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Une note poétique de crédit

Publié le 24 août 2016 par Paulo Lobo
Une note poétique de crédit
Je n'aime pas ceux qui sont toujours en train de corriger les autres. Ils me font penser à des maîtres d'école, un maître d'école c'est bien, mais il faut qu'il reste à l'école.
Tu as mal écrit, mal parlé, mal agi, regarde comment il faut faire… Les donneurs de leçons sont comme les donneurs de sang, bien-pensants, bien portants, imbus de leur personne, contents du devoir accompli, des gentils boyscouts qui font leur BA et ne se posent pas de questions. The quiet American.
Il faudrait - mais notez que j'utilise le conditionnel - que l'on soit fous, que l'on dise tout le contraire de ce qu'on pense, que l'on fasse des choses qui n'ont pas de sens, des choses que même le plus averti des analystes ne pourra déchiffrer.
Il faudrait que sur son lit de mort le candidat au départ final puisse jouer une berceuse pour lui-même et un requiem pour ceux qu'il quitte.
Il faudrait qu'en marchant sur le trottoir je puisse penser que celui qui a fait ce trottoir l'ait dédié à sa muse.
Il faudrait que les employés de banque puissent rédiger des notes poétiques de crédit.
Il faudrait que les stops routiers soient moins rigides dans leur application du code de la route.
Il faudrait que la lune pleine puisse se retourner et lancer un sourire au soleil qui lui court derrière.
Il faudrait que dans les petits cafés de quartier tous les clients se serrent la main et commentent l'actualité du jour.
Il faudrait que ceux qui déclarent la guerre soient armés jusqu'aux dents et envoyés sur le front.
Il faudrait que mon ombre s'accroche un peu moins à ma personne.
Il faudrait que la peur ne s'habille pas toujours de noir et que le bonheur ne soit pas toujours en rose.
Il faudrait que ceux qui bronzent au soleil soient informés de leur droits et qu'ils puissent garder leur chemise.
Il faudrait que les images racontent un peu plus le mensonge, qu'elles n'aient pas peur d'être bêtes et puériles, il se trouvera toujours quelqu'un pour les délier.
Il faudrait que je cesse d'attendre demain et qu'aujourd'hui m'apparaisse comme un concept novateur.
Il faudrait que rien ne se perde et tout se transforme, que ma tristesse d'un matin devienne ma joie d'un soir.
Il faudrait que je puisse embouteiller la lumière, l'emporter avec moi au fin fond de l'hiver, pour revenir à la surface de temps en temps et remettre les lunettes de soleil, au cœur même du mois de décembre.
Il faudrait que les chantiers soient enchantés, que les ouvriers grelottants puissent siffler des airs et des rengaines traditionnels, entonner ensemble une comptine enfantine.
Il faudrait que la mer s'agite quand je la quitte, et qu'elle lance une pétition publique pour que je revienne.

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