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Prise de risque

Publié le 11 mai 2016 par Malesherbes

L’autre jour, peut-être sur Canal+, Thibault Lanxade, vice-président du MEDEF, s’évertuait à justifier les rémunérations astronomiques de certains patrons du CAC 40. Je m’attacherai ici à l’argument dit de « la prise de risques ». Posons d’emblée que, ce qui est en cause ici, ce n’est pas le sort d’entreprises créées ou détenues par leur gérant et que l’on qualifie plus volontiers de PME, TPME ou d’entreprise sans salarié. Pour celles-ci, c’est le plus souvent le patron qui a investi ses deniers et qui les risque. Il en va tout autrement des dirigeants qui ont été cooptés par leurs consanguins, issus des mêmes familles, des mêmes écoles, des mêmes conseils d’administration, des mêmes clubs. S’ils possèdent des actions des entreprises qu’ils dirigent, ce sont celles  qu’on leur a octroyées pour tenter de s’assurer de leur fidélité. Où se trouve leur risque ?

Je ne sais si cela existe toujours mais, autrefois, il y avait des vendeurs rémunérés exclusivement au pourcentage. Ils ne bénéficiaient d’aucun fixe et leur salaire était proportionnel au montant de leurs ventes. Ils risquaient effectivement, dans un premier temps, de ne pouvoir subvenir à leurs besoins, et ensuite d’être licenciés pour résultats insuffisants. En va-t-il de même pour des grands patrons dotés d’un fixe leur assurant une existence très confortable ? Je me souviens du PDG de la multinationale qui m’employait déclarant : « je veux que mes employés aient faim et vivent dans l’inquiétude ». Croyez-vous que celle-ci taraude les seigneurs dont je parle ?  

Ils sont, paraît-il, rétribués en fonction de leurs résultats. S’agit-il d’appréciations quantitatives ou bien tout simplement qualitatives ?  A-t-on connaissance de leurs objectifs en début d’exercice ou bien nous indique-t-on simplement leurs résultats, sans référence à la moindre cible ?

Il y a pis. L’an dernier, Alstom, peut-être suite à une gestion mal avisée, a connu des problèmes de trésorerie. En conséquence, elle a dû céder aux États-Unis un des fleurons de notre industrie. Croyez-vous que son patron de l’époque pointe désormais à Pôle Emploi ?  Un autre patron dirigeait Areva, une entreprise vitale pour notre pays. Il s’est laissé abuser par des vendeurs trop habiles et ne parvient pas à livrer les produits en commande. Pensez-vous qu’il en soit réduit à chercher sa pitance aux Restos du cœur ?

Une fois qu’on a été adoubé par ses pairs, qu’on a été admis au grand festin des possédants, on est hors d’atteinte, pour toujours à l’abri du besoin. Qui donc peut oser parler de risque ?


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