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Kristen stewart - interview

Par Aelezig

Source : Marie-Claire - Mai 2016

2016, année Kristen Stewart avec cinq films annoncés dont le Woody Allen, en ouverture du Festival de Cannes. Des choix qui disent ce qu'est l'actrice américaine et égérie Chanel. Une jeune femme qui - du look à la sexualité - maîtrise les codes de son temps et en joue sans s'y réduire. Au point de devenir une des personnalités les plus scrutées.

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Kristen Stewart sait ce qu'elle veut : ne pas s'emmerder ni être emmerdée. Elle ne le dit pas comme ça, mais le dit quand même. Alors que son idylle avec la chanteuse Soko* nourrit les colonnes des magazines people, elle est en mode super-alerte. Il est 10 heures à Los Angeles, 19 heures à Paris, la voix de la rebelle très belle égérie Chanel transforme la ligne téléphonique en piste cahoteuse. Un parcours âpre, qui vaut l'effort. Kristen Stewart est rock. Intelligente, lucide, animale, elle joue comme elle respire. Dans le court métrange Once and forever, vrai faux tournage réalisé en 2015 par Karl Lagerfeld, elle était une jeune actrice capricieuse incarnant Gabrielle Chanel. Muse du couturier depuis deux ans déjà, Kristen a le (beau) monde à ses pieds. Woddy Allen lui a confié le premier rôle féminin dans Café Society, qui va ouvrir le Festival de Cannes. Olivier Assayas l'a fait tourner dans Personnal shopper, deux ans après Sils Maria, qui lui avait valu, grande première, le César du meilleur second rôle. Twilight est loin. La baby star est devenue une figure de l'Amérique qu'on aime, une muse arty qui joue le jeu. Le sien

Café Society, le dernier Woody Allen, va ouvrir le Festival de Cannes. Rêviez-vous de travailler avec lui ?

L'idée de travailler avec Woody Allen était intimidante. Pendant les auditions, j'ai douté de ma légitimité. A la fin, j'étais vraiment content, je me sentais ancrée, enracinée. Il est profondément intelligent, sa façon décalée d'appréhender les choses... Il instille de la profondeur dans des moments de pure comédie, cette légèreté bizarre est vraiment impressionnante. J'ai eu de la chance.

Y a-t-il un endroit sur terre où personne ne vous connaît ?

C'est étrange parce que c'est moi qui le dis, mais si j'essaie d'être objective, je peux vous dire : "Putain, non, nulle part." Rencontrer des gens qui s'en foutent, qui ont d'autres priorités, est vraiment agréable. Je ne suis pas super-timide ou réservée, mais je ne suis pas non plus la personne la plus extravertie. Me sentir en permanence scrutée... Face à ça, j'ai développé une acuité dingue. Ca peut me rendre complètement parano, genre : "Je jure devant Dieu qu'on est en train d'écouter ce que je dis."

Votre vie est définie par votre métier...

Oui ! Ma vie est déformée par mon métier, c'est bizarre, parce que c'est lié au boulot lui-même. En tant qu'acteurs, nous devons être totalement "spontanés" et "dirigés", cela dans des circonstances elles-mêmes sous contrôle. Planifier la spontanéité c'est, par nature, une contradiction. Je vis un peu de la même manière. J'aime bien vivre dans le moment présent, mais je dois aussi me protéger. Dans ma vie, ne pas bousculer le planning est un effort mais ça me permet de connaître des moments de spontanéité. Ca demande un peu d'organisation. Parfois, vous vous dites justes : "Fuck it !", vous faites des trucs idiots et ce n'est pas grave. A la fin de la journée, les moments que vous avez vécus sont à vous. Je ne me soucie pas de mon image en général, tant que je peux vivre ma vie. Je me fous de qui la consomme.

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Sur le tournage de Café Society avec Woody Allen et Jesse Eisenberg

Qu'aimez-vous dans la célébrité ?

Etre acteur, cela crée des liens ultra-forts avec des gens que, parfois, vous venez juste de rencontrer. La célébrité m'amène à partager cela à très grande échelle. On fait des films pour se rapprocher des autres, se comprendre. J'ai de la chance, j'adore ce que je fais, je fais des rencontres incroyables.

Que détestez-vous dans la célébrité ?

Perdre du temps à en parler. C'es tout le temps, comme maintenant, on est au téléphone depuis huit minutes, on n'a parlé que de ça. Il n'y a pas grand-chose à en dire, et personne n'a envie de vous entendre vous plaindre sur un métier que beaucoup de gens rêvent de faire.

Il paraît que votre équipe sur les séances photos est incroyablement cool et efficace. Vous est-il déjà arrivé de virer quelqu'un ?

N'ayant jamais réalisé de film, je n'ai pas d'employés à virer.

Ca arrive pourtant que des acteurs virent leur agent, leur attaché de presse...

Je travaille avec la même équipe depuis mes 12 ans. La même styliste, la même publiciste, le même agent, je n'ai pas de manager. On est comme une famille, on fait du bon boulot. Il m'est arrivé en tournage sur un plateau, d'être photographiée par des gens (qui n'avaient rien à faire là, ndlr), mon staff me protège, ils ont viré ces fils de pute.

Vous avez grandi avec trois frères. Votre mère vous disait-elle : "Kristen, tu es belle" ?

Oui, tout le temps ! Constamment ! On était si proches quand j'étais petite, nous le sommes toujours. On était comme des potes, les seules filles de la famille, elle m'emmenait partout. Très jeune, je me suis retrouvée avec des adultes, et je pense que c'est  très important de traiter les enfants comme ça. En leur laissant une marge d'implication et d'interaction, comme s'ils étaient déjà ce que vous voulez qu'ils soient. J'étais sa pote. Eh oui, sa putain de petite fille chérie !

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Personal shopper

Quand vous vous regardez dans un miroir, aimez-vous ce que vous voyez ?

Honnêtement, mec, quand j'étais petite... je sais qu'il n'y a pas plus énervant quand les actrices ou les gens considérés comme séduisants balancent des conneries du genre "J'étais tellement moche", mais je vais vous dire : j'étais comme mon frère jusqu'à mes 14 ans. Epouvantablement inquiète à cause de ça, vraiment bizarre, totalement dégingandée, gauche, on me prenait pour un garçon. En permanence. La première fois qu'on m'a posé un micro, l'ingénieur du son a mis du scotch sur ma poitrine - n'allez pas en faire une hisoitre bizarre, j'avais 10 ans. Il appuyait fort, en disant : "Hey, tu es un môme costaud, ça va fiston ?" Et moi j'ai répondu avec ma petite voix : "Ben non, arrêtez." Et c'était comme ça absolument tout le temps. A un moment, ça m'a plu d'être traitée comme quelqu'un de mon genre. Mais est-ce que je m'aime ? Drôle de question. Je suis heureuse, j'ai beaucoup de chance, je suis en bonne santé, et j'ai conscience de tout ça.

Vous étiez apparemment un garçon manqué. Vous vous bagarriez, enfant ?

Non, je ne me suis jamais vraiment bagarrée, au sens où je n'ai pas reçu ni donné de coup de poing. Mais étant la plus jeune, j'étais vraiment dans la compétition, à l'excès. Parfois, je m'embarrasse moi-même, j'y vais trop fort, et les gens me disent : "Calme-toi". Mais me battre, non ! Je ne veux pas faire de mal aux gens.

Quand vous aviez 20 ans, vous avez joué le jeu de la femme féminine, avec vos cheveux longs. Pourquoi les avez-vous coupés ?

J'ai coupé mes cheveux pour un film, Equals, qui va sortir bientôt. Ca se passe dans une réalité dystopique, où tous les êtres sont génétiquement modifiés pour être égaux et veiller sur le groupe, ils partagent la ême curiosité. On a tous la même apparnce. J'adore avoir les cheveux longs, mais je me sens bien avec les cheveux courts, comme si je ne me cachais plus derrière un voile. C'est une nouvelle version de moi-même.

Les cheveux longs envoient un message, celui de la féminité.

Tout le monde aime les cheveux longs. Résultat : tout le monde se ressemble. Notre génération est en train de façonner une nouvelle manière d'être soi-même, détachée de ces conventions dépassées qui dictent ce qui est valorisant et à quoi on devrait ressembler. Tant de filles seraient dévastées, terrifiées si on leur coupait les cheveux : "Oh mon dieu, je ne suis plus jolie !" Mais si, vous l'êtes ! C'est en train de changer, très vite d'ailleurs, l'acceptation de cette nature ambiguë. De plus en plus, les gens sont regardés comme des individus. C'est cool, et assez facile au fond. Les gens qui ne s'autorisent pas à ressembler à ce qu'ils voudraient être vraiment, à cause de ce qu'on pourrait penser d'eux, me font de la peine. C'est merdique, tout simplement horrible.

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Avec Karl Lagerfeld

Ma question va peut-être vous paraître superficielle mais avez-vous noté une différence dans le regard porté sur vous ?

Depuis que j'ai les cheveux courts, oui, il y a des gens qui ne me regardent plus. Des connards genre : "Je ne te kiffe plus autant !" Au début, quand je sortais sans ces long cheveux, j'ai ressenti ça : "Wow, l'expérience est légèrement différente."

Qu'est-ce qui est pire, selon vous, à Hollywwod : être une femme, être noir ou être gay ?

Je n'ai pas une vaste expérience de cela, je n'ai pas grand-chose à en dire.

Qu'avez-vous à dire au groupe d'hommes qui régit Hollywood ?

Rien, sauf : "Continuez à faire de bons films, nous essayons de faire la même chose !" J'ai pleinement conscience de la chance que j'ai, du nombre d'opportunités entre mes mains. Pour moi, être une femme dans l'industrie du cinéma n'a rien de stressant, même si, c'est vrai, les rôles pour nous sont moins nombreux. Je ne peux pas ignorer qu'il y a une vraie lutte sur ce sujet mais, pour être honnête, je n'ai pas ça en tête en ce moment, je travaille beaucoup, ça marche bien, et j'en suis ravie.

Vous n'emboîtez donc pas le pas à Jennifer Lawrence, qui part en guerre contre la disparité de revenus entre actrices et acteurs ?

Non, en ce moment, je bosse sur des petits films dans lesquels on est comme une famille, tous au même niveau.

Y a-t-il un moment, dans votre vie, où vous ne vous êtes pas sentie libre ?

Dans la vie, vous êtes souvent votre pire ennemie. Nous sommes tous prisonniers de nous-mêmes d'une façon ou d'une autre, grandir et trouver qui on est, c'est le but, non ? J'apprécie vraiment de vieillir. Chaque jour qui passe, je me sens plus libre, plus proche de ce que je veux être, c'est de plus en plus facile. Je me regarde et je me dis : "Ca va, mec, du calme."

Vous vous aimez ?

Regarder les gens qui vous entourent est une bonne façon de mesurer votre propre valeur. Mes amis et les personnes avec qui je travaille sont exceptionnels. Mon travail est ma vie, ma vie est mon travail. Donc, oui, je regard ces gens incroyables autour de moi. Je suis dans leur vie parce qu'ils sont formidables. A l'inverse, s'ils sont là, il y a bien une raison, je dois être assez cool.

* Elle se sont déjà séparées...


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