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AIGUES-MORTES (Gard)

Publié le 27 juillet 2016 par Aelezig

Aigues-Mortes est située dans la pointe sud du département du Gard, en région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Le sud est constitué de salines, étangs et marais qui la séparent de la mer.

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Un Romain du nom de Peccius aménage les premiers marais salins et donne son nom au marais du Peccais. L'exploitation du sel avait commencé dès le Néolithique et s'était continuée à la période hellénistique, mais l'exploitation antique des salins n'a donné lieu à aucune découverte archéologique majeure et il est prévisible que ces vestiges aient été détruits par les installations des salins modernes.

En 791, Charlemagne fait ériger la tour Matafère, au milieu des marécages, pour la sûreté des pêcheurs et des ouvriers des salins. Certains avancent que la signalisation et la transmission des nouvelles motivaient également l’édification de cette tour destinée à donner l’alerte, en cas d’arrivée d’une flotte, à la tour Magne, à Nîmes. La vocation de cette tour passe du plan guerrier au plan spirituel quand Charlemagne l’octroie à l’abbaye de Bénédictins, consacrés à l’Opus Dei (l'œuvre de Dieu), dont les incessantes psalmodies donnent leur nom au couvent. Les habitants eux vivent dans des cabanes en roseau, et tirent leur subsistance de la pêche, de la chasse et de la production du sel produit dans différents petits marais salants en bordure de mer. La région est sous la domination des moines de l'abbaye de Psalmodie.

En 1240, Louis IX, qui veut se débarrasser de l'emprise des marines italiennes pour le transport des troupes pour les croisades, s'intéresse à la position stratégique que représente ce lieu pour son royaume. À cette époque, Marseille appartient à son frère Charles d'Anjou, roi de Naples, Agde au Comte de Toulouse et Montpellier au roi d'Aragon. Saint Louis souhaite un accès direct à la mer Méditerranée. Il obtient des moines de l'Abbaye la ville et les terres alentour par échange de propriétés. Il construit une route entre les marais et y bâtit la tour Carbonnière pour servir de tour de guet et ainsi protéger l'accès à la ville. Saint-Louis construit ensuite la tour de Constance pour abriter sa garnison. En 1272, le fils et successeur de Louis IX, Philippe le Hardi, ordonne la poursuite de la construction de remparts pour ceinturer complètement la petite ville. Les travaux ne s’achèveront que 30 ans plus tard.

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La ville dans ses remparts

C'est de cette ville que Louis IX part par deux fois pour les Croisades : la septième croisade en 1248 et la huitième croisade en 1270 pour Tunis, où il meurt de dysenterie.

L'ordonnance donnée en 1275 au chevalier Guillaume de Roussillon par Philippe III le Hardi et le pape Grégoire X après le concile de Lyon de 1274 en guise de renfort à Saint-Jean d'Acre en Orient, démontre que l'activité maritime y perdure toujours en vue d'une neuvième croisade qui n'aura jamais lieu. 

Au début du XIVe siècle, Philippe le Bel utilise le site fortifié pour y incarcérer les Templiers. Entre le 8 et le 11 novembre 1307, quarante-cinq d'entre eux furent mis à la question, reconnus coupables et retenus prisonniers dans la Tour de Constance.

Aigues-Mortes conserve ensuite ses privilèges accordés par les rois.

Le protestant Jean d'Harambure dit « le Borgne », commandant des chevau-légers du roi Henri IV et ancien gouverneur de Vendôme, est nommé gouverneur d'Aigues-Mortes et de la Tour Carbonnière le 4 septembre 1607. Pour ce faire, il prête serment entre les mains du connétable Henri de Montmorency, alors gouverneur du Languedoc. Mais celui-ci catholique, soutient le rival Adrien de Chanmont, Seigneur de Berichère. Le conflit dure jusqu'en 1612 et Harambure, soutenu par les pasteurs du Bas-Languedoc et les habitants finit par dominer. Il démissionne le 27 février 1615 en faveur de son fils Jean d´Harambure, mais le roi Louis XIII le rétablit pour six ans. Le 27 juillet 1616 il quitte ses fonctions au profit de Gaspard de Coligny.

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Au début du XVe siècle, d'importants travaux sont entrepris pour faciliter l'accès d'Aigues-Mortes à la mer. L'ancien Grau-Louis, creusé pour les croisades, est remplacé par le Grau-de-la-Croisette et un port est creusé à l'aplomb de la Tour de Constance. Celui-ci perd son importance, dès 1481, lorsque la Provence et Marseille sont rattachés au royaume de France. Seule l'exploitation du sel du marais de Peccais incite François Ier, en 1532, à faire relier les salins d'Aigues-Mortes à la mer. Mais ce chenal, dit Grau-Henri, s'ensable à son tour. L'ouverture, en 1752, du Grau-du-Roi résout pour un temps le problème. Celui-ci trouve enfin une solution, en 1806, en transformant Aigues-Mortes en port fluvial grâce au canal du Rhône à Sète (qui débouche dans l'étang de Thau dans la partie territoriale frontignanaise).

Pendant la Révolution française, la ville est appelée Port-Pelletier. À cette époque le port a failli disparaitre en raison d'un envasement induit par l'intensification du labour dans le bassin versant, contemporain d'une reprise des défrichements des bois et forêts à la suite de l'abolition des privilèges. Le recul du couvert boisé a favorisé l'érosion des sols et par suite un apport plus important d'alluvions qui se déposent dans les ports de la région. 

La Compagnie des Salins du Midi lance à l'été 1893 le recrutement des ouvriers pour le battage et le levage du sel. L'embauche nationale est en réduction en raison de la crise économique que connaît l'Europe et la perspective de trouver un emploi saisonnier attire, cette année-là, un plus grand nombre d'ouvriers.

Ceux-ci se partagent en trois catégories surnommées les « Ardéchois », paysans, pas forcément originaire d'Ardèche, qui laissent leur terre le temps de la saison, les « Piémontais » composés d'Italiens originaires de tout le nord de l'Italie, les chefs de colle, et les « trimards » composés en partie de vagabonds.

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Les chefs sont contraints de composer des équipes comprenant des Français et des Italiens. Dès le début de la matinée du 16 août, une rixe éclate entre les deux communautés. Malgré l'intervention du juge de paix et des gendarmes, la situation dégénère rapidement. Certains trimards rejoignent Aigues-Mortes et y affirment que des Italiens ont tué des Aiguemortais. Un groupe d'Italiens est alors attaqué et doit se réfugier dans une boulangerie que les émeutiers veulent incendier. Le préfet fait appel à la troupe vers 4 heures du matin. Celle-ci n'arrive sur les lieux qu'à 18 heures, après le drame...

Les émeutiers se rendent dans les salins de Peccais où se trouvent le plus grand nombre d'Italiens que le capitaine des gendarmes Cabley essaie de protéger en promettant aux émeutiers de raccompagner les Italiens à la gare d'Aigues-Mortes pour qu'ils partent. C'est durant le trajet que les Italiens sont massacrés par une foule que les gendarmes ne réussissent pas à contenir. Il y a sept morts et une cinquantaine de blessés, ce qui constitue le plus grand massacre d'immigrés de l'histoire contemporaine de la France mais aussi l'un des plus grands scandales de son histoire judiciaire puisque aucune condamnation ne sera jamais prononcée.

L'affaire devient un enjeu diplomatique et la presse étrangère, dont celle transalpine, prend fait et cause pour les Italiens. Des émeutes anti-françaises éclatent en Italie. Un règlement diplomatique est trouvé et les parties sont indemnisés alors que le maire nationaliste Marius Terras doit démissionner.

D'après Wikipédia


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