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Marie-Laure Hubert Nasser : La carapace de la tortue

Par Stephanie Tranchant @plaisir_de_lire

La carapace de la tortue de  Marie-Laure Hubert Nasser   3,75/5 (16-04-2016)

La carapace de la tortue (288 pages) est disponible depuis le 1er avril 2016 chez Folio.

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L’histoire (éditeur) :

 «Oui… je suis venue sur terre comme une tortue, encombrée d’une carapace. Qui rentre la tête quand le monde extérieur est trop douloureux.» Clotilde cache ses complexes derrière d’amples vêtements. Après avoir tenté sa chance à Paris, cette jeune Bordelaise revient au pays grâce à sa grand-tante. Sous des dehors revêches, Thérèse a prévu pour sa petite-nièce un strict programme de remise en forme. Avec l’aide de tous les voisins qui ont au préalable passé un casting impitoyable, Clotilde devra sortir de sa réserve. Il y a Claudie qui aime raconter ses histoires de fesses, Sarah et Sophie, délaissées par leur mari et bien décidées à s’en accommoder, Élisabeth, la business woman meurtrie de ne pas voir grandir ses trois enfants… Chacun à sa façon va aider Clotilde à reprendre goût à la vie. Une galerie de portraits attachante, l’histoire d’une renaissance racontée avec énergie et un humour parfois corrosif.

Mon avis :

Au 7 de la rue Ferrère, Clothilde Daquin d’Arsac s’installe. Elle rentre à Bordeaux, après avoir enfin pris le courage de téléphoner.

« Cette vie dans laquelle il n’y avait ni espoir ni lendemain, elle l’avait portée comme un vieux sac qui pesait sur son dos. Plus lourd de jour en jour. Elle ne prétendait pas devenir quelqu’un. Elle voulait juste avoir le droit d’être. Modestement. » Page 19

Clotilde, fille unique encombrant, maladroite, et pataude d’une famille bourgeoise, ne recevait l’amour ni de sa mère ni de son père (qui a finit par l’ignorer, trop lâche pour s’opposer à sa femme et affirmer  une quelconque tendresse envers sa fille). Elle a choisi de quitter cette famille  pour gagner la capitale où elle travailla comme employée de maison en échange d’un logement. Là encore elle essuie ignorance entre réflexions et piques jusqu’à ce jour où à 26 ans elle décide de retourner à Bordeaux.

Au 7 de la rue Ferrère, il y a

- Thérèse, sa tante (1er étage droite), une femme autoritaire, immobilisée dans un lit médicalisé du fait de son surpoids, plein aux as, qui loue ses appartements pour profiter de cette vie autour d’elle comme elle profiterait du spectacle au théâtre.

« Elle avait rempli son  immeuble pour être à l’abri de l’ennui. Ses appartements entaient loués avec minutie. Elle faisait confiance au destin qui plaçait sur son  chemin les acteurs de cette vie qu’elle animait. Elle régnait en maîtresse femme dans sa belle demeure à étages, tenant chaque locataire dans une main qu’elle aimait  à fermer parfois d’un coup sec. » Page 104

- Claudie (1er étage gauche), miss météo grande gueule pleine d’aplomb et au grand cœur, qui se lie tout de suite avec Clo ;

- Stanislas (2ème étage droite), le steward long courrier, marié et père de famille qui fête dignement chacun de ses retours avec la fille d’en bas ;

- Bernard, sa femme et leurs trois enfants, dont le petit Léo, 4 ans (2eme étage gauche), une famille éclatée pas officiellement et qui cohabite difficilement ;

- Sarah et Sophie (3ème étage gauche et droite), 2 copines (mariées à de riches hommes d’affaire) qui ont plus d’un point commun.

L’arrivée de Clotilde ne sonne pas comme un bouleversement dans l’immeuble (même si ça ne va pas tarder à partir en vrille) mais ce déménagement va lui permettre de changer radicalement sa vie. Tout le monde (ou presque) va s’associer et mettre son grain de sel pour qu’elle prenne son corps et sa vie en main.

« Certes, mon corps offrait une enveloppe décevante, mais cet homme rare avait lu en moi une profondeur lumineuse. J’étais, selon lui,  à l’inverse de la plupart des gens. Râpeuse à l’extérieur et attirante à l’intérieur. Capable de réconcilier les êtres et de créer l’harmonie autour de moi. Voilà qui me laissait pantoise. »  Page 207

Et oui, tout ce petit monde vit dans une harmonie relative jusqu’à ce que quelques rouages se grippent et que certains secrets viennent à être révélés.

Ainsi, si La carapace de la tortue sonne au début comme un roman feel good, féminin, mignonnet et léger, sachez que la suite est riche en surprises. loin d’être un  roman superficiel, ce texte de Marie-Laure Hubert Nasser, sans prendre pour autant le chemin d’un récit profond et complexe, se révèle au final plus nuancé et bien loin des caricatures que les portraits du début laissent imaginer. J’ai beaucoup aimé le cheminement du livre, sa bonne humeur, la coté positif du début et le tournant à 180°. Ce grand écart lui donne une force et un coup de fouet qui le rendent presque inoubliable.

On saisit évidement d’emblée la critique du jugement primitif par les apparences, mais beaucoup plus de thèmes se profilent : confiance en soi, intolérance, couple à la dérive…. Marie-Laure Hubert Nasser  aurait pu choisir la facilité du roman réconfortant, mais non. Et c’est tant mieux. La carapace de la tortue, un petit roman poche à glisser dans  votre panier lors de votre prochain achat livre !


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