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Crime et châtiment. Fiodor Dostoïevski

Par Nelcie @celinelcie

Il y a trois ans de cela, je m’étais inscrite sur Livraddict à une lecture commune de Crime et châtiment. J’avais commencé ma lecture, mais n’avais pas dépassé la cinquantième page. Non parce que l’histoire ne me plaisait pas, mais parce qu’à ce moment là, je n’avais finalement pas envie de lire un gros pavé. Je sentais que ce n’était pas le bon moment pour me lancer dans cette lecture. Je l’ai donc mis de côté ne me promettant de le lire plus tard.
Et c’est en ce début 2016 que j’ai eu envie de m’y remettre.

Crime et châtiment. Fiodor Dostoïevski

Synopsis

A Saint-Pétersbourg, en 1865, Raskolnikov, un jeune noble sombre et altier, renfermé mais aussi généreux, a interrompu ses études faute d’argent. Endetté auprès de sa logeuse qui lui loue une étroite mansarde, il se sent écrasé par sa pauvreté. Mais il se croit aussi appelé à un grand avenir et, dédaigneux de la loi morale, se pense fondé à commettre un crime : ce qu’il va faire bientôt – de manière crapuleuse. Publié en huit livraisons par Le Messager russe au cours de l’année 1866, le roman de Dostoïevski montre en Raskolnikov un témoin de la misère, de l’alcoolisme et de la prostitution que l’auteur décrit sans voiles, un criminel aussi qui ne sait trop pourquoi il l’est devenu, tant les raisons qu’il s’invente pour agir sont contradictoires. Mais la tragédie n’exclut pas la vision d’une vie lumineuse, et le châtiment de son crime va lui permettre un long cheminement vers la vérité, et la renonciation à sa mélancolie brutale. Après quoi sera possible ce que l’épilogue annonce : l’initiation de Raskolnikov à une réalité nouvelle, le passage d’un monde à un autre monde.

Mon avis

La lecture ne fut pas toujours aisée, j’ai même quelque fois pas mal galéré, mais n’empêche que j’ai adoré ! Parce que l’écriture est belle, que l’histoire est prenante, et en plus les thèmes abordés le sont avec brio.

Pourquoi une lecture pas toujours aisée ? Vous demandez-vous.
Parce que les personnages ont souvent plusieurs diminutifs, dont certains que j’ai trouvés compliqués à retenir. Il m’a donc fallu un temps d’adaptation et de concentration pour comprendre de quel personnage l’auteur était en train de parler, à certains moments. Je me suis vue vérifier plusieurs fois si tel diminutif correspondait bien à telle personne, surtout au début du roman. Par la suite, j’ai pris mes repères, et l’histoire étant bien en place, je pouvais, en cas de doute, facilement déduire quel personnage était mis en avant à l’instant T.
Donc voilà. J’ai pris mes repères, et je me suis laissée embarquée dans cette intrigue russe.

Un peu comme dans les enquêtes de l’inspecteur Columbo, dès le début nous savons qui est l’auteur du crime. L’intrigue ne va donc pas s’intéresser à rechercher l’identité du tueur, mais plutôt à sa psychologie suite à ce crime.
En effet, si avant le meurtre, Rodia (de son diminutif) semble posséder toutes ses capacités intellectuelles (même si on peut en douter, du simple fait qu’il décide de commettre un meurtre), par la suite, il va sombrer dans une paranoïa extrême, voyant dans chaque personnes rencontrées un témoin potentiel du meurtre, se demandant ce que chacun connait de ses agissements.
Pour nous raconter tout cela, Dostoïevski n’hésite pas à user de longs monologues où l’on voit le personnage principal palabrer. Et c’est dans ces moments-là que je me dis que Dostoïevski c’est un maître dans l’art des monologues intérieurs, mais surtout un maître de l’analyse de l’âme humaine. Le personnage passe par toute sorte de ressenti, du délire à la paranoïa, puis ce sentiment de culpabilité. Et finalement, on finit par comprendre qu’en tuant cette prêteuse sur gages, c’est lui-même qu’il a tué. Sauf qu’il lui faudra un peu de temps pour le réellement le comprendre.

Crime est châtiment, ça parle bien sûr de ce crime, puis de cette descente aux enfers, vécue par le protagoniste. Mais c’est aussi une peinture d’un Saint Peterbourg peu reluisant que nous offre Dostoïevski. Ici, il n’est point question de palais de Tsar et de belles demeures. L’auteur nous emmène dans les bas-fonds de la ville, avec ses quartiers de prostituées, ses logements d’étudiants sans le sou, enfin tous ses laissés pour compte qui s’accrochent à la vie comme ils peuvent. Les descriptions sont souvent minimalistes, l’auteur ne se perd pas en détails sur les lieux, et pourtant, je n’ai eu aucun mal à me les représenter.
Bien plus que de nous situer dans la Russie du XIXème siècle, je dirais que cette simplicité de cadre historico-géographique contribue à renforcer cette sensation d’oppression que ressent le meurtrier par rapport à son environnement qu’il perçoit comme de plus en plus hostile. Mais surtout, cela apporte un aspect universel au sujet dont il est question : l’âme humaine.

Crime et châtiment pourrait être écrit aujourd’hui, traité de la même manière, avec seulement une toile de fond différente. Voilà pourquoi j’ai aimé ce roman.


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