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Le storytelling de la vitesse

Publié le 28 juillet 2016 par Dangelsteph
storytelling rapidité

Cet été, j’ai décidé de partager des réflexions sur le storytelling qui sont sans doute moins opérationnelles que ce que j’ai l’habitude de publier, mais qui veulent avoir plus de profondeur. A vous de juger toutefois, surtout que j’aborde des thèmes sujets à polémique comme celui de la semaine dernière, sur le Brexit.

Cette fois, je me penche sur la vitesse, le culte de la rapidité.

Les événements de ces derniers temps me font parler de course à la rapidité.

L’exemple du Brexit (encore lui !)

Il y a d’abord eu, encore lui, le Brexit. Immédiatement, sans vraiment analyser, expliquer (comprendre, peut-être aussi), la classe politique de l’UE, ou du moins sa partie la plus francophone, s’est écriée : “que l’Angleterre parte vite !”. Quelques explications, rapides, brèves, sont venues ensuite, en général pas de la part des auteurs des déclarations initiales. Pas les mêmes auteurs, pas la même histoire, connexions compliquées.

Et puis, cette demande de rapidité a disparu, presque tout aussi rapidement, sans plus d’explications.

Une rapidité dans l’expression qui ne s’embarrasse pas d’une recherche de sens, et un disparition du discours à grande vitesse qui dissuade d’en trouver définitivement.

Une histoire, un récit passe, puis disparaît, remplacée par une autre, toute aussi fugace et fugitive. C’est, au niveau utilité, du même acabit que ce que l’on appelait la musique de supermarché, une ambiance, sans plus, un statut sur Facebook, un meuble.

L’attentat de Nice

La course à la rapidité a également été manifeste dans le storytelling de l’attentat de Nice.

Très vite, on nous a parlé d’une radicalisation extrêmement rapide du terroriste. Dans les discours, c’était quasiment de l’instantané. Puis, on nous a dit que son geste a été prémédité, avec minutie, bon préparé plusieurs jours avant. Et hop, quelques jours plus tard, le voilà qui, maintenant, préparait son coup depuis des mois ! Sans plus d’explication et tout aussi rapidement : la recette idéale pour une histoire incompréhensible. De la même manière, on nous a très vite parlé d’un camion frigorifique, ce détail sans importance réelle pour la compréhension de l’histoire étant même devenu une constante. Puis, voilà qu’on nous dit qu’au final, ce n’était pas un camion frigorifique. Cristallisation sur un détail sans importance cognitive, qui, en plus, oriente l’histoire vers une direction sans grande utilité. A quoi cela peut-il servir, effectivement, de débattre sur le caractère ou non frigorifique du camion. La seule péripétie de l’histoire intéressante est que ce camion n’aura pas dû être là, et on ne l’aborde pas au premier plan, du coup. Je ne suis pas partisan des théories du complot, je ne m’aventurerai donc pas plus avant dans la réflexion sur le pourquoi, comment etc. de ce passage au second plan de cette intrigue narrative essentielle.

Que dire de tout cela ? La rapidité semble bien être l’ennemie de la construction normale d’une histoire, d’un storytelling utile. L’urgence n’est pas toujours à la parole, mais souvent à la réflexion, qui peut être rapide, mais au moins doit-elle exister. L’action conséquente n’en sera que plus rapide, elle aussi.


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