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L’illusion de connaissance chez l’investisseur boursier

Publié le 23 juin 2016 par Martin Raymond @investiralabour
L’illusion de connaissance chez l’investisseur boursier

Grâce à l'avènement du Web, les investisseurs boursiers ont maintenant accès à une information économique et financière précise, bien documentée et décortiquée de toutes les manières. L'information financière est transmise plus rapidement et de façon plus démocratique qu'auparavant.

L'illusion de connaissance chez l'investisseur boursier

Or, pour les psychosociologues des marchés boursiers, un énorme accroissement de la quantité et de la qualité de l'information transmise aux investisseurs boursiers ne se traduit pas systématiquement par de meilleures prévisions. Au-delà d'un certain seuil, une nouvelle information n'améliore pratiquement plus la précision du jugement prédictif des investisseurs boursiers.

Cependant, consolons-nous, car nous ne sommes pas les seuls à vivre cette situation. Les médecins, les ingénieurs, les psychologues, les avocats et plusieurs autres professionnels seraient aussi des "victimes inconscientes" de ce phénomène que les experts appelle l'illusion de connaissance.

À cet effet, une recherche portant sur des psychologues cliniciens est très révélatrice. L'étude consistait à leur demander de poser un diagnostic sur un certains nombres de cas individuels, tout en leur fournissant une même quantité d'information pour chaque cas. Lorsque l'information était plutôt sommaire, les psychologues estimaient qu'ils sauraient poser un bon diagnostic dans 33% des cas, alors que leur véritable taux de réussite a été de 26% en moyenne.

Lorsque l'information sur chaque cas clinique à été fortement augmentée, ils ont évalué leur taux de réussite potentielle à 53%, alors qu'en réalité il n'a été que de 28% en moyenne.

Une autre expérience menée par le professeur Michael Gazzaniga, chercheur au Darmouth College's Center for Cognitive Neuroscience, suffit à illustrer la quête de régularité chez l'individu. L'expérience consistait à mettre en comparaison le comportement des humains et des rats en rapport à une même tâche: observer le clignotement de deux lumières (une rouge et une verte) qui s'allument tour à tour de façon aléatoire et deviner laquelle des deux s'allumera à chaque occasion et alors, en cas de bon choix, avoir droit à une récompense; un morceau de fromage.. Les responsables de l'expérience avaient programmé les deux lumières pour que la verte s'allume 80% des fois, et la rouge, 20%.

Selon vous qui a gagné? Eh oui, les rats!

Le rongeur choisissait à chaque fois la lumière verte, et il recevait ainsi sa récompense 8 fois sur 10. Les sujets humains, même après avoir été mis au courant que la séquence d'allumage était aléatoire, tentaient de joueur au plus fin en essayant de découvrir une régularité leur permettant de faire mieux que le 8 fois sur 10. Résultat: leur taux de succès ne fut que de 68%.

Bien que l'excès de confiance soit une caractéristique des deux sexes, les hommes ont tendance à faire preuve d'un excès de confiance plus élevé. Or, en matière d'investissement boursier, les hommes obtiennent de moins bons rendements que les femmes. Cette attitude ancrée en eux, les incite à effectuer plus de transactions que les femmes (67% de plus). Résultat: la performance des hommes laisse échapper 1.44% de rendement annualisé par rapport aux femmes.

L'illusion de connaissance est un piège omniprésent qui guette l'investisseur boursier. Les individus, surtout dans le domaine de l'investissement en Bourse, sont persuadés que leur capacité à faire de bonnes prévisions est proportionnelle à la masse d'information qu'ils emmagasinent. En réalité, c'est loin d'être le cas.

La théorie de la finance behavioriste fournit trois raisons à ce déplorable état de fait:

  1. Certaines informations financières ne sont d'aucune utilité pour faire de nous de meilleurs investisseurs boursiers.
  2. Une majorité d'investisseurs en Bourse n'ont ni l'expérience ni les connaissances pour interpréter correctement l'information.
  3. Trop d'investisseurs boursiers sont à la recherche d'informations qui confirment, dans leur esprit, leurs opinions douteuses et leurs préjugés.

Sur ce, excusez moi pour ce moment de désillusion.

Par Martin Raymond

Source: Lettre ouverte aux investisseurs irresponsables, André Gosselin.

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