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Un petit boulot parfaitement éxécuté!!

Par Filou49 @blog_bazart
02 septembre 2016 Gaumont Distribution

  Disparu il y a tout juste un an- le 1er septembre 2015- à l'âge de 54 ans,  le cinéaste Pascal Chaumeil aura eu le temps d'achever ce qui restera son film-testament, Un petit boulot, que j'ai vu une dizaine de jours avant qui sorti le 31 août dernier, et qui, à l'instar de l'Effet aquatique, prouve que les films posthumes peuvent parfois être les meilleurs de leurs auteurs.

Une comédie policière pour laquelle le réalisateur a retrouvé Romain Duris, soit cinq ans après le succès de la comédie coup de foudre L'Arnacoeur (qui a fait quand meme 3,7 millions d'entrées), une comédie sentimentale, déjà très bonne mais sans doute un cran en dessous de ce petit boulot.  

 Il faut avouer que cet ultime long métrage de Chaumeuil possède un bon matériau de départ puisqu'il est tiré de l'excellent roman du non moins excellent Iain Levison- dont on a dit tout le bien dont on pensait lors de sa venue à Quai du Polars 2016, une  fable féroce et revigorante, et un portrait terriblement juste  d’une ville économiquement morte ,  baignée d'humour à froid sur l’absurdité du monde contemporain qui voyait un chômeur au bout du rouleau accepte de devenir tueur à gages. 

Encore fallait il faire fructifier cette base solide et réussir à l'adapter à la française tout en gardant ses atouts essentiels  : son ton pince-sans rire et une juste et féroce  dénonciation des absurdités du monde d'aujourd’hui.


petitboulot

Bénéficiant pour ce faire services d’un scénariste-dialoguiste aussi roué que Michel Blanc, en phase avec l’humour anglo-saxon du roman d'origine tout en lui donnant une patine française- et même un peu de belgitude- le faisant lorgner du coté des films de Bertrand Blier ou même du coté des films de Audiard- Lautner, tout en réussissant à apporter une certaine modernité à l'ensemble.

La banlieue un peu "tristoune" de Boston a laissé place à un autre arrière-fond social un peu glauque, celui d'une petite ville du Nord de la France : et Michel Blanc qui signe seul le scénario du film, est particulièrement à l'aise transposer cette histoire au départ proche des frères Coen  tout en en gardant la force comique ainsi que son portrait de déchéance sociale.


Gaumont Distribution

Au final, "Un petit boulot" réunit plusieurs ingrédients  très favorables, et surtout réussit ce qui n'est jamais évident, celui de  faire rire- les dialogues et réparties, particulièrement brillantes, soulèvent  notamment bien plus de rire que le récent Toni Erdmann si louangé- avec des sujets  aussi graves.

Car derrière une très efficace trame comique, tout un pan de la situation économique est dénoncée : les licenciements brutaux, le chômage de masse et de longue durée, la précarité, la misère.

Le rythme du film est particulièrement enlevé,  et cette histoire rigoureusement amorale est abordée  sur un mode semi-burlesque qui fonctionne parfaitement d'autant plus que les acteurs récitent leurs partitions avec beaucoup d'entrain.

Romain Duris est l'intreprètre idéal ce rôle de tueur malgré lui, à la fois naif et avec toujours une légère ironie et une distance dans les yeux et pour lui donner la réplique, les autres comédiens récitent leur partition avec un plaisir évident, que ce soit Michel Blanc qui jubile de sortir ses répliques cinglantes, ou Gustave Kerven en collègue dépressif et lucide, sans oublier Alex Lutz en inspecteur du travail tatillon qui livre une composition plus convaincante que d'ordinaire. 

Bref, une excellente comédie jubilatoire et délicieusement amorale dont il serait malvenu de se priver en ces temps de rentrée morose et anxiogène!!

Bande-Annonce - Un Petit Boulot


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