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[Critique] Bastille Day

Par Régis Marton @LeBlurayphile

Un film de James Watkins

Avec : Idris Elba, Richard Madden, Charlotte Le Bon, José Garcia, Kelly Reilly...

Michael Mason, un pickpocket américain, devient l'homme le plus recherché par la CIA à Paris lorsqu'il vole ce qu'il croyait être un simple sac. Sean Briar, l'agent chargé de l'enquête, se rend rapidement compte que Michael n'est qu'un pion dans le vaste complot qui se prépare, et il le recrute pour remonter jusqu'à la source. Commence alors une course contre la montre, où les deux hommes vont devoir faire équipe pour déjouer les plans d'une puissante organisation dont ils sont désormais les cibles...

Paris brûle-t-il ?

Jusqu'ici James Watkins n'avait travaillé, d'abord en tant que scénariste puis réalisateur, que sur des films fantastiques ou horrifiques (dont l'excellent Eden Lake). C'est sans doute pour se prouver à lui-même qu'il était capable d'exceller dans d'autres genres qu'il s'est lancé dans la tache de mettre au point un polar d'action, dans la lignée de Die Hard, la référence incontournable en la matière. Le choix d'ancrer son scénario à Paris lui est-il venu du fait que son principal producteur, StudioCanal, soit français, ou est-ce le contraire ? Toujours est-il que les pauvres français que nous sommes ne pouvions attendre ce Bastille Day qu'avec l'œil suspicieux de ces témoins impuissants voyant leurs décors quotidiens transformés en un terrain de jeu mal maîtrisé. Un constat assez paradoxal se fait toutefois à la vue des premières images, d'une part la place, assez rassurante, de quelques français dans le casting qui ne nous fassent pas subir une version de Paris 100% anglophone, quand bien même il ne s'agit " que " de Charlotte Le Bon et de José Garcia, dont la réputation locale n'est pas forcément assimilable au genre en question, et d'autre part que, malgré ses

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propres origines britanniques, qu'il partage d'ailleurs avec ses acteurs principaux, ses héros sont des américains. Or, on connait la façon qu'ont nos amis yankees à s'auto-représenter dans des pays étrangers, dans un imaginaire impérialiste qui ferait automatiquement d'eux les sauveurs du monde. Et on n'y coupe pas dans ce Bastille Day, où Idris Elba incarne un super-agent de la CIA en quête de rédemption (schéma classique s'il en est), avec le charisme qu'on lui connait mais une prestation qui n'est finalement que la prolongation de son personnage de Luther. A ses côtés, Richard Madden (le Robb Stark de Game of Thrones) prête ses traits à un pickpocket, un stéréotype du voleur rusé et pas méchant. A eux deux, ils forment un duo mal assorti qui est la seule source d'humour qui apporte un peu de légèreté à cet actionner testostéroné. Mais que vaut vraiment l'action du film ? Pas grand-chose: Des scènes de courses-poursuite et de castagne, souffrant toutes d'un découpage relativement correct (même si on se surprend à y apercevoir des plans d'une qualité inférieure, probablement tournés à l'Iphone). Mais jamais la mise en scène n'ira proposer de fulgurances qui fasse dépasser le film du niveau des nombreux actionners comparables sortant directement en vidéo (on pense à MI-5 Infiltration et autres Cold Blood)

Le complotisme pour les nuls

Sa durée assez courte permet au film de ne pas souffrir de temps mort. C'est aussi parce qu'il est court que son intrigue est à ce point mal développée. Plutôt que d'utiliser Paris pour ses images de carte postales auxquelles le cinéma hollywoodien l'a longtemps réduit,

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Watkins essaie tant bien que mal d'exploiter le contexte politico-social français comme un socle à son scénario. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela que l'on ne voit que très peu les décors parisiens dans son film, en dehors de la scène d'ouverture et d'un inévitable plan sur la Tour Eiffel. Quand bien même son intention est louable, elle va vite tourner à une vision terriblement réductrice tant le réalisateur ne semble pas avoir approfondi ses repérages et être resté attaché à des clichés : Ainsi, selon lui, le spectre politique se limiterait à un pouvoir étatique et régalien parfaitement impuissant, voire corrompu, à un parti politique d'opposition nationaliste et des groupuscules d'anarcho-gauchistes dopés à Internet. L'ambiance sociale est, quand à elle caractérisée par des flux de migrants et des tensions quand à leur traitement, sans oublier les inévitables " no-go zones " chères à Fox News. En voulant créer un complot politique sur la base de ses seules figures, sans même prendre le soin de développer les motivations des dits-comploteurs, et de glisser là-dedans nos braves héros américains qui vont réussir à les empêcher de faire, le scénario perd en crédibilité. Pire encore, l'enquête menée par son fameux héros n'a que que peu d'impact sur le développement du récit, les deux uniques twists du film n'étant pas de son ressort. Les spectateurs français (et en particulier les parisiens, particulièrement sensibles en plus aux incohérences géographiques), trouveront immanquablement grotesque cette façon d'imaginer une telle histoire, mais sans doute le public anglo-saxon y adhérera-t'il plus aisément, même s'il ne fait aucun doute que Bastille Day ne restera pas dans les annales du film d'action, tant il n'apporte strictement rien au genre.

Nos attentes pour une édition collector

Un making-of, parce que les tournages rendus compliqués par un réalisateur qui ne parle pas la langue de ses techniciens, c'est toujours rigolo.

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