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Féminiser au point médian

Publié le 26 août 2016 par Tetue @tetue
Féminiser au point médian

Parenthèse, tiret ou point médian ? Quelle typographie adopter pour les formes contractées des variantes féminine et masculine ? Plusieurs pratiques existent pour écrire de façon contractée que « nous sommes motivés et motivées » :

  1. Nous sommes motivéEs
  2. Nous sommes motivé(e)s
  3. Nous sommes motivé/e/s
  4. Nous sommes motivé-e-s
  5. Nous sommes motivé·e·s
  6. Nous sommes motivé.e.s

Si celles-ci visent à écrire de façon plus inclusive, elles ne se valent pas. La typographie fait sens et la comprendre évitera de commettre des erreurs ou des contresens.

Capitale : motivéEs

La lettre capitale pour marquer le féminin est parfois employée par certainEs militantEs féministes, notamment de langue allemande. Son usage est controversé car la capitale accentue le féminin, au risque, pour celleux qui découvrent cette graphie, de n'y percevoir que le féminin, sans plus de mixité. Pis encore sur Internet, où écrire en capitales équivaut à CRIER [1]. À éviter donc. Sauf si vous voulez casser les oreilles pour vous faire entendre, ce qui peut se défendre.

Parenthèse : motivé(e)s

À l'inverse de la capitale, la parenthèse atténue. Elle peut être également utilisée pour noter un pluriel facultatif : « le(s) musicien(ne)(s) joueront ». Mais son usage [2] est jugé discriminant car on met littéralement le féminin entre parenthèses, le rendant optionnel, ce qui est quelque peu contraire à l'effet voulu.

Barre oblique : motivé/e/s

La barre oblique s'emploie dans les expressions alternatives comme « et/ou ». Son usage est donc approprié pour marquer les alternatives de genre. Cependant certain/e/s lui reprochent, un peu comme pour la parenthèse, si pas de mettre le féminin à part, de séparer les deux genres…

En pratique, la barre oblique est plutôt encombrante, surtout pour les mots au pluriel, mais elle reste la forme la plus claire pour des formes comme « directeur/trice ». On l'utilisera moins pour les accords adjectivaux que pour les termes permutables, en particulier pour les articles et pronoms de la 3e personne : « le/la journaliste » et « il/elle est efficace ».

Trait d'union : motivé-e-s

Préférable est l'emploi du trait d'union pour, comme son nom l'indique, sa forte symbolique unioniste : « musicien-ne-s », « motivé-e-s », et même l'article « un-e ».

Point médian : motivé·e·s

Beaucoup, dont je suis, préfèrent le point médian [3], pour s'adresser à tout·e·s. C'est une variante du trait d'union, sur lequel il a l'avantage d'être plus discret car typographiquement neutre et occupant moins d'espace. Il ne freine pas la lecture. De plus, il ne divise pas les mots en fin de ligne. Enfin il peut être combiné avec le tiret des mots composés : « vice-doyen·ne ».

Point : motivé.e.s

Dans de mauvaises compositions, le point médian est parfois remplacé par un point bas : « peu motivé.e.s ». C'est un usage à éviter car il est incorrect : le point marque la fin d'une phrase, un point c'est tout !

Point n'abusera

Bref, on évitera les capitales et les parenthèses pour les formes contractées des variantes de genre et on réservera la barre oblique aux pronoms et articles permutables. Pour des raisons de cohérence et d'esthétique, on préférera le point médian, qui convient à toutes les formes contractées. À défaut, le trait d'union. Il est évidemment possible de rencontrer ces différentes typographies au sein d'un même texte, utilisées à bon escient.

Dans tous les cas, il convient d'user des formes contractées avec parcimonie. Elles s'emploient quand on veut alléger le texte en évitant les répétitions et/ou lorsqu'on a affaire à des mots dont les variantes féminine et masculine ne distinguent que légèrement. À l'oral, la forme contractée « bonjour à tou·te·s » se lira intégralement : « bonjour à tous et à toutes », comme pour les abréviations.


Lire aussi :


[1] On utilise parfois les capitales pour insister sur un passage. Faites-le avec parcimonie. Utilisez de préférence les « * » pour mettre l'*accent* sur un mot. Ou encore les « _ » pour _souligner_ un mot.

[2] Un autre usage consiste à mettre tout le mot entre parenthèses, comme pour isoler son manque d'épicènie : « ce sont des (travailleu r se s) (motivé e s) ». Cela a l'avantage d'être extensible, marquant par exemple les termes dérivés commençant par les mêmes lettres, comme « les personnes (trans genre sexuelles identitaires) ». Lire à ce sujet : Pour la réintroduction des parenthèses dans la féminisation (ou le dégenrage) des textes. Cet usage, plus rationnel et extensible que la capitale, reste cependant plus difficile à lire.

[3] Si vous ne savez pas comment le saisir avec votre clavier, cherchez « point médian clavier » dans votre moteur de recherche favori ! Attention à ne pas confondre avec le gros point médian « • » qui ressemble au point médian « · » sauf dans certaines polices de caractères où il est nettement plus lourd.


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