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Max et moi

Publié le 17 juin 2008 par Journaldecharlotte
Max est arrivé à l'avance hier. Toujours fidèle à lui-même, grand «toucheux», il m'a serrée fort. On était contents de se retrouver. C'était la première fois qu'on passait un moment seuls ensemble depuis plus de 20 ans. On a papoté un peu de la raison de sa venue dans la région. On a aussi parlé de sa relation avec sa conjointe, la mère de ses enfants, de leur séparation l'an dernier.
Max est en train de faire un grand saut dans la vie. Il ne sait pas si sa blonde, avec qui il vit encore pour des raisons professionnelles - ils ont une entreprise ensemble - va faire le cheminement nécessaire afin qu'ils puissent rester ensemble. Manifestemment, elle refuse la thérapie ce qui l'amène à agir d'une façon que Max ne supporte plus au point de claquer la porte parfois alors qu'ils tentent de discuter. Connaissant Max, c'est hors de son être propre d'être ainsi. Je ne l'ai jamais vu être autant fâché et nous sommes quand même restés plusieurs années ensemble.
Elle lui demande de changer, «d'être plus romantique, mais comment l'être quand on n'aime plus ?» m'a-t-il dit. De son côté, Max lui demande d'arrêter de jouer au «ti boss» et d'apprendre à parler autrement, à devenir plus sociable aussi. «C'est peut-être la ménopause qui la fait agir ainsi, j'en sais rien, mais c'est insupportable. Elle n'était pas ainsi avant...» m'a-t-il dit d'un air découragé.
Comme moi, Max aime relever des défis en tous genres et se laisse porter là où la vie l'emmène. On n'a pas de plan de carrière mais on trouve toujours un espace où évoluer, apprendre, découvrir, grandir. Massothérapeute et homme d'affaires, il vient proposer un projet à une entreprise avec laquelle il a rendez-vous mercredi. Si le projet est accepté, il viendra s'installer dans la région.
Nous nous sommes préparés de petites pizzas tout en papotant de la vie et de nos projets. Comme il y a 25 ans, on ne se nuisait pas dans la cuisine, chacun à son poste.
- Des oignons ?
- Oui, tous fins pour qu'ils cuisent plus vite.
- Pesto et fromage de chèvre, mmmhhhh...
- Oui, ça va être super bon, dit Max en se frottant les mains de plaisir.
- Asperges ?
- Oui et artichauts aussi !!!

On a sorti la bouteille de rosé qui était au frais dans le fond de mon frigo depuis des mois et on a trinqué à nos retrouvailles. Les pizzas ont été très réussies et avalées avec bon appétit.
On s'est ensuite installés sur le canapé du salon avec notre verre de vin et on a regardé des photos de notre jeunesse ensemble. Max avait alors une barbe et des beaux cheveux bouclés. Quelques kilos en trop aussi, contrairement à aujourd'hui où il est chauve et mince. On a ri en se remémorant certains souvenirs de nos voyages, de bons moments passés ensemble.
Max m'a alors pris une main et nous avons commencé la «danse des mains». Des effleurements agréables pour des retrouvailles en douceur.
- C'est agréable, m'a-t-il dit.
- C'est romantique, ai-je répondu en le regardant d'un air complice. On a ri doucement en pensant à son ex qui lui reproche de ne pas l'être avec elle.
On s'est serrés fort, un petit bec... On s'est rapprochés.
- Je suis en grand manque affectif, m'a alors dit Max.
- Je n'ai plus ce vide qui tord les trippes, lui ai-je répondu. Je trouve que ça va quasiment trop vite...
Max a ri :
- On est en terrain connu, pourtant !
- Connu d'il y a 20 ans, oui, mais c'est comme si c'était nouveau aujourd'hui !
Surtout, et j'en avais parlé à Max au souper, je n'ai plus envie de juste «me faire du bien» avec un homme. Je l'ai fait très longtemps. Aujourd'hui, je veux partager des moments intimes avec un homme qui aura envie de construire une relation avec moi. Max en est loin...
On a continué à échanger de la tendresse. C'était comme il y a 20 ans. L'espace d'un instant, on était revenus au point qu'on avait laissé alors, dont on n'a jamais parlé. La tendresse qu'on a toujours eue l'un pour l'autre était toujours la même, avec le vécu en plus.
- Je ne sais pas ce qui va se passer avec la mère de mes enfants, de dire Max un moment donné. Si elle accepte de changer, alors on pourra peut-être revenir ensemble. Je ne veux pas que tu aies d'attentes. Je ne veux pas te blesser.
- Et je ne veux pas l'être non plus, c'est pour ça que je ne suis pas sûre d'avoir envie qu'on aille plus loin. Mais, dis-moi, es-tu encore amoureux d'elle ?
Pour les avoir vus de temps en temps au fil des années, et avoir toujours eu l'impression qu'ils étaient des colocataires plus qu'un couple, c'était LA question...
- Je ne sais pas. Quand elle est partie vivre à Montréal l'hiver dernier pour prendre son cours, je me suis senti libéré. Aussi, avec son attitude de ti boss, y'a rien qui m'attire vers elle. En plus, ça fait longtemps que je sens qu'elle n'a plus de désir pour moi...
- Te connaissant, ça doit te manquer...
- Oui... J'ai eu des aventures pendant que j'étais avec elle. Elle le savait.
- Tu lui as dit ?
- Oui, chaque fois... Elle ne disait rien.
- Ça n'aide pas un couple, ça...
- Oui mais quand tu fais l'amour une fois par mois et encore, en sentant que l'autre se force, t'as envie de vivre autre chose...
Je le comprenais...
- Tu sais, a-t-il continué, quand je regarde les couples qui vont bien autour de moi, ils n'ont pas d'enfants. Les autres, ils restent ensemble pour les enfants...
Combien de couples restent ensemble pour les enfants mais ne sont pas heureux ? Beaucoup plus qu'on pense, hélas...
Finalement, j'ai donné la clé de mon auto à Max et il est parti dormir chez la personne qui l'héberge cette semaine. On se revoit jeudi soir car il repart vendredi...
mm

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