

défilédeuil

Le mobilier liturgique présenté ne provient pas uniquement de France, et nous avons ainsi pu admirer de très belles pièces d’orfèvrerie. L’exposition se conclut sur un bref panorama historique, qui permet de comprendre pourquoi certains rites ont continué d’être observés, notamment pour les obsèques de quelques présidents de la IIIème République (Sadi-Carnot ou Doumer, par exemple), ou de grands hommes comme Victor Hugo.

Le + du Rat : 

Une scénographie plutôt sympathique, avec quelques morceaux de bravoure, comme la reproduction de l’exposition du corps, l’immense vitrine présentant les attributs de pouvoir du défunt roi, et le « défilé des endeuillés », silhouettes de carton présentées sur une sorte d’estrade, avec des effets de profondeur, et dont le rendu était très didactique et intéressant. J’ai également apprécié l’ambiance sonore copiant celle du défilé funèbre (on se surprend à marcher au rythme du tambour!), qui conférait juste ce qu’il faut de solennité pour se sentir transporté aux funérailles du Roi Soleil. J’ai découvert beaucoup de rites que je ne connaissais pas, et même si j’ai trouvé certaines explications un peu trop diluées, le propos est vraiment bien illustré. Une bonne idée également, la diffusion d’extraits cinématographiques (« Si Versailles m’était conté », de et avec Sacha Guitry, notamment). Seul point d’interrogation : les cartels et les panneaux ne sont pas du tout traduits en anglais, en dépit de la fréquentation internationale de Versailles (d’après nos observations, 60 à 70 % des visiteurs de l’exposition ne parlaient pas français).



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