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[Paralipomènes] Le Shmup – Pixels, Arcade et origines d’une passion

Par Neodandy @Mr_Esthete

Shmup Alfons Mucha

Depuis bientôt un mois, la console toussote d’inactivité. L’envie ne verse pas dans la nostalgie, ni le remords nourri : le plaisir serait dans un rapport idéal entre un temps réduit de jeu et la nécessité de sensations obtenues habituellement sur le temps long d’une narration. Le résultat fractionnaire porte un nom effrayant d’apostrophes, on le dit à peine prononçable par peur d’y voir une peur camouflée et foncièrement méconnue : le shmup ou le Shoot’Em Up. 

Catégorie à part entière dans la sphère vidéoludique, son évocation atteint une optimisation rêvée. Sous sa forme contractée, s’y concentre les ingrédients à un retour frénétiquement addictif devant une machine, toutes les émotions attendues dans un divertissement et la possibilité de nouveautés. La seule limite du Shoot’Em Up, un genre quasi délaissé en Europe, continue à être une matière de rêveries, de bizarreries et d’imagination pour les joueurs nippons. Plutôt qu’un dossier apathique, le Blog LaMaisonMusee.com envisage le parti pris d’expliquer, ressentis et exemples à l’appui, la passion divertissante à la teneur cérébrale sous le vocable « Shoot’Em Up » !

 Shmup, mon amour.

Dessins Shmup Xbox 360

Mythologiques, parfois laids … Les monstres du Shoot’Em Up ne vous louperont pas pour vous piquer vos 3 vies sans extra !

Digne d’une onomatopée de bande-dessinée américaine, le shmup porte en lui la notion d’une liberté : ses trois pixels caractéristiques en mouvement lui permettraient déjà d’exister. Sous l’exagération, il suffit de se rappeler le principe populaire de Space Invaders (1978). Eviter les tirs, marteler sa manette pour quelques tirs lentement cadencés et soupirer de ne plus avoir de vie ou de manquer de concentration à cause de graphismes quasi épileptiques : mélangez l’aspect brut à ces sensations pour approcher d’un peu plus près un dinosaure vivant du jeu vidéo !

Boss Bizarre Jeux Video

DeathSmiles, paru en Europe, aura marqué les esprits d’une manière bien particulière. « Ceci n’est pas une vache. »

 Autrefois et nos jours, les japonais maintiennent, perfusion en main, le genre et son développement au-delà de la mêlée. En cultivant un exotisme attendu de toutes parts, la simplicité fondatrice s’habille d’excentricités poussées dans leurs ultimes improbabilités : l’écran se noie de pixels dans les jeux dits de manic shooters (Dodonpachi), un niveau peut se terminer sur un boss en forme de vache impossible à caser sur n’importe quel écran (DeathSmiles), troque volontiers les habituels vaisseaux spatiaux pour des personnages féminins fantasmés aux courbes les plus disproportionnées.

Le shmup laisse les novices et les joueurs confirmés s’évader en toute simplicité. Les idées les plus simplifiées autorisent une brèche artistique et imaginative difficilement comparables : les vaisseaux transformés en héroïnes magiques deviennent des armes fatales contre des boss mythologiques ou esthétiquement complexes. Beau et pratique, les intérêts sont ailleurs.

De l’Arcade dans le sang.

Le Shoot’Em Up s’aliment d’un atout fondamental : sans oublier ses origines pixelisées sur Arcade, son identité mute au fil du temps. En dépit de rééditions destinées, au choix, aux nostalgiques ou aux curieux voire à un public plus large, le genre s’adapte aux nouveaux supports de jeu sans rester définitivement ancrée dans l’idée fausse d’une tradition à conserver à tout prix. Loin d’être populaire dans nos contrées européennes cloisonnées, le Shoot’Em Up allie simplicité et cultive les moyens de pousser inhabituellement les joueurs dans leurs derniers retranchements.

Mushihimesama Futari Blog France

Mushihimesama Futari est un mélange entre l’effroi … Et la joie de voir autant de couleurs sur un seul écran.

Avoir un score, mettre en avant l’idée de records, mourir à tout moment et vous punir par un retour à l’écran titre du jeu, découvrir un niveau différent selon la difficulté, rencontrer des ennemis différents en fonction de la qualité de vos actions : ce sont autant d’éléments absents des plus grandes franchises mondialement commercialisées à un rythme annuel. Beaucoup prennent plaisir à valoriser ces particularismes sous le plaisir du mot « Arcade« . Parfois, y est accolé l’espérance suggestive de la nostalgie, d’une sorte de charme simple à apprécier uniquement sur bornes Arcade. En complément ou de façon tout à fait différente, le Shoot’Em Up se prête volontiers à être coriace, à exiger le meilleur de ses joueurs, à l’inviter à anticiper, à essayer de marquer son avance sur un programmé calculé par avance pour vous voir échouer lamentablement. Défile horizontale ou verticalement à vitesse grand « V » l’auto-suffisance d’une catégorie singulière, colorée et sévère, simple et d’une précision chirurgicale.

Le Shmup porte une étiquette définitive. Contrairement à Dark Souls : tous les chemins mènent à l’erreur d’un succès intenté , un succès critique / médiatique dans le domaine du RPG, ici, tout un genre obéit à une difficulté rigoriste intraitable. Les idées collent à la peau et aboutissent à une faible représentation commerciale doublée d’une considération difficile à promouvoir, à essayer ou à essayer sur consoles européennes. (Ce ne sont probablement pas les seules raisons.)

L’Europe, terre désolée du Shoot’Em Up.

Shmup Collection Xbox 360

La « Cave Collection » réunissait, en 2013, les grandes parutions de la société nippone. Aujourd’hui, tous peuvent se retrouver à prix plus ou moins abordable.

L’apparence acidulée du Shoot’Emp Up ne suffit pas à franchir le seuil d’idées reçues ou le manque d’estime critique à propos d’une des catégories du jeu vidéo. Même en 2016. L’Europe eut l’insigne honneur d’être distinguée par la vitalité inouïe de la Xbox 360 : malgré ses origines américaines, elle a su être un encart publicitaire alternatif dévoué entièrement à l’un des développeurs clefs du genre. (CAVE Co. Cie.) De 2005 à 2015, laps de temps durant lequel la Xbox 360 a brillé, les ventes et les productions d’une console populaire l’ont bonifié : en profitant d’un large catalogue de jeux, dont 25 shmups édités sur DVD et 75 autres à télécharger, dix années de jeu vidéo sont à rattraper à un coût dérisoire en occasion. La mode passée, de nombreuses exclusivités parues au Japon ou en Europe peuvent désormais s’apprécier à juste titre :

L’espoir s’autorise sur PlayStation 4 : dès le lancement de la console, le jeu Resogun créait la surprise en tant exclusif et de toute première jeunesse. Les rumeurs vont bon train pour imaginer une nouvelle association entre Sony et les développeurs nippons de CAVE Co. Cie. : si rien n’est signé, les deux entreprises, nouaient dans le passé, l’une des plus belles coopérations d’idées sur PlayStation 2. (27 jeux japonais sont parus ! ) A l’honneur sur le PlayStation Plus du mois d’Avril 2016, Dead Star, un titre tout neuf, est à essayer gratuitement grâce à un abonnement adéquat. Doucereusement, les lignes tremblotent d’hésitation …

PSN Plus DeadStar PS4

Avenir et actualités du Shoot’Emp Up se dessinent sur PC et téléphones portables. Copies d’une copie, les jeux PC se contentent de reprendre deux excellents titres justifiés par un réchauffé « HD ». (DeathSmiles HD et Mushihime Futari 1.5 HD). Miniaturisés, 150 jeux différents s’apprécient sur les très réduits des systèmes iOS (Apple) tandis qu’Android accepte les plus grands titres de CAVE Co. Cie. Transformé en mignonnette fondante, le Shmup survit plutôt qu’il ne pourrait vivre. L’intérêt majeur de ces listes consiste à notifier la symbiose technologique entre d’anciens jeux, encore réédités, et de nouvelles fonctionnalités. Du reste, originalité et créativités souffrent d’un lourd manque de représentation. Il n’y a pas qu’un Japon créateur ni des rééditions : preuves ci-dessus.

Blog Shoot Emp Up Consoles

« Le Shmup, c’est la vie ! »

Peu actuel et peu discret par ses couleurs et son excentricité, le Shoot’Em Up résiste encore et s’aime un peu plus à l’aide du développement du marché de l’occasion. Le futur s’ouvre sur des perspectives ravivées : la fin du zonage des supports de jeux (PS4 et Xbox One.), la miniaturisation des jeux de salon (Androïd et iPhone), l’affirmation ou l’infirmation des rumeurs (Association entre Sony et CAVE Co. Cie. Japan ?) Pour jouer au Shmup, il n’y ni heure, ni temps, ni mode : uniquement de la curiosité accessible aux plus ou moins passionnés.


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