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La cathédrale Saint-Louis de Versailles (II)

Par Artetvia

Poursuivons notre découverte – commencée la semaine dernière – de la cathédrale Saint-Louis de Versailles, grâce à Jean-Baptiste Champion !

L’église Saint-Louis est un superbe édifice religieux, qui constitue un mélange réussi d’architecture italienne issue de la Contre-Réforme et de classicisme français fortement structuré, mais adouci par le rocaille Louis XV. L’architecte a par ailleurs glissé quelques clins d’œil rococos venus d’Europe de l’est, sans doute pour plaire à la reine Marie Leczinska. Il est vrai que les campaniles galbés à la couverture bulbeuse encadrant la façade sont assez inhabituels en France. Le reste, notamment le plan intérieur en croix latine avec déambulatoire est tout à fait traditionnel en France depuis l’époque gothique. Louis XV, puis Louis XVI, firent appel aux plus grands artistes du temps pour le mobilier et les décors intérieurs. Or, contrairement à l’église Notre-Dame qui a énormément souffert à la Révolution, Saint-Louis au contraire a été miraculeusement préservée. Le visiteur d’aujourd’hui a donc la chance de voir cette église avec quasiment tout son mobilier et ses décors d’origine, ce qui, il faut bien le dire, est particulièrement rare en France. Le XIXe siècle est venu embellir encore l’ensemble, notamment par l’ajout de vitraux qui ont certes fait perdre en luminosité, mais dont on ne peut nier la qualité de réalisation (cf. les deux superbes vitraux de la manufacture de Sèvres dans la chapelle de la Vierge).

Cathédrale Saint-Louis - Versailles

Pour ce qui est du mobilier, voici ce que vous pourrez admirer.

Les lustres en cristal. Suspendus à leur gaine de velours rouge, ils éclairent l’ensemble de l’édifice d’un bout à l’autre. Les six lustres se trouvant dans le choeur ont été offerts en 1760 par la reine Marie Leczinska elle-même.

Les bénitiers et les fonds baptismaux. Ils ont été sculptés dans le marbre par le sculpteur Louis-Etienne Hersent (1741-1817). Les superbes bénitiers de marbre blanc adoptent la forme de grandes coquilles reposant sur des pieds en gaine.

La chaire à prêcher et le banc d’oeuvre. Tous deux d’origine également, ils sont placés l’un en face de l’autre juste avant le transept. La chaire est assez sobre, ornée seulement d’un panneau central sculpté du triangle de la Trinité et couverte d’un bel abat-voix. Le banc d’oeuvre, lui, où ces messieurs du syndic de la paroisse venaient s’installer pendant l’office, est superbement sculpté. Il est surmonté de deux angelots encadrant les initiales S.L. (Saint-Louis) et soutenant la couronne royale.

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Orgue
– Les grandes orgues. Elles sont absolument exceptionnelles, sans doute parmi les plus belles de France. Commandées en 1759 par le roi Louis XV au plus grand facteur d’orgue du temps, Louis-Alexandre Clicquot (1684-1760), elles ont été achevées par son fils François-Henri (1732-1790). Elles mesurent 12 mètres de haut et sont posées elles-mêmes sur une magnifique tribune de pierre à 15 mètres de hauteur. L’instrument comporte plus de 3 000 tuyaux, dont plus de la moitié sont d’origine. Mais seuls 90 sont visibles en façade. Il pèse très très lourd, 53 tonnes. Inauguré en 1761, il a fêté ses 250 ans en 2011.

En faisant le tour de l’église, vous pourrez admirer un certain nombre de chapelles, dont la plupart conservent leurs confessionnaux du XVIIIe siècle. Tous les autels sont surmontés de magnifiques retables dont les tableaux furent sélectionnés au Salon de 1761 :

Chapelle des fonds baptismaux, avec Le Baptême du Christ, superbe tableau de Charles-Amédée Van Loo (1719-1795).

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Monument au Duc de Berry
Chapelle Saint-Charles. Cette chapelle est connue pour accueillir depuis la Restauration le Monument du duc de Berry. Un soir de février 1820 à Paris, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, neveu du roi Louis XVIII, sort d’une représentation à l’opéra vers 11h du soir. Un ouvrier nommé Louvel se jette sur lui et lui plante une alêne de cordonnier dans le coeur. De l’aveu de l’assassin, c’était la race des Bourbons elle-même qu’il voulait éteindre en assassinant le seul membre de la famille qui pouvait encore avoir des enfants mâles. Mais durant sa longue agonie, le duc de Berry révèle que sa femme est enceinte. Au mois de septembre suivant, elle accouchera d’un petit garçon, nommé Henri, que l’on appellera alors « l’enfant du miracle ». En souvenir de cet assassinat, la ville de Versailles, ville natale du duc de Berry, décida de lui ériger ce monument. Elle fit appel à l’un des plus grands sculpteurs de l’époque, James Pradier (1790-1852), qui réalisa ce magnifique groupe sculpté en marbre, où le prince est représenté mourant dans les bras de la Religion. Sur le côté du monument est gravée la phrase que le prince répéta plusieurs fois durant son agonie, sachant le sort qui allait être réservé à son assassin : « Grâce ! Grâce pour l’homme ! ». Louvel fut néanmoins guillotiné quatre mois plus tard en place de Grève…

Versailles - Cathédrale Saint-Louis - Chaire
Chapelle Saint Jean-Baptiste : Outre un superbe tableau de François Boucher représentant Saint Jean-Baptiste prêchant au désert, on trouve surtout un vestige très émouvant du vieux Versailles. En effet, c’est dans cette chapelle qu’a été placé l’ancien autel de la vieille église Saint-Julien que Louis XIV avait fait détruire. Il avait été préservé à cette époque et fut replacé ici lors de la construction de la nouvelle église Saint-Louis. Parvenu intact jusqu’à nous, il constitue un élément essentiel de l’histoire de Versailles. Les panneaux, sculptés dans le chêne au début du XVIIe siècle, représentent : à gauche, saint Joseph et l’Enfant-Jésus. Au centre, sur le tabernacle, le baptême du Christ. A droite, Sainte Elisabeth de Hongrie faisant l’aumône aux pauvres.

Je m’arrête là et vous laisse continuer la visite seuls… Il n’y a que des belles choses à voir !

Mais au fait, et la cathédrale dans tout ça ? Et bien, aussi surprenant que cela puisse paraître, vous savez maintenant que cette énorme église Saint-Louis n’était qu’une simple église paroissiale jusqu’à la Révolution. Mais lorsque les départements furent créés, Versailles devint préfecture et siège d’un nouvel évêché. Le nouvel évêque dut donc choisir une des églises pour en faire une cathédrale. Après avoir hésité, il finit par choisir Saint-Louis qui était la plus grande église de la ville. Voilà, vous savez tout !


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