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Brainticket - Cottonwoodhill (1971)

Publié le 28 février 2016 par Oreilles
Brainticket - Cottonwoodhill (1971)De même que les Electric Prunes seraient nos empereurs du garage psyché Nuggets, les Byrds, les rois du folk rock, les Beach Boys, dieux pop sans rivaux, le Jefferson Airplane meilleur attelage freak(sco), les divins Mamas and the Papas, plus grands chanteurs du monde, Syl, Labbi et James les plus grands soulmen de la terre, eh bien Brainticket ne serait-il pas le plus important krautrock band de l'histoire ?La question mérite d'autant plus d'être posée qu'à l'exception de quelques entrées ici où là dans les excellents bouquins de Philippe Thieyre ou de la collection Le Mot et Le Reste, cet aréopage psyché  "européen" est largement (et inexplicablement) )ignoré des anthologies.
Pas facile de s'y retrouver nonobstant, avec ces oiseaux issus de la riche scène expérimentale issue du jazz ayant sévi dès la fin des  60's autour du démiurge belge (attention les yeux) Joel Vandroogenbroeck. Ils étaient allemands, italiens, pratiquaient sans doute l'amour en groupe, fumaient sans doute beaucoup des cigarettes qui font rire (ou dégueuler c'est selon). Le groupe se nommait à l'origine .......Cottonwoodhill, et "Brainticket" se trouvait être le titre d'une de leurs jams remarquablement droguées. Un 45 tours collector fut effectivement édité sous ce nom là, avant que (inexplicable retournement dont le rock a parfois le secret) d' "inverser" les deux appellations dès le premier lp.
L'oeuvre initiale et riche de 3 albums (ils se reformeront pour deux longs formats supplémentaires au début des années 80, et deux supplémentaires dans les années 00) aussi dissemblables et indispensables les uns que les autres, mérite en tout cas d'être réhabilitée, réévaluée....et consommée sans modération. Quoique...
Quoique...les notes de pochette spécifiaient-elles quand même lors de la publication de ce Cottonwoodhill que " après l'écoute de cet album, vos amis risquent de ne plus vous reconnaître" ; et cette sentence plus définitive : "A n'écouter qu'une fois par jour sous peine d'avoir le cerveau détruit."
Contrairement aux deux autres albums essentiels Psychonaut (1972) et Celestial Ocean (1974), Cottonwoodhill donne - et encore - davantage dans la jam hallucinée que dans le morceau construit, alambiqué et infiniment arrangé - gimmick qui objectivement différenciera toujours le psyché ou le kraut du prog,
Autour des orgues liturgiques saturés de Vandroogenbroeck et baignés de la tournoyante et incontournable Leslie, l'attirail de circonstance fait de wah-wah, flûtes et autres chants orgasmiques : dès "Brainticket (Part One)" , une dénommée Dawn Muir (il en sera de différentes à chaque album) rivalisera en gémissements indécents avec ceux d'Irène Papas sur le 666  des Aphrodite's Child. C'est dire le sérieux de la "chose" !
Longue jam électrique divisée en 5 pièces qui se font écho, citent Beethoven (!) au détour d'un finale, qui va jusqu'à évoquer les divines stridences saccadées cinématographiques de Colombier ou Schiffrin, respirant le rock drogué des 70's par tous les pores, Cottonwoodhill mérite de figurer au Panthéon de nos obsessions kraut. Tout en haut, aux côtés des noms mythiques.
Sans oublier de ne pas dépasser les doses prescrites !
en bref : s'il est vrai qu'il existe un son différent pour chaque grand groupe kraut allemand (Kraftwerk, Can, Amon Düll II, Agitation Free, Ash Ra Tempel, Cluster, Popol Vuh et consorts), aucun amateur sérieux de musiques hantées et psychotropes ne déniera le trip à nul autre pareil et l'un des secrets les mieux gardés des cosmopolitains de Brainticket.Brainticket - Cottonwoodhill (1971)
"Black Sand"

"Brainticket (Part 1)"

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