Magazine Info Locale

3 chiffres qui prouvent que les frontaliers sont de sacrés profiteurs

Publié le 22 septembre 2016 par David Talerman
FacebookTwitterLinkedinGoogleBufferMail

Les frontaliers du canton de Genève sont-ils des profiteurs ?

Si vous travaillez à Genève, vous n’avez pas pu rater les superbes affiches du parti genevois anti-frontalier qui présentent les frontaliers comme des soi-disants profiteurs d’un système fiscal. Dans le viseur, le statut de quasi-résident, dont bénéficieraient environ 8’000 frontaliers. Selon ce parti anti-frontaliers, le statut de quasi-résident fait courir un grand risque budgétaire au canton de Genève.

Une fois de plus, ce parti vise les frontaliers, cause de tous les malheurs du canton. Je trouvais pour ma part intéressant de remettre en perspective une autre situation, tout aussi ubuesque, et tout aussi impressionnante sur le plan budgétaire, mais pas dans le sens qu’on imagine : les 83’000 frontaliers en activité qui résident en France et qui financent le chômage genevois d’une part, et d’autres part les frontaliers au chômage qui sont indemnisés par la France.

En effet, depuis 2012, pour des raisons qui incombent aux autorités françaises, et dont j’ai déjà plusieurs fois parlé dans ce blog, Pôle emploi prend intégralement à sa charge le chômage des frontaliers, alors même que les cotisations des frontaliers sont perçues par Genève.

1. Les 83’000 frontaliers en activité à Genève financent 13% du chômage genevois

Si on prend une cote mal taillée, avec un salaire moyen d’environ 5’000 francs suisses, cela signifie qu’à l’échelle du canton de Genève, ce ne sont pas moins de 8,3 millions de francs suisses qui rentrent dans le caisses du chômage genevois tous les mois. Si on prend les chiffres du chômage genevois, qui n’incluent pas les chômeurs frontaliers, on trouve 12’830 demandeurs d’emploi. Si on prend également pour ces chômeurs une indemnité chômage moyenne de 4’500 francs suisses, et qu’on ajoute les charges, la masse à payer par le canton aux chômeurs du canton est de l’ordre de 64 millions par mois. Dit autrement, les frontaliers en activité à Genève financent environ 13% du chômage des résidents genevois. Dit autrement encore, plus d’un chômeur à Genève sur 10 touche ses subventions chômage grâce au travail des frontaliers genevois, et sans contrepartie puisque la Suisse ne reverse rien à la France. Les frontaliers sont à l’évidence de sacrés profiteurs du système.

2. Ce que les frontaliers au chômage en France ne coûtent pas au canton de Genève : 25,7 millions par mois

En plus de ce que les frontaliers en activité rapportent au canton, il faut bien sûr déduire ce qu’ils ne coûtent pas puisque pris en charge par la France. Difficile d’avoir les chiffres du chômage des frontaliers du canton de Genève, mais on peut en tous les cas imaginer qu’ils ne sont pas moins faibles que ceux du canton dans son ensemble, soit 5,5%, soit environ 4’600 frontaliers concernés.

Toujours en prenant un salaire moyen de 5’000 francs suisses, et si on part du principe que ces frontaliers étaient indemnisés par la Suisse, cela coûterait au canton de Genève la coquette somme de 25,7 millions de francs tous les mois. Les frontaliers sont à l’évidence de sacrés profiteurs du système.

3. Les cotisations chômage des frontaliers rapportent au canton 5 fois plus que ce coûte le statut de quasi-résident

Alors quand cet incroyable parti anti-frontalier met en avant les dépenses budgétaires occasionnées par les frontaliers qui bénéficient du statut de quasi-résident (soit 80 millions selon notre calcul, 100 selon le leur), et qu’on compare ceci à ce que les frontaliers rapportent net rien qu’en cotisations chômage et en cotisations non payées (car payées par la France) (plus d’un milliard par an, soit environ 12 fois plus) on arrive à la conclusion suivante : le statut de quasi-résident coûte au canton 5 fois moins que ce que les frontaliers apportent rien qu’en cotisations chômage. Et quand je lis sur les affiches de propagande de ce parti, la phrase suivante : « Les contribuables genevois paient pour les frontaliers« , je reste assez dubitatif à la lumière de ces quelques chiffres…

Et puis, on l’oublie un peu trop souvent, mais c’est pour des raisons d’équité avec les résidents suisses que le statut de quasi-résident a été mis en place, par un jugement du Tribunal. Aussi, si la loi proposée par le parti anti-frontalier devait passer, il y a fort à parier que la justice serait de nouveau saisie et que les demandeurs obtiendraient gain de cause. En clair, cette initiative est clivante, stigmatisante, et sera probablement annulée peu de temps après sa mise en oeuvre.

On reconnait bien là la touche bien populiste d’un parti fatigué, en perte d’électeurs, et de leaders…

sources : Office fédéral de la Statistique, IFRAP

Note : désolé, je me suis emmêlé dans les chiffres, mais la tendance reste la même, elle est juste moins importante


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


David Talerman 6882 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine