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Nice : la France est loin d’en avoir fini avec la menace terroriste

Publié le 18 juillet 2016 par Ralph

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François Hollande, Manuel Valls et Jean-Marc Ayrault lors d’une visite ministérielle d’aide aux victimes au Quai d’Orsay, Ministère des affaires étrangères. Samedi 16 juillet 2016. Crédits photos : Ladli/Elysée/L. Blevennec.

NICE, par Ralph Bechani

L’attaque du 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice est un nouveau coup dur pour la France, et c’est un euphémisme tant la douleur et l’incompréhension dominent, plus que jamais. Après les attentats de Toulouse et Montauban en mai 2012, de Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher en janvier 2015, puis ceux du 13 novembre dernier à Paris et St Denis, trop c’est trop.

Entre-temps, d’autres événements ont aussi marqué l’actualité, imputables à l’Etat Islamique (EI). Le meurtre et la décapitation en juin 2015 d’un chef d’entreprise en Isère, à Saint-Quentin Fallavier, et le double assassinat d’un couple de policiers à leur domicile dans la Yvelines, en juin 2016.

Une dizaine d’attaques terroristes ont également été évitées dans l’Hexagone depuis un an, selon le rapport de la commission d’enquête parlementaire, dévoilé la semaine dernière. Le texte montre à quel point le renseignement français, la coordination avec ses partenaires internationaux, ne sont pas adaptés à la gravité de la situation.

Pire, selon Le Monde, depuis la proclamation par l’EI d’un « califat » en juin 2014, puis l’allégeance de la secte Boko Haram en 2015, nos confrères ont recensé 169 actes terroristes commis par Daesh ou ses « filiales » dans 23 pays, soit 2 500 morts, dont près de 10% rien qu’en France.

A Nice, la colère est palpable. Comment un camion de 19 tonnes a-t-il pu s’engager sur la Promenade des anglais pendant le feu d’artifice de la fête nationale ? Pourquoi François Hollande annonce t-il la fin de l’état d’urgence dans l’après-midi pour plus tard reculer face au drame qui vient de se jouer sur la Côte d’Azur ?

« Galvanisé » par le succès de l’Euro 2016, le président semblait confiant, trop confiant, lors de sa dernière interview traditionnelle du 14 juillet de son quinquennat. Clairement, le renseignement n’avait pas prévu un tel scénario et un bilan si lourd, 84 morts et des centaines de blessés.

Le risque d’un conflit durable

Le « Front National » (FN) et « Les Républicains » (LR) tirent aussi à « boulés rouges » sur le gouvernement. Fini l’union nationale, à quelques mois de la présidentielle et face à l’aggravation de la menace terroriste, chacun tire la couverture à soi.

Si la France ne met pas fin rapidement à cette vague d’attentats qui n’a que trop durée, le pays pourrait vite ressembler à Israël, toute proportion gardée. Voilà des années que l’état hébreux fait fasse au terrorisme, avec les mêmes techniques dont s’inspirent Daesh et ses « soldats ».

Attaques au couteau, à la voiture bélier, prise d’otage suivi d’une décapitation, attentat suicide dans les lieux publics… Bref, la menace s’est généralisée sous nos yeux, en France, à Bruxelles, aux Etats Unis, puis plus directement en Turquie, en Irak, en Syrie, au Yémen et en Libye.

L’enlèvement et le meurtre d’Hervé Gourdel fin 2014 en Algérie montrent aussi la fragilité du pouvoir algérien alors que la Tunisie tente de préserver son semblant de démocratie face à la violence au sud du pays. A l’époque, le Niçois a été victime des membres d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) qui avait fait allégeance à Daesh quelques jours plus tôt.

A plusieurs reprises, ici, puis à la radio, nous dénonçons les manquements graves au sein des renseignements français, notamment. Il faut dire que les profils des assaillants sont multiples et complexes. Seul point commun, ils se revendiquent tous d’un « islam radical ».

Justement, à force de dire n’importe quoi parfois les « experts », les médias, brouillent la capacité de chacun à se faire une idée claire de la menace. Daesh n’est pas Salafiste! C’est une mouvance islamiste sunnite d’un nouveau genre, d’une nouvelle école du Coran.

Trop d’approximation

Le Salafisme est l’expression internationaliste du Wahhabisme, doctrine de la famille « Al Saoud » qui règne sur l’Arabie Saoudite. Elle consiste à appliquer la « Charia » à la lettre dans les préceptes de Mahomet. En opposition, les Chiites suivent la voie d’Ali, le gendre et cousin du prophète.

L’Etat Islamique, lui, combat à la fois les Sunnites, qu’ils soient Salafistes, Wahhabites, ou modérée, tel le Malékisme, dont la plupart des musulmans se revendiquent, et se bat donc également contre les Chiites, comme Bachar El Assad par exemple qui est Alaouite, ou le pouvoir iranien entre autres.

Nous sommes donc face à un Islam beaucoup plus rigoriste que les régimes répressifs déjà connus. Cela semblait invraisemblable d’imaginer une violence plus singulière, mais l’EI l’a fait. Le groupe djihadiste est pourtant replié sur lui-même en Irak, en Syrie et en Libye.

Après la chute de plusieurs de ses bastions, dont Falloudja en Irak, les soldats ont fait des découvertes assez parlantes. La plupart des combattants étaient cachés dans des « trous » au sein de galeries de tunnels creusés à la hâte. D’autres prospèrent encore mais chaque jour la coalition internationale et les Russes frappent les deux pays.

Les milices chiites iraniennes et du Hezbollah, les Kurdes irakiens, syriens et turques, font aussi parti de ce « gloubi-boulga » guerrier qui n’est pas prêt de prendre fin. La présence d’une multitude de groupes islamistes plus ou moins radicalisés, appartenant à Al-Qaïda ou ayant fait allégeance à Daesh, viennent aussi et surtout ajouter à la gravité d’une situation inextricable, de la complexité.


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