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La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel

Publié le 20 juillet 2016 par Montagnessavoie
Romain Puértolas, La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel, 2015.
Lu en une petite après-midi, adopté, validé ! Idéal pour la plage, donc, puisque certains y sont et que d'autres y vont ! Si vous avez été séduits par l'histoire du fakir enfermé dans son armoire Ikea (quoi?? vous ne l'avez pas encore lu ??), premier opus de l'auteur, vous aimerez aussi la prose décoiffante de Romain Puértolas et sa façon de déconstruire en construisant, de vous brouiller les pistes et de vous faire des clins d'oeil amusés au lecteur qu'il manipule encore une fois avec brio dans ce roman. La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel
Tout commence chez le coiffeur, quand monsieur Machin, aiguilleur du ciel à Orly de sa profession, se met à raconter une histoire à dormir debout à celui qui est chargé de lui couper la tignasse. L'histoire de sa factrice qui, un jour, s'est mise à voler. Jusque là on se dit ok, on est encore dans l'absurde le plus total, chouette, on va s'amuser ! Cependant, comme avec le fakir, la factrice a un double fond (un truc de magie) : lui, pendant son périple, il croisait des migrants et on se prenait en pleine face la situation actuelle d'humains qu'on ignore trop souvent ; elle, elle doit absolument se rendre au Maroc où l'attend Zahera, la petite fille atteinte de mucoviscidose, qu'elle vient d'adopter et qu'elle projette de ramener en France pour lui offrir de meilleures chances de survie. Bim, lecteur, prends ça dans la figure ! Gros problème pour Providence la bien-nommée, tous les avions sont cloués au sol à cause du nuage de cendres dégagé par ce fameux volcan islandais au nom imprononçable. C'est alors que commence sa course poursuite pour apprendre à voler le plus vite possible, idée saugrenue qu'elle a eu à cause d'un tract que lui a donné un chinois habillé en combinaison orange dans le hall d'Orly et qui l'incite à aller voir un grand maître qui lui prodiguera les enseignements nécessaires. Vous ne suivez pas ? C'est normal ! Nous voilà à Barbès en face d'un gourou sénégalais coiffé d'un bonnet du PSG, puis dans un temple bouddhiste à Versailles avec des moines spécialistes de la réalisation de vêtements en fromage. Enfin, Providence décolle. La fin est inracontable. Pardon, LES fins. Au nombre de quatre, de la plus dramatique à la plus heureuse, à vous de choisir celle que vous garderez en mémoire. Et c'est là toute l'habileté de l'auteur, qui démonte les mécanismes de notre pensée plus séduite par le happy end que par la tragédie, mais également touché par les problèmes de fond et allergique à la mièvrerie. Je suis époustouflée ! 

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