Magazine Société

Migrants au Jardin d’Éole : colère et solidarité citoyennes

Publié le 26 mai 2016 par Asse @ass69014555

Migrants au Jardin d'Éole : colère et solidarité citoyennes grâce auxquelles depuis des mois nous pouvons maintenir notre aide. Car les mois se suivent et se ressemblent pour les sans-abris et pour les migrants... Pour ces derniers, l'accueil de la France ne repose que sur les volontés citoyennes et d'une poignée d'associations qui peinent à soutenir, abriter, nourrir, vêtir... La situation des personnes à la rue bénéficie de moins de lois destinées à les protéger que les animaux errants !

Chaque semaine, en plus de notre maraude auprès des sans-abris et des sdf dans les rues de Paris, nous participons nous aussi à cette aide qui devient vraiment difficile quand les campements grossissent comme c'est le cas cette semaine. Nous avons vraiment besoin d'aide en matière de dons et pour continuer.
Pour fournir des fruits à 600 à personnes, cela coûte environ 80 € par semaine. Et puis avec la pluie, les demandes de chaussettes augmentent. 400 paires ne chaussettes nous coûtent environ 112 €. Sans votre aide, on n'y arrivera pas !

Merci de soutenir notre action !

Dalia et Hannah, bénévoles entraides-citoyennes 21 05 2016

" Au jardin d'Eole, nous sommes tous pris de stupeur à la vue du camp de fortune qui a plus que triplé de volume pendant la semaine. Les tentes s'entassent les unes sur les autres. Les derniers arrivants se résignent à s'allonger sur le sol dur et froid, avec une petite couverture, dans l'attente d'une solution. Nous servons plats chauds ainsi que du thé bien sucré dont ils raffolent. La pluie éclate, les plus chanceux se réfugient sous leur tente, les autres sous les bâches ou encore les arbres. La distribution est finie pour ce soir. Mais... sur notre route, nous croisons une vingtaine de migrants qui campent devant les locaux de France Terre d'Asile. Ils attendent de pouvoir obtenir un premier rendez-vous et espèrent trouver refuge. Triste image de la réalité vécue par les réfugiés qui se retrouvent dans l'incapacité d'entamer quelque démarche que ce soit. Ils gardent pourtant toujours le sourire et les échangent sont d'autant plus agréables. "

Bahia - 23 mai 2016

" 5h sur le campement devant le jardin d'Eole, frigorifiée dans mon gros kaway :

- quatre mecs en tongs- un nouveau venu qui me remercie mile fois en me tenant les mains de lui avoir expliqué en quelques mots qu'il devait dormir ici sans rien, sous la pluie et dans la boue, en attendant une évacuation- un jeune homme un peu timide qui préfère ne pas manger que de faire " one line " parce que la file c'est l'horreur, qui n'ose me demander de voir un docteur qu'au bout d'une heure et demie de papotages, pour des symptômes étranges - " ça ressemble à un choc post-traumatique " me dira Laura ; et un besoin vital, une extrême gourmandise pour l'échange, la discussion, malgré la barrière de la langue - trois bâches installées un peu en couillonnade en glissant dans la boue avec Siham, Virginie et Laure parce que ni les exilés ni nous ne sommes des pros du camping ; contrairement à deux aides bienvenues super-mac-gyver- poursuivre une femme seule qui vient d'arriver parce qu'il me manque toujours une info de plus pour la signaler à l'association Kâli ; sourire devant sa dégaine de marcheur des Alpes, perdre mon sourire à l'entendre me déclarer avec calme " Merci, c'est bon, j'ai trouvé tout ce qu'il faut, je dors dans la tente avec mon amie ". En fait elles s'y serrent à 6 et elle n'a pas de couverture.Et tant d'autres regards croisés, conversations furtives, remerciements amers, taches de boue, " sorry we don't have tonight ", rires et frissons d'humidité...L'immobilisme cynique de l'Etat dans son refus de mettre en place un système d'accueil des exilés, c'est ça. 350 personnes, humaines, épuisées, forcées de vivre comme des chiens, qui pour les plus anciennement arrivées comprennent sans plus s'en étonner que tenir sur un campement de rue en espérant une évacuation, c'est normal. Normal dans un système où le respect des droits humains fondamentaux, la prise en compte de la détresse de l'autre ou tout simplement de son existence, de sa présence à côté de soi,
Salam - 25 mai 2016 - cet autre qui est comme moi avant d'être un " migrant " ou un " réfugié ", avant d'être de la " bonne " ou de la " mauvaise " nationalité pour espérer prendre " refuge " en France - où le respect de tout cela semble enseveli dans les tiroirs sous des devis et des sondages d'opinion ; tiroirs feutrés empêchant le courage politique à la mairie, tiroirs feutrés permettant d'oublier ses devoirs moraux d'être humain au gouvernement... Hier une femme a démarré son accouchement dans une tente, entre odeurs de pisse et boue séchée. Hier il n'a pas plu. Les 350, 500, 600 êtres humains figés à Eole en attendant la prochaine " évac-surprise " n'en reviennent pas de découvrir la vérité de la France dont ils ont tant rêvé. Ils nous demandent pourquoi, et puis à manger, des chaussures, des couvertures, une tente, une carte Lyca, des médicaments, une école pour apprendre le français... Ils viennent de Vintimille, de Suisse, d'Allemagne, de Calais, d'Afghanistan, du Soudan, d'Érythrée etc... ils sont des hommes, des femmes, des enfants. " Même les chiens sont mieux traités. On a envie de s'excuser " dit un " soutien " sur place, une parisienne bénévole " en colère " contre cette démission non assumée du gouvernement. " On essaye d'arrondir les angles pour notre gouvernement qui ne le mérite absolument pas".
Ce matin le campement est une immense flaque de boue, une dizaine de personnes dort pelotonnée dans de pauvres blousons sous les porches des rues adjacentes, une autre dizaine dort assise par terre au milieu du campement, un sac plastique sur la tête. Agathe Nadimi - 24 05 2016
- le regard de M., que j'accompagne avec deux autres mineurs à la rue vers des hébergeurs solidaires, quand il m'assure de toute sa fierté que ça va, qu'il a compris et va se débrouiller alors que ses yeux me signifient l'angoisse de se retrouver tout seul à Place d'Italie
- me faire appeler à l'aide pour comprendre comment monter une tente... Il nous a fallu nous y mettre à 6 (et à grands renforts de fou-rires)
- un gamin un peu farouche, 14 ans, transi de froid dans un blouson trempé, les mains ravagées par la gale, confié à la surveillance active de trois personnes le temps de retrouver Morgann pour le lui amener
- un mineur un peu foufou, qui m'a suivi tout du long, irrité de ne pouvoir me parler directement en arabe, mais me demandant sans relâche avec un grand sourire malin de l'accompagner jusqu'à la frontière allemande parce qu'en France les " underage " on les jette
- un ancien venu, en France depuis 9 mois sans toit sur la tête, qui me remercie lui aussi d'avoir pris le temps de lui expliquer qu'il pouvait continuer à dormir dans le métro mais qu'il devait revenir sur le campement tous les jours à 5h30 pour ne pas rater une évacuation
- un ancien ancien venu, jeté de son centre après avoir obtenu le statut de réfugié, perdu de se retrouver de nouveau dehors, " comme un nouveau Calais "
- trois autres qui ont la chance d'avoir des chaussettes... dans leurs tongs
- un gamin en chaussons
- plusieurs baskets qui prennent l'eau
- 12 demandes désespérées pour des couvertures et des tentes

Bref, révolte et nausée. "

" C'est le troisième ou le quatrième camp à Eole? Je ne me souviens plus. Je sais juste que l'année dernière à la même période des centaines de silhouettes longilignes promenaient déjà leurs tongues sur notre boue. Rompus à tous les sacrifices, ils subissent encore les humiliations que notre mairesse Mme Hidalgo et la préfecture de Paris s'obstinent à leur faire vivre, comme un passage obligé pour mériter la France. D'autres, comme le maire de Grande Synthe, ont sû imposer leurs valeurs humaines, mais les hautes sphères capitales sont engluées dans leur manque de courage politique.

Ces images sont pour ceux qui sont dans l'action et pour ceux qui les rejoindront. Pour faire savoir ou pour ne pas oublier, quand les médias font leur " une " sur la volaille, parce que les réfugiés " on en a déjà parlé, hein ". "

" Plus de 400 personnes sont installés sur ce camp, pas de toilettes, la mairie n'en a toujours pas installé.Les tentes s'entassent sous des bâches, les derniers arrivants n'ont rien ni tente, ni vêtements chauds, ni couvertures.Parmi eux il y a des femmes enceintes, des mineurs et toujours ce silence assourdissant de la ville et l'état. "

" De retour du camp de misère d'Eole...
L'horreur... Ça pue l'urine (la mairie n'a toujours pas installée de cabines de toilettes...) les tentes s'entassent, les déchets aussi... Il manque de tout...beaucoup d'arrivants qui n'ont rien, même pas une couverture, des femmes, une était sur le point d accoucher dans sa tente... On a appelé le 15... J'en passe...mineurs isolés... Malades en tout genres...
On aide autant qu'on peut... Renseigne sur des papiers de l'administration qu'ils ne peuvent pas comprendre... Nous on essaie...mais parfois on ne comprend pas plus... " assignation à domicile... " Sérieusement ?... J'en passe encore...
Mais bon, visite de medecin du monde (ils filent 12 consultations pour les cas graves dans le camion ...mais mieux que rien) et du secours populaire (wahou jamais vu avant...on en croyait pas nos yeux... ) ils ont filé les restes de rolland garros, tombés à pic en renfort de notre distribution insuffisante... Au vu du nombre d'arrivées impressionnantes... Difficile pour des petites citoyennes de faire des quantités industrielles dans leurs petites cuisines parisiennes, mais elles font avec cœur...matin, midi et soir...
Quelques photographes amateurs ce midi...
A force de post et de commentaires de demandes a l'aide auprès des élus de la municipalité, (elle a dit " inutile de pourrir mon mur " même) l'armée du salut serait missionnée pour assurer des distributions de repas le soir à partir de demain ! Enfin ! On a pas tout perdu même si bien trop peu... Mais ça encourage a ne rien lâcher !
Un rdv a la mairie de Paris décroché.
Mais en attendant et depuis trop longtemps... Plus de 400 personnes y dormiront ce soir...
Insoutenable
Je rabâche... Mais on ne s'habitue pas à cela car cela ne devrait pas exister... Toujours la même colère... "


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Asse 15027 partages Voir son profil
Voir son blog