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[critique] Ocean Heaven

Par Vance @Great_Wenceslas
[critique] Ocean Heaven

Le 6 avril dernier, Elephant Films sortait à la vente un film chinois qui n'a pas fait grand bruit : présenté en janvier 2011 au Festival du Film Chinois à Paris sous le titre Océan Paradis, il a sombré ensuite dans l'anonymat, tardant à être exploité dignement. Il est pourtant digne d'intérêt et je remercie déjà mes habituels partenaires de Ciné Trafic de m'avoir permis de découvrir cette perle.

Tout d'abord, mettons de côté tout sentimentalisme et avis personnel ou réaction subjective et observons de plus près la fiche technique. Et là, bim ! on se prend trois directs et on se demande encore, groggy, comment cette petite production a priori destinée à un marché restreint a pu se payer Jet Li, le chef opérateur Christopher Doyle et le compositeur Joe Hisaishi ! Alors on creuse un peu et on fait le lien avec le sujet, fort et grave du film : la difficulté d'élever un autiste seul et de tenter de l'intégrer à la société. Puis on apprend que Jet Li a demandé à ne pas toucher le moindre salaire sur le tournage, se contentant de s'assurer qu'une bonne promotion soit faite pour sa fondation caritative The One. D'autant qu'il assure dans ce rôle de père courage, sans doute le premier de ses rôles dans lequel il n'y a aucune scène d'action.

[critique] Ocean Heaven

Il interprète avec justesse et délicatesse un personnage véritablement admirable, pas du tout surhumain (le film s'ouvre tout de même sur un suicide raté) mais faisant face aux vicissitudes d'une vie modeste avec une dignité impressionnante tout en ne ménageant pas sa peine pour faire de son grand garçon un adulte le plus autonome possible. Et malgré les violons de l'orchestre de Hisaishi, on assiste à une histoire discrète, au rythme doux qui évite nombre de clichés, versant rarement dans le pathos larmoyant tout en laissant se profiler un avenir incertain pour le gamin et fatal pour le père. Impossible de ne pas se sentir bouleversé par l'acharnement silencieux de Wang qui continue à faire les basses besognes dans un parc aquatique pour permettre à Dafu, son grand rejeton autiste obnubilé par la mer, d'oublier sa condition et de nager tout son soûl avec les poissons et tortues marines.

[critique] Ocean Heaven

Insensiblement, sans ostentation, le point focal du film glisse du drame lié au handicap infantile aux qualités exceptionnelles de cette paternité ingrate. Ainsi, on plaint moins le fils qu'on admire le père qui niera jusqu'à sa mort prochaine à son enfant afin de le préserver jusqu'au bout. Bien entendu, le message très fort envoyé par cet homme seul résolu à ce que son garçon vive du mieux possible finit par toucher les responsables d'institutions spécialisées, émus par les efforts incroyables produits par ce père trahi par son corps qui passe ses nuits à préparer des lendemains enchanteurs.

La mise en scène refuse les artifices mais se permet de jolis moments

[critique] Ocean Heaven
d'une émotion trouble car si humble, si peu soulignée mais si gentiment élégante. On rit parfois, avant d'essuyer une larme et on espère une fin la plus heureuse possible, tout en sachant qu'il n'y aura aucun miracle pour adoucir le funeste destin.

Un film qui n'a d'autre prétention que d'attirer l'attention sur cette condition humaine, transformant l'un des plus grands spécialistes des arts martiaux au cinéma en un de ces " héros ordinaires " auxquels il est d'ailleurs dédié.

Parce qu'il apprend qu'il est en phase terminale d'un cancer, Wang Xincheng va tout faire pour aider son fils Dafu, un autiste de 21 ans, à s'intégrer en société afin qu'il puisse vivre seul après sa mort.


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