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Faux semblants

Par Luc24

La critique  

 

Faux semblants

Un Cronenberg accessible et charnel

Elliot et Beverly Mantle (Jeremy Irons) sont deux jumeaux passionnés dès le plus jeune âge par la chair. Aussi bien la chair liée au domaine médical dans lequel ils vont exceller en proposant de brillantes découvertes, que la chair des femmes qui ne manque pas de les exciter. Le temps passe et les voilà confortablement installés , continuant leurs recherches et disposant d'un cabinet de gynécologie assez révolutionnaire. Vivant dans le même appartement, partageant toutes leurs émotions, les frères Mantle semblent ne faire qu'un. Ils en sont même à s'échanger leurs petites amies. Ce qui sert bien les intérêts de Beverly, plus timide et moins séducteur qu'Elliot qui ne manque pas d'idées pour courtiser et apporter du plaisir à ces dames. Mais voilà que débarque dans leur cabinet l'actrice Claire Niveau (Geneviève Bujold). Rapidement, elle dépasse le statut de simple patiente pour devenir , sans le savoir, la petite amie des deux hommes. Alors qu'Elliot se lasse de cette diva droguée aux cachets, Beverly en tombe désespérément amoureux. Pour la première fois de leur vie, les jumeaux pensent et ressentent différement. De quoi marquer une grande rupture dans leur vie. Ils se résignent à avouer à Claire la vérité et ,après quelques petites crises, elle et Beverly tentent de vivre leur histoire d'amour. Mais Claire part en tournage et Beverly est persuadé qu'elle le trompe. Déchiré à l'idée de perdre celle qu'il aime mais aussi de voir ses relations avec son frère changées, il sombre petit à petit dans la folie...

 

Faux semblants

Connaissant le cinéma de Cronenberg, on pouvait s'attendre avec cette oeuvre sur la double identité à beaucoup de complexité et de folie. A la surprise générale, Faux semblants est pourtant un de ses films les plus classique et accessible. La réalisation et l'utilisation majestueuse de la musique offrent un spectacle de grande qualité, le tout magnifié par la remarquable performance de Jeremy Irons. Réflexion sur la chair, Faux semblants fait de nouveau la part belle à une des obsessions du cinéaste qu'est la mutation. Beverly tombant dans la folie, il se met à élaborer des instruments on ne peut plus effrayants qui n'ont pas de quoi mettre en confiance ses patientes. La chair est au coeur du film. La chair désirée des femmes sexuellement parlant, la chair des patientes du cabinet de gynécologie, la chair comme objet de recherches scientifiques, la chair commune des deux jumeaux. La spécificité de cette union entre ces deux hommes qui étrangement ne semblent faire qu'un se mêle à la spécificité de l'utérus de Claire qui a trois parties. Le choix du métier de la jeune femme, actrice, n'est certainement pas un hasard, l'actrice de par son travail se fondant dans la chair d'autres personnages au risque de perdre sa propre identité.

Faux semblants

Histoire d'amour fatale et séparation familiale trop douloureuse conduiront les frères Mantle vers la folie et la mort. Cronenberg dresse ainsi le portrait émouvant et puissant de deux êtres qui ne peuvent vivre individuellement, aussi forte en soit la volonté. Bien que classique pour un film d'un réalisateur toujours inspiré, Faux semblants reste un long métrage d'atmosphère, troublant, fascinant et surtout plus charnel que jamais. Une expérience maitrisée et incisive à savourer.

 

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