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Hallux valgus bilatéral : mon expérience du désossage d'orteils.

Publié le 16 février 2016 par Livmarlene
Hallux valgus bilatéral : mon expérience du désossage d'orteils.


Vous envisagez de vous faire opérer un gros orteil déformé (ou les deux), ou bien vous êtes décidé(e) à franchir le pas et vous cherchez des témoignages ou des conseils pour que tout se passe au mieux.Comment je le sais ? Je suis très perspicace... Et on ne lit pas un article comme celui-ci par hasard !Pour que nous démarrions du bon pied, il me faut vous préciser une chose essentielle :mon expérience ne vaut que pour moi. Elle peut vous donner une idée de ce qui vous attend, mais chaque cas est différent. Seul un spécialiste, à savoir un chirurgien orthopédique pourra vous dire si, dans votre cas, une opération est indiquée et ce que vous pouvez en attendre.Ceci étant éclairci, je vous propose, comme promis, un récit sincère, parfois amusant (enfin je crois) de mon expérience de "l'hallux valgus bilatéral". Vous le verrez, je n'ai rien de la patiente exemplaire, cependant j'ai une petite excuse : je suis moi-même personnel soignant, ce qui fait de moi quelqu'un de désobéissant. Par conséquent, vous ne devez sous aucun prétexte entreprendre sur vous certains actes que j'explique avoir exécuté moi-même (notamment le retrait des sutures). C'est parti !Depuis toujours...D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu des pieds égyptiens avec les gros orteils qui se dédaignaient mutuellement. Mise en garde sur le caractère évolutif de cette déformation, j'ai renoncé dès mes 20 ans aux chaussures à talons (sauf une fois par an pour le gala de la fac, quand même), pensant que cela m'éviterait la case chirurgie. C'était sans compter sur le sport et la marche à fortes doses. Arrivée à la trentaine, voilà que même les chaussures larges deviennent inconfortables. Des douleurs commencent à se manifester à la marche, mais aussi au repos dans les articulations de mes gros orteils. La réflexion est alors assez simple à mener : en supposant qu'aucun semi-remorque ne vienne me faucher en pleine fleur de l'âge, il me reste encore un paquet d'années à marcher sur ces pieds-là. Et je n'ai aucune, mais alors aucune envie de marcher sur des œufs, puis sur des charbons ardents pour le reste de mes jours. Le moment est venu de consulter un spécialiste, pour savoir s'il peut m'aider à me sentir de nouveau bien dans mes baskets.Mon choix de chirurgien est guidé par une copine pourvue de pieds merdiques fort bien réparés. Je le rencontre une première fois, il trouve mon cas simple et me promet un bon résultat :"Pour éviter une récidive, il faudra également que je raccourcisse vos gros orteils, sinon, une fois redresser, ils seront beaucoup trop longs."Je n'avais pas envisagé ce "petit détail", mais son raisonnement tient la route.Il est gentil, il explique bien, répond aux questions et il a très bonne réputation... C'est lui qu'il me faut !! Nous l'appellerons Dr l'Orfèvre, puisque c'est en ces termes que son équipe parle de lui, comme je l'apprendrai lors de mon hospitalisation.Je le consulte une deuxième fois pour préciser le déroulement des festivités et nous prenons date pour changer la vie de mes pieds, le 6 janvier 2016.Semaine 1 :Le jour J, j'ai très envie de prendre mes jambes à mon cou, mais ce serait reculer pour mieux sauter. Je rassemble mon courage et monte sur le brancard qui doit me mener jusqu'au bloc opératoire. J'ai accepté une sédation plutôt qu'une anesthésie générale. Il s'agit de me mettre dans les choux tout en préservant ma capacité à respirer par moi-même. Résultat : pas le moindre souvenir de l'intervention, ni la moindre nausée :o)Une fois réveillée et ramenée dans ma chambre, je découvre, comme convenu, les cathéters toujours en place à l'arrière de mes genoux, ceux-là même qui ont assuré une anesthésie efficace de la zone opérée. Ils sont raccordés à des petits flacons sphériques munis de boutons poussoirs. Grâce à eux, je dois pouvoir gérer ma douleur en appuyant dès que le besoin se fait sentir pour délivrer une dose de soulagement. Très efficace à gauche, le procédé s'avère tout à fait inopérant à droite. Entre le bloc et la chambre, quelque chose a dû bouger... La première nuit que je passe à l'hôpital est donc longue, très longue. Deux fractures par orteil, dont celles de droite bien réveillées, comment dire, c'est à hurler. D'ailleurs je hurle, sans bruit, pour ne pas trop déranger ma voisine de chambre, elle aussi de retour d'une opération pas vraiment indolore. Je pleure, je laisse échapper des sanglots et j'appuie sans cesse sur le fameux bouton. Je sens du froid parcourir le tube qui court le long de ma cuisse, mais aucun apaisement de la douleur. Il y a des moments comme ça, où l'on se demande pourquoi on s'est mis dans de beaux draps d'hôpital. Parce qu'il faut dire qu'à l'hôpital, le personnel est très occupé. Aussi, lorsqu'on sonne pour appeler à l'aide, il faut s'armer de patience, au moins une demi-heure pour être précise. Et quand on voit une silhouette se découper dans l'encadrement éblouissant de la porte de la chambre, la joie est de courte durée :"On est en train de faire le tour, on viendra plus tard, là, on a pleins de retours de bloc."Une mauvaise blague ? Non, la réalité. On vient me voir, on me demande à combien j'évalue ma douleur sur une échelle de un à dix. (A 18, connasse ! Je veux mourir.)"- Je sais pas, j'ai TRÈS mal !- Mais combien vous diriez ?- NEUUUFFFF !"Neuf.Et est-ce qu'on fait quelque chose pour au moins renverser ce chiffre ? Oui... Trois quart d'heure plus tard, sous la forme d'un petit comprimé rose pétard tendu par l'infirmier de nuit. J'ai envie de lui coller une baigne pour m'avoir laissée en plan tout ce temps, mais j'ai un furieux besoin de ce qu'il tient entre ses doigts. De la morphine. Quelques minutes plus tard, enfin, mes fractures se taisent et je sombre dans un profond sommeil.Le lendemain matin, réveil aux aurores. Je découvre les plaisirs du pipi au bassin, de la toilette à la bassine, d'une piqûre d'anticoagulant et du petit déjeuner fade le plus réconfortant du monde, après une nuit à la découverte de mes limites. En fin de matinée, alors que je m'attends à une visite de l'Orfèvre, je vois débarquer dans ma chambre un dadet mal dégrossi qui s'amuse à me tripoter les orteils avec désinvolture:"- Quand je fais ça, ça va ? - (Non ça va pas, gros débile !) Attention, s'il vous plait, c'est très sensible !- Bon alors Madame, l'hallux valgus, c'est normalement une opération qui se fait en ambulatoire, donc vous allez sortir aujourd'hui."Je la sens pas trop, la sortie. L'infirmier qui accompagne l'interne débutant non plus, à en juger par son visage circonspect."- Adrien, enlevez-lui les cathéters, elle ne peut pas sortir tant que ses jambes sont anesthésiées.Vous êtes sûr Docteur ? C'est quand même les deux pieds...(l'Orfèvre m'avait parlé de garder les cathéters 48h, mais bon, je ne suis qu'une patiente stupide et déjà épuisée par ses douleurs).- Ouiii, on fait toujours comme ça."Sauf que quelques minutes plus tard, alors que mes remparts contre la douleur ont été retirés, le dadet revient, tout penaud cette fois :"Le Dr l'Orfèvre préfère que vous restiez un jour de plus... On aurait pu vous faire sortir, mais bon, il est très prudent..."Attend, Ducon, tu veux dire que cette nuit, je vais endurer le même supplice que la nuit dernière, mais des deux côtés ? Alors qu'en restant à l'hosto, j'aurais au moins pu garder la jambe gauche indolore ?Absolument. La nuit venue, les marteaux se mettent en route. Boum. Boum. Boum. La morphine ne suffira pas. A deux heures du matin, à force de supplier, je finis par obtenir un somnifère salvateur.Au matin, je vois avec dépit mon ami à moustache ramener ses savates :"Bon, je vous ai préparé toutes les ordonnances, vous les aurez à votre sortie. Je passerai plus tard pour votre lever."Je l'attends encore le dadet. Heureusement qu'une infirmière fait un tour des chambres au moment des repas. C'est elle qui s'attelle à la tâche, visiblement désolée qu'on m'ait oubliée.Avec son aide, j'enfile des chaussures en fers à repasser prêtées par ma copine, je me hisse péniblement dessus, en m’agrippant à un déambulateur et... je me mets à pleurer, Mon Dieu, quelle mauviette, j'ai honte !Ensuite, comme j'habite tout près, mon copain et moi pensons un peu superflu de recourir à une ambulance. Une lourde erreur que je ne saisis qu'en me retrouvant nez à nez avec mes trois étages, sans ascenseur. C'est la première d'une longue série. Une erreur douloureuse. Essayez donc de marcher sur quatre fractures et quatre incisions fraichement recousues, que ce soit avec des chaussures de Barouk, Donjoy ou qui vous voudrez ! C'est effrayant, on a l'impression qu'on va tout faire péter et que nos pieds vont se répandre comme des piñatas, en morceaux de chair, de vis et de petits os. Heureusement tout a une fin. Telle un cétacé agonisant, je parviens à m'échouer sur mon canapé. Je me saisis alors d'une liste donnée par mon pharmacien avant mon hospitalisation, afin de rechercher une infirmière pour les soins à domicile. Une demi-douzaine d'appels infructueux. La première personne m'explique que je ne suis pas sur sa tournée. La deuxième, que l'heure de mes injections (démarrées à l'hôpital) ne lui convient pas. Deux autres encore, qu'elles ont déjà trop de travail. Quant à la dernière, elle se contentera de me conseiller de me procurer la liste des infirmières du coin auprès de la pharmacie la plus proche... Celle que j'ai justement en main. Je suis fatiguée, encore traumatisée de ma pénible escalade, alors je laisse tomber. Les piqûres, c'est pas bien compliqué, il suffit de pincer le gras de la cuisse, de piquer franco, à la perpendiculaire et d'injecter progressivement. Quant aux pansements, je ne sais quoi faire car ce dadet d'interne a omis de me prescrire le nécessaire. A se demander combien les parents de ce garçon ont dû aligner pour qu'il puisse se pavaner aujourd'hui un stéthoscope sur la nuque. Je me permets un bref email au chirurgien, un samedi après-midi... Et il me répond dans la foulée, avec les ordonnances appropriées numérisées. Il rentre jamais chez lui, ou quoi ? Je suis bluffée.Le surlendemain, ma tatie préférée, généraliste en retraite, vient me faire les premiers pansements, pour me montrer comment faire les jours suivants. Au déballage de mes rôtis, elle s'écrie : "Oh que c'est beau !" Si elle le dit. Objectivement, c'est vrai que ça a l'air bien fait, sauf que j'arrive pas à trop regarder sans avoir la tête qui tourne (du moins au début).Après cette brève formation en enveloppement de paupiettes, je passe les trois semaines qui suivent alitée, à recevoir pour seule visite professionnelle la technicienne du laboratoire d'analyse, venue me prélever du sang pour vérifier que les piqûres n'ont pas d'effet indésirable. Je reçois l'aide précieuse de mon copain, qui bien que peu habitué à la casquette de garde-malade, se montre dévoué et pas mauvais du tout en préparation de repas et découpage de sparadrap. (pour les détails "pratiques" sous-entendus par ma condition provisoire de carpette, je vous invite à lire le billet suivant).Hallux valgus bilatéral : mon expérience du désossage d'orteils.La première semaine post-op, pour être honnête, les douleurs sont horriblement assez fortes, surtout le soir et la nuit. J'ai plusieurs fois recours à des somnifères le soir, lorsque j'ai épuisé les doses de médicaments autorisées (somnifères prescrits par ma tante providentielle, puisque mon dadet abruti me les a refusés, au prétexte de leur caractère addictif). Douleurs mises à part, les pieds sont extrêmement sensibles, le moindre effleurement équivaut à une agression.Semaine 2 :Assez brutalement, les douleurs baissent d'un gros cran. Seules les nuits restent désagréables de ce point de vue. Je n'arrive toujours pas à marcher, tant mes pieds deviennent des cocottes-minute dès que je descends les jambes. Je ressens des démangeaisons de plus en plus intenses, d'abord localisées aux pieds, puis aux genoux, aux cuisses, aux coudes. En deux jours, elles grimperont même jusqu'à mon cou. Mes proches me disent que c'est dans la tête, que je dois me détendre. Soit, c'est sûrement moi qui somatise, alors je me gratte dans mon coin, sans plus chercher à comprendre.

Semaine 3 :La troisième semaine, alors que la gratouille ne cesse de s'accentuer, je découvre que mes cicatrices, jusque-là très jolies (comme peuvent l'être des paupiettes de veau ficelées avec talent), se couvrent progressivement d'espèces d'ampoules de plus en plus grosses. Je veux bien tout encaisser, la douleur, l'immobilité, la dépendance, mais que mes pieds dégénèrent en lampadaires suintants, ça, ça me rend marteau.Arrive le 21ème jour. Ma tante doit passer dans la matinée pour retirer mes sutures, mais ce matin-là, je me réveille très tôt avec une idée-fixe : retirer moi-même ces fils tout de suite. J'ai peur que ce soit douloureux et quitte à faire la chochotte, je préfère n'avoir aucun spectateur, fût-il de ma famille. J'ai tout ce qu'il faut dans mon tiroir (ma tante m'a donné pas mal de petit matériel quand elle a pris sa retraite, quelle bonne idée !), alors je me lance. Je badigeonne copieusement mes pieds d'antiseptique, j'attrape le bout de la première suture avec une petite pince, tout juste sortie d'un sachet stérile et tac, d'un petit coup de bistouri, j'ouvre la première boucle juste sous le petit nœud. Le fil sort sans se faire prier. Alleluia ! Moi qui craignais que ça soit collé ! Durant plus d'une heure, je me contorsionne pour arriver à retirer 22 fils, trifouillant dans un champ d'ampoules qui ne demandent qu'à éclater. A jeun, c'est pas terrible. Un seul point me résistera.Hallux valgus bilatéral : mon expérience du désossage d'orteils.
Le nœud s'est trop enfoui, à tel point que même en découpant en profondeur avec la lame, je n'arrive pas à le voir. Je finis par jeter la compresse. Mes balafres sont déjà assez dégueulasses sans que je commence à les escaloper. Quelques heures plus tard, ma tante arrive et apprend que le travail est fait :"J'étais sûre que tu ferais ça ! T'as jamais besoin de personne, toi, hein !"En découvrant les cicatrices, elle me rassure :"Tu es une grosse marcheuse, la peau de tes pieds est plus épaisse que celle de gens sédentaires. Ça donne l'impression de se rouvrir, mais ne t'en fais pas, tu as des points en profondeur."Ses mots me tranquillisent. A moitié. Mes ampoules dégoulinantes pourraient bien s'infecter, ne serait-ce qu'en surface.

Semaine 4 :Alors les jours suivants, je redouble de zèle, je tamponne consciencieusement mes cicatrices d'antiseptique, je les tartine de crème matin et soir, dans l'espoir de pouvoir présenter des croûtes acceptables à l'Orfèvre. Résultat désastreux. Au lieu de cicatriser, je me décompose.Mes pieds suintent et ça colle aux pansements. Qu'à cela ne tienne, j'ai plus d'un instrument dans mes tiroirs. J'applique sur les zones gluantes des pansements silicones achetés quelques mois auparavant pour soigner un abcès à la patte de ma petite cochon d'Inde (des pansements pour humains, hein, je suis pas complètement frappée non plus). Ils absorbent patiemment toutes les sérosités. Dans le même temps, j'ai (bien tard) la lumineuse idée de compulser les notices des lotions et crème cicatrisante que j'applique sur mes plaies. Toutes signalent des risques d'allergie de contact, avec manifestations à type d'eczéma. Tiens donc, c'était peut-être pas dans ma tête, finalement. J'arrête tous les produits, advienne que pourra. Je prends des photos de mes cicatrices, bien décidée à les envoyer au chirurgien, seul susceptible de me rassurer pleinement. Dissuadée par mes proches, qui pensent que je vais lui casser les pieds pour pas grand chose, je renonce.

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Semaine 5 :le jour du rendez-vous de contrôle, après un passage au photomaton radiologique de l'hôpital, je peux présenter des clichés face et profil de mes petons nouvelle version. Assez content de ce qu'il voit sur les radios, l'Orfèvre reste dubitatif une fois devant mes pieds. Les pansements aussi lui inspirent quelques doutes. C'est que prévoyant une consultation flash-éclair, j'ai choisi un enveloppement minimal : une bandelette de pansement absorbe-cochonneries maintenue par une simple bande tubulaire, le tout, glissé dans une chaussette molle. J'explique les raisons de mon état cutané. Tout désolé, le docteur confirme mes soupçons :"Ampoules et démangeaisons généralisées, vous avez fait une réaction allergique. C'est vraiment pas de chance."Selon lui, à partir du moment où je n'applique plus le ou les produits en cause, la cicatrisation devrait reprendre son cours progressivement."Mais vous nettoyez avec quoi, du coup ? C'est quoi, ça jaune ?"Ça, c'est à moi, ce sont les gouttes de dégueu que je laisse sécher à l'air libre. (Je me tamponne simplement avec un peu d'alcool modifié, ça pique mais je n'y ai jamais fait la moindre réaction délétère.) Je le sens tout déçu. En apprenant que je me suis plus ou moins débrouillée toute seule, il n'a pas l'air très content non plus. Tant pis, je serai une mauvaise patiente de plus à ses yeux. Autre déception pour le médecin, mon manque d'assurance sur les fers à repasser. C'est que grâce à une ordonnance foireuse du dadet (encore lui), le pharmacien m'a d'abord délivré :en première semaine : des chaussures inadaptées (Barouk courtes)...en deuxième semaine : des chaussures adaptées (Donjoy)... beaucoup trop grandes,puis enfin, les mêmes à ma taille. Au bout de trois semaines, mieux vaut tard que jamais.J'ai préparé une feuille pleine de questions pour le docteur. Avec un petit sourire amusé, il accepte d'y répondre, mais à ce que j'ai cru entendre, 25 consultations sont prévues pour l'après-midi, aussi je me limite à l'essentiel, d'autant que je lui trouve la tête bien fatiguée, à ce monsieur. Il me prolonge mon arrêt maladie à dix semaines en tout. Pendant qu'il remplit le formulaire, je remballe mes pieds, remets mes fers à repasser et me dépêche de sortir de la salle de consultation, pour ne pas le mettre plus en retard qu'il ne l'est. Obnubilée par l'étroitesse de l'encadrement de porte que je dois traverser, je dédaigne la main tendue par le docteur, avant de me rattraper maladroitement. Et voilà, en plus, je passe pour une malpolie ! Et lui, gentil comme toujours, m'aide à faire ma manoeuvre.Semaine 6 :Une semaine après la consultation, la gratouille a totalement disparu. Les ampoules ont fini de se dégonfler et les suintements se limitent à une petite perle ambrée de temps à autre. Les douleurs aux orteils sont sporadiques, de type attaques vaudou. Quant à mes progrès, ils sont de plus en plus rapides : j'ai de vraies courbatures sur l'arrière des mollets, sans doute parce que les semelles de mes chaussures sont moins hautes à l'arrière qu'à l'avant. C'est que je marche de mieux en mieux. D'abord voutée et agrippée à tout ce qui se présentait (un mur, un frigo, une chaise), je me suis redressée petit à petit. Mon pas de mec en chaussures de ski est de plus en plus assuré. J'appuie un peu plus sur mes coussinets (la partie avant de la plante des pieds) dans mes belles claquettes casse-gueule. Quand je suis assise, mes jambes soutenues à l'horizontale, j'essaie de bouger tous mes orteils. Les gros orteils sont encore bien raides, comme s'il étaient entourés de plusieurs tours d'un chatterton invisible. J'espère que ça va vite s'améliorer. Encore une semaine et je pourrai enfin me lever sur mes pieds, sans artifice. Et j'aurai peur de marcher ! Petit à petit, mes croûtes s'en vont (bon, je les aide un peu, je sais c'est pas bien, mais je fais attention de ne pas retirer les parties encore collées). J'en suis là au moment de poster cet article et je pense que le pire est définitivement derrière moi.
Hallux valgus bilatéral : mon expérience du désossage d'orteils.
Bilan :Se faire opérer les deux pieds d'un coup ? C'était le bon choix pour moi, celui qui demande finalement le moins de courage...L'hôpital ? ce n'est pas parfait, mais si j'ai surtout pesté contre un certain interne, j'ai aussi eu affaire à des anesthésistes, des infirmiers, des brancardiers et surtout un chirurgien de grande valeur. Parce qu'on ne le dira jamais assez, l'important (non c'est pas la rose) c'est la qualité de l'alliance thérapeutique avec la personne qui vous désosse.La douleur ? Je pensais y être plus résistante. Ceci dit, à six semaines post-op, j'ai déjà quelques difficultés à me les rappeler précisément. Le corps et le mental sont bien faits ! Le plus dur est parfois pour les proches : mon copain, par exemple, m'a beaucoup aidé, mais il a été de mauvais poil aussi longtemps que j'ai été souffrante. Ça lui faisait trop de peine et c'était sa réaction... On ne peut jamais prévoir ces choses-là.Dépendre de ses proches ? Ce n'est pas facile, un avant-goût de l'hospice ! Au fil des trois premières semaines, j'avoue avoir glissé d'un état d'exténuation vers une déprime assez inquiétante. Vite balayée par mon retour progressif à l'autonomie, au cours de la quatrième semaine.

Le résultat ? Il faudra deux petites années pour que mes cicatrices aient leur aspect définitif, mais déjà, la forme des pieds n'est plus du tout la même. Et détail important pour moi, je les reconnais !Si après la lecture de cet article, vous êtes décidé à vous faire opérer, alors je ne saurai que trop vous conseiller de lire, si ce n'est déjà fait, mon article suivant. Vous y trouverez des conseils pratiques pour préparer et vivre le mieux possible les suites de votre intervention. Par ici :o)RemerciementsSe faire redresser les deux pieds d'un seul coup, ce n'est pas une mince affaire. Même avec la meilleure volonté du monde, il est impossible de tout faire seul. On a grand besoin d'aide. Mon récit peut paraitre très égocentré, mais c'était pour tenter de répondre au mieux aux questions que peut se poser un futur opéré. J'ai reçu un soutien patient tout au long de ma convalescence.Mon individu (mon ami) a fait tout ce que je ne pouvais pas faire par moi-même, autant dire quasiment tout.Ma tante, médecin généraliste en retraite, a fait une ordonnance bien utile, assuré un contrôle régulier et apporté des réponses à mes questions.Ma colocataire s'est montrée une négociatrice déterminée auprès de mon pharmacien et une épaule réconfortante certains jours où le moral était bof bofMon amie Cindy et son bébé sont venus me rendre de longues visites pour me changer les idées.Anne-Lyse, mon amie ostéopathe m'a conseillé des massages pour arriver à de belles cicatrices et des pieds bien souples.Aurélie, ma copine aux pieds merdiques bien réparés m'a prêté sa paire de chaussures de Barouk, très utile jusqu'à ce que le pharmacien arrive à me fournir une paire adéquate et à ma taille.Bref, tout bien considéré, à part mettre mes pieds sur le billard, je n'aurai pas fait grand chose, mettant largement les autres à contribution.Un petit mot également pour des gens moins proches, mais qui m'ont beaucoup réconfortée et dont je me rappellerai longtemps :un certain Adrien, un infirmier à l'écoute et d'une grande douceur,une de ses collègues infirmière dont le nom m'a échappé mais sans qui je n'aurais eu aucune aide pour mon premier lever.Et bien évidemment le Dr l'Orfèvre qui n'a définitivement pas usurpé sa renommée de compétence et de gentillesse et dont je garderai tout ma vie deux souvenirs droits comme des i.A tous un grand MERCI !

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