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Carambolages : exposition du décloisonnement et de la polysémie

Publié le 01 mars 2016 par Marcel & Simone @MarceletSimone
Albrecht Dürer Tête de cerf percée d’une flèche 1504 dessin au pinceau et à l’aquarelle sur papier ; 25,2 x 39,2 cm Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie Photo © BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF

Albrecht Dürer Tête de cerf percée d’une flèche 1504 dessin au pinceau et à l’aquarelle sur papier ; 25,2 x 39,2 cm Paris, Bibliothèque nationale de France, département des Estampes et de la Photographie Photo © BnF, Dist. RMN-Grand Palais / image BnF

Une étrange exposition ouvre demain au Grand Palais.

Les salles suivent un parcours défini par des flèches, les objets, sublimes, majestueux, hideux, ridicules, se succèdent. Tout d’abord on ne comprend pas, où sommes-nous ? Dans un cabinet de curiosités ? Non, les objets semblent liés les uns aux autres par une injonction plus forte que le simple hasard des découvertes. Dans une exposition thématique ? Pas vraiment non plus, les analogies semblent plus de l’ordre de l’association libre que de la raison. Dans un cerveau alors?

Oui ! Et c’est le cerveau de Jean-Hubert Martin que nous observons ici. Ce directeur de musées et commissaire d’expositions est connu pour sa connaissance des milieux artistiques européens et américains mais également de l’art contemporain des cinq continents. Il a été un des premiers conservateurs à montrer des œuvres venues du monde entier lors d’expositions comme « Magiciens de la Terre » en 1989 au Centre Georges Pompidou. Il milite pour que le regard de l’Occident ne soit pas notre seul point de référence, pour qu’il soit complété par la vision que le reste du monde a de l’Occident.

Jean-Hubert Martin dans l'exposition les

Jean-Hubert Martin dans l'exposition les "Magiciens de la Terre"

Le pari est ambitieux : peut-on accéder à une association d’idées faite par le cerveau d’un autre, si brillant soit-il ? Comment peut-on comprendre ce dispositif ? On remarque rapidement qu’il n’y pas de cartels sous les œuvres mais des écrans sur les cotés où défilent les titres et dates des œuvres. Ce n’est pas une erreur de scénographie mais bien un parti pris.

Beaucoup de conservateurs et d’historiens d’art pensent que l’on est arrivés au bout de cet historicisme systématique qui consiste à expliquer une œuvre par son contexte : on parle de ce qui l’a précédé, de ce qui l’a suivie, mais on ne parle plus de l’œuvre ! C’est très frappant : on évite de commenter ce que l’on voit, l’objet qui est en face de nous.

Cette sélection n’est pas le fruit du hasard. Le commissaire a tenté de réunir des « pépites ». Chaque œuvre est « atypique, étrange, surprenante, et possède un impact visuel, provoque une sensation chez le regardeur en tant qu’elle-même, pas par rapport à la précédente ou la suivante ».

Coffret-reliquaire, cloître de Gnadenthal, canton d’Argovie, Suisse seconde moitié du XVIIe siècle cire, bois, argent, soie, verre, fil d’or ; 36,5 x 41,7 x 20 cm Marseille, musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée Photo © MuCEM, Dist. RMN-Grand Palais / Yves Inchierman Johan

Coffret-reliquaire, cloître de Gnadenthal, canton d’Argovie, Suisse seconde moitié du XVIIe siècle cire, bois, argent, soie, verre, fil d’or ; 36,5 x 41,7 x 20 cm Marseille, musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée Photo © MuCEM, Dist. RMN-Grand Palais / Yves Inchierman Johan

Jean-Hubert Martin veut faire confiance au visiteur, et essayer, avec lui, de (ré)apprendre à regarder une œuvre d’art. Si le dispositif est imparfait - parfois les noms des artistes sont inscrits sous les œuvres - le commissaire justifie son choix. Ce ne sont pas des individus connus pour leurs peintures, c’est le décalage qui est intéressant (œuvres de Walt Disney, Hitler ou Hergé).

Peut-on ainsi dissocier l’image de son contexte historique et géographique ?

D’une manière implicite, ce qu’une grande majorité de conservateurs de musées pensent, c’est qu’il faut d’abord enseigner l’histoire de l’art au visiteur pour que celui-ci comprenne ce qu’on lui montre ; je crois qu’il faut s’émanciper de cette vision.

Cette quête de décloisonnement qui associe des œuvres de toutes cultures et de toutes époques peut perturber le visiteur habitué aux expositions classiques. L’adhésion n’est pas garantie mais cette exposition a le mérite de réfléchir sur le concept même de l’exposition.


Ce qui est sur c’est que le procédé ne laissera pas indifférent, à vous de vous faire votre avis, dès demain !

Carambolages : exposition du décloisonnement et de la polysémie

Avec Carambolages il faut rêver, il faut imaginer, c’est de la poésie. Et en ce sens, c’est antiautoritaire.

Toutes les citations proviennent du Connaissance des arts Hors Série consacré à l'exposition.

Carambolages du 2 mars au 4 juillet 2016
Aux Galeries nationales du Grand Pala
is,

Entrée Clémenceau


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