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Soem trouve les mots sur le quai du métro

Publié le 31 mars 2016 par Camillegreen @camillegreen03

Paris, Opéra, Ligne 3. Une voix atypique se fait entendre du bout du couloir de métro. Quelques pas supplémentaires et un visage se dessine pour finalement tomber nez à nez avec Soem, sa guitare et ses chansons bien affutées. Derrière cette voix se cache déjà un long parcours musical, des castings et beaucoup de doutes. Rencontre avec la chanteuse Soem en pleine préparation de son deuxième album.

Soem trouve les mots sur le quai du métro

Soem, autoportrait mars 2016

Comment as tu fait tes 1er pas dans la musique ? Mes parents ne sont pas du tout issus de l’univers du spectacle. Mon père a une très belle voix et il chantait toujours des reprises, à la guitare, de classiques français : Brassens, Brel, Léo Ferré mais uniquement dans le cadre du cercle familial. Il y avait beaucoup d’émotion quand il chantait. Quand j’ai découvert Léo Ferré, je me suis même dit que je préférais l’interprétation de mon père. Ma mère, elle, a toujours eu envie d’avoir des enfants artistes, elle a donc mis mes deux sœurs et moi à la musique. Et elle m’a proposé de faire de la guitare.
Concernant l’opportunité d’accomplir ses rêves, j’ai suivi l’exemple de mon père qui a exaucé un rêve d’enfant, celui de devenir pilote de ligne. Je trouvais d’ailleurs que c’était du gâchis qu’il ne soit pas chanteur.
Comment as-tu saisi l’opportunité de venir chanteuse « professionnelle » ?

Soem trouve les mots sur le quai du métro

©Soem

Vers l’âge de 15, 16 ans, j’ai très vite transformé mes poèmes en chansons. D’autant plus que j’avais le sens de l’improvisation des mélodies. Puis, j’ai effectué mon premier concert au lycée avant d’en faire à peu près un par an.
Ça ne m’a pas traversé l’esprit de devenir chanteuseavant d’arriver en 3ème année d’école de commerce. A cette époque, j’ai rencontré des musiciens dans la rue et j’ai fini par aller les voir en concert. Je me suis alors rendue compte que ce n’est pas impossible de jouer de la musique sans être connue. Et je me suis dit que je pouvais jouer aussi bien que ce groupe. Ce qui m’a vraiment poussée à prendre ce tournant, c’est que je pensais avoir plus de talent dans ce secteur que dans celui du business que j’étudiais.
Ainsi, après avoir terminé mon école de commerce, j’ai contacté un jeune réalisateur, Chris Gorski et on a fait notre première maquette qui m’a conduite dans les bureaux de Warner.
Que signifie ton nom de scène Soem ? Après avoir écumé les noms comme ON, Vega, le nom de Soem est arrivé, un nom trouvé par Olivier Berthelot qui a travaillé avec moi sur mon premier album. Il s’agit d’un mix entre les mots « soul » et « poème ».
Comment as-tu fait ta 1ère maquette de 5 titres ? En 2003, je suis partie à la conquête de Paris ! Avec l’aide de Chris Gorski, rempli comme moi d’idéalisme, j’enregistre une première maquette de 5 titres. Cet enregistrement me permet de rencontrer Olivier Berthelot qui devient mon frère de composition pendant plusieurs années.
Puis d’un projet à 4 mains, Soem est devenu un projet solo avec mon premier album (2008). Puisqu'Olivier, le 2ème pilier de Soem a d’autres appétits musicaux. Mais je me suis vite rendue compte que j’avais moins de pression seule. Car en duo, j’étais trop multi tâches, je devais chercher nos dates de concert, faire la communication du groupe…
Que raconte ton 1er album Soem (2008) ? Cet album évoque une relation de couple dysfonctionnelle dans laquelle j’ai été. Plusieurs sentiments sont mis en avant et j’ai essayé de parler de la souffrance à l’intérieur du couple. « Le mécanisme », une chanson de l’album, souligne que nous ne sommes pas obligés de nous enfermer dans un idéal. Si tu es trop stricte, la vie à deux devient comme une prison.

Soem trouve les mots sur le quai du métro

©Soem

Cet album de 12 titres est ponctué de 3 collaborations. Sully Sefil est un rappeur que j’ai rencontré via Myspace tout comme San Lluis. Et j’ai aussi collaboré avec Lokua Kanza, virtuose de la chanson africaine. A l’époque, j’avais entendu parler de lui grâce à des magazines de musique du monde. C’est un incroyable chanteur doté de sacrées nuances dans sa voix. Je suis très sensible aux voix.
Cet album a été accouché dans la douleur, il est lié à beaucoup de moments tristes. Je ne l’ai pas écouté pendant de nombreuses années. Mais aujourd’hui encore, je le trouve encore très beau. Olivier qui m’a aidé à le faire était très exigeant, perfectionniste. Je comprends mieux aujourd’hui pourquoi il voulait que je retravaille certains textes de l’album. Une vidéo illustre le premier extrait de l’album : Marionnettes, tourné comme un court-métrage par le réalisateur Mickael Jarry.
Tu as passé de nombreux castings comme celui de The Voice, quel est l’envers du décor ? A La Nouvelle Star, c’est horrible, on nous traite comme du bétail et ils s’enorgueillissent. Les candidats sont dehors, dans le froid toute la journée. Quand j’ai vu l’intérieur de l’immeuble, j’étais révoltée car il y avait la place pour une bonne partie de la foule.Le casting de la Star Academy est sans intérêt. En 2012, j’ai candidaté à The Voice, un casting très classe, il ya même un coach pour t’épauler avant l’audition.
As-tu envie de retenter ta chance à ce genre de castings ? Oui, c’est possible que je retente ma chance à The Voice. Mais aujourd’hui si je participe de nouveau à ce genre de castings, il faut que j’y aille sans peur. Si je suis retenue il ne faut pas que j’angoisse par la suite. La chance sourit quand tu es prêt à l’accueillir. A l’époque je n’étais pas prête car quelque chose en moi avait peur d’aller plus loin.J’ai toujours voulu être une artiste reconnue mais comme ça ne se produit pas, je me dis qu’il y a quelque chose en moi qui me freine. On crée notre chance.
Je t’ai découverte dans le métro parisien, comment en es-tu arrivée à chanter dans ces couloirs ? Au départ, je trouvais que c’était humiliant de faire ça ! Et puis j’ai rencontré des artistes de métro, des talents, des gens extraordinaires qui m’ont éblouie. Un jour, un ami m’a proposé de passer le casting pour avoir la carte d’accès à la RATP. J’ai aimé la façon dont j’ai été accueillie par l’équipe de la RATP.
Au début, je trouvais ça très dur puis un ami m’a donné des conseils.J’ai trouvé un endroit qui me plaisait, sur le quai du RER A. Mais j’ai été attrapée par les contrôleurs car je jouais sur le quai, ce qui est interdit. Puis, j’ai appris à reconnaître les endroits du métro où j’aime jouer, près des quais notamment car les gens peuvent s’y attarder avant de prendre leur métro. Sinon ils passent à toute vitesse et c’est très frustrant. Mais ce n’est pas si dur que ça si l’argent tombe ! Si les passants lâchent une pièce, ça redonne confiance en soi. 

As-tu un projet d’album ? Ca fait longtemps que je veux sortir un 2e album et un ami Niko Coyzz m’a conseillée de réfléchir à ce que je veux vraiment, de me fixer un petit objectif, puis un plus grand… Je me suis alors fixé l’objectif de faire un album !
Niko Coyzz a enregistré son 2ème album en une semaine. J’ai alors voulu faire pareil mais je n’ai pas le même génie que lui. Il a une grande confiance en lui et une très bonne oreille.Il repère tout de suite ce qui ne va pas. La création de l’album a été ralentie car Niko a émigré en Malaisie en 2014. Quand il était en France, tout allait plus vite. 2014 a donc une année marquée par la lenteur. En 2015, j’étais découragée et je me suis dit que j’arrêtais face à la masse de travail à effectuer. Je ne me sentais plus soutenue.
Mais depuis janvier 2016, tout s’est débloqué. Yannick, un ingénieur son m’accompagne. Nico est revenu en France pour quelques mois. En 2 jours, on a réalisé ce que j’auraipu faire seule en 2 mois. D’ici l’été on devrait avoir bien avancé. Si tout va bien l’album devrait sortir d’ici le début de l’année 2017.
Ca sera un album très acoustique, très « joué », contrairement au 1er album qui contient beaucoup de programmations. Il contient des percussions, de la guitare, de la flûte, de l’harmonica. Les auditeurs retrouveront le son de Nico et se retrouveront face à de nombreux ressentis : la mélancolie, la folie, la gaité, la fantaisie. Je prends plus de risques, je suis plus audacieuse que dans le premier album où j’étais face à quelqu’un de très perfectionniste. J’avais peur de faire des erreurs. Dans ce deuxième album, je me lâche !
Tu es plutôt inactive sur les réseaux sociaux, est-ce un choix volontaire ? Depuis 2015, je ne communique plus car j’ai trop peur de me retrouver face à mes fanscar je n’ai pas respecté le planning de sortie de ce deuxième album. La honte m’adonc détournée des réseaux sociaux. Ce que j’aimerais c’est produire des vidéos régulièrement sur YouTube. Mais je ne le ferai que si ces vidéos sont de qualité. Et le mieux est l’ennemi du bien… Mais j’espère que cette interview va me débloquer pour communiquer sur mes réseaux sociaux, cela va me permettre de dire aux gens qui me suivent que je ne les oublie pas !
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