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Jodorowsky's Dune - Frank Pavich

Publié le 05 juillet 2016 par Malaurie @jfbib

Un film inabouti ou abandonné est toujours un évènement passionnant et marquant pour l'histoire du cinéma. Il y a eu L'enfer d'Henri Georges Clouzot raconté par Serge Bromberg dans un documentaire ensorcelant permettant de découvrir les relations entre réalisateur et acteurs ( Romy Schneider et Serge Reggiani ), il y a eu Lost in la Mancha de Keith Fulton et , making of du film avorté de Terry Gilliam : The Man Who Killed Don Quixote ; avec Johnny Deep, Vanessa Paradis et Jean Rochefort .

Là nous avons affaire à une adaptation du roman de science-fiction de Frank Herbert : Dune. En 1975, le producteur Michel Seydoux propose à Alejandro Jodorowsky de réaliser un film ambitieux à partir d'un texte réputé inadaptable au cinéma. Il lui donne carte blanche, s'entoure de ce qu'il considère être des " guerriers artistiques ", les meilleurs du moment : (alias Jean Giraud ), dessinateur de BD à succès pour le story board, les artiste (créateur de la créature du film ), (illustrateur de livres de SF, , ) pour les aspects visuels, et Dan O'Bannon ( de , )... A cette équipe choc s'ajoutera une distribution très éclectique : David Carradine, Salvador Dalí, Orson Welles, Mick Jagger, Brontis Jodorowsky , et Amanda Lear ; le tout sur une bande son composée par des groupes phares du moment : et !

Ce film documentaire est d'un formalisme très télévisuel qui dénote fortement avec le projet psychédélique de Jodorowsky , il est cependant très efficace et réussi parfaitement à rendre compte de ce projet un peu fou qui révolutionnera profondément le cinéma hollywoodien et les blockbusters à venir, en tête...

Une rapide présentation d' et de ses premiers films devenus, cultes dès leur sortie, nous offre la possibilité d'appréhender sa conception toute particulière du cinéma. La succession d'entretiens de différents protagonistes du film et de nous permettent de découvrir, au fur et à mesure de l'aventure, l'état d'avancement et la construction du projet. Des contacts avec les stars en passant par la nécessaire écriture du story board, ce travail titanesque se voulait être une sorte de prophétie mystique pour la jeunesse des années 70 nourrie de LSD. Le film leur aurait permis de voir sur les écrans de cinéma les délires consécutifs à l'absorption de drogue sans avoir à en prendre... Jodo souhaitait que son film marque les générations, il devait être " le film le plus important de l'histoire de l'humanité ".

Il n'aboutira pas, la frilosité des studios n'ayant pas permis sont financement (5 millions $), mais marquera durablement le cinéma de science-fiction et influencera nombre des réalisations à venir... sauf le film , finalement réalisé par David Lynch avec comme vedette principale, sorti quelques années plus tard qui se révèlera être très mauvais.

Ce documentaire, certes très formel garde en lui une sorte d'enchantement. Personne d'autre que Jodo n'est capable d'en parler, 40 ans plus tard, avec tant d'amertume, refaisant vivre la rage et la folie du projet. Et l'on ne peut s'empêcher de voir la petite lueur dans son regard, celle d'un désir inassouvi de cinéma.


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