Magazine Politique

Toutes de vent vêtues

Publié le 21 septembre 2016 par Rolandlabregere

Toutes de vent vêtuesSur l’Ile d’Oléron, entre Chassiron et Les Trois Pierres, face au large atlantique siège en bord de littoral une assemblée étrange de figures figées. Seule la lumière océane fait bouger les pauses et  trembler les ombres de ces statues inattendues rencontrées à la faveur de la courbe d’un chemin côtier.

Le promeneur est saisi de l’étrangeté de cette accumulation de personnages soumis à la puissance conjuguée d’Eole et d’Hélios arbitrée par Océanos et Ouranos. Si les menhirs s’alignent, la foule lapidaire de Chassiron s’épanouit dans un joyeux désordre tout à fait contemporain. La manifestation est statique mais néanmoins fait entendre ses revendications. De sa clameur sourde et audacieuse, s’esquissent pour ceux qui prennent le temps, l’invitation à la méditation et à la rêverie de l’apaisement recherché. Car, le premier qui a pensé à mettre sur un galet un autre caillou est assurément porteur d’une idée généreuse. Que cet artiste anonyme entre dans notre anthologie intime. Les autres qui ont suivi son geste n’en furent pas moins intrigués de donner un sens nouveau à ces pierres polies depuis si longtemps et depuis si longtemps en attente de se rassembler.

Ce que l’un commence, un autre le finit. Comme une adaptation du jeu surréaliste du cadavre exquis, ces statues éphémères d’un art modeste, nées de bricolage élémentaire et d’audace élégante dialoguent avec notre imaginaire et imposent leur loi à notre rêverie. On pense à la concorde et à la fraternité. Les petits gestes des promeneurs ajoutant ça et là un galet pour fignoler l’une ou l’autre de ces créatures hiératiques dévoilent des désirs de rapprochement et d’apaisement. Petit gravier sur le tableau, quand un oiseau de mer, peu importe le nom savant qui lui est attribué, s’installe en veilleur sur la tête de la plus altière de ces  gardiennes de chaque vague, une contemplation frissonnante saisit le spectateur. On cédera sa place quand on nous serinera que tel ou tel parc éolien greffé de long d’une côte esthétise notre regard.  Sur ce bout de rocher, les empilements et la mer toujours recommencée donnent le tempo et apprivoisent l’énigme que chacun tient en lui.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rolandlabregere 12 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines