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Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 189

Publié le 29 mai 2016 par Antropologia

Nuit debout

Pour établir entre nous des règles qui fixent nos relations, nous nous donnons ce qu’il est possible d’appeler des « formes d’organisations ». Elles nous semblent généralement si naturelles que nous les percevons comme des nécessités nées des circonstances.

Ainsi les « nuits debout » se sont emparées même la nuit, d’un espace public pour présenter à leur manière leurs revendications et leurs objectifs. Le modèle me semble issu des ZAD (Zones A Défendre) mises en œuvre au barrage de Sivens et à Notre-Dame des Landes mais aussi des Indignados espagnols qui ont occupé des dizaines de places dont à Madrid, la Puerta del Sol. Des militants s’installent dans un endroit qu’ils défendent contre toute intervention des opposants et des forces de police. Je crois voir ainsi naître une nouvelle forme d’organisation qui comme toutes, surgissent à un moment de l’histoire.

Dans Les primitifs de la révolte à l’époque moderne, Eric Hobsbawn remarquait que les ouvriers anglais s’organisaient au milieu du XIXème comme les sectes protestantes qu’ils avaient sous les yeux. A la même époque, les métayers et résiniers landais défilaient au pas, encadrés par des gradés, quelques uns des leurs munis de galons. Le modèle militaire constituait l’exemple qu’ils voulaient imiter. Les fédérations d’industrie de nos syndicats reprennent, étendues à l’échelle nationale, les divisions des anciennes corporations.

Nuit debout me semble proposer un nouveau modèle qui est né sous nos yeux et dont nous verrons l’ampleur et la persistance d’autant que nous en sommes les acteurs.

Bernard Traimond



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