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Juste la fin du monde

Par Vance @Great_Wenceslas
Juste la fin du monde

Je sors juste de la séance et dès la moitié du film je savais que j'allais écrire un article dessus. Des mots dans ma tête se chevauchaient, se bagarraient pour chercher la justesse, pour être à la hauteur des messages, des sentiments, de l'explosion de vies que j'avais sous les yeux. Un phénomène rare pour moi car j'écris peu sur les films ; j'aime parfois juste retranscrire quelques citations, quelques dialogues qui m'ont marquée ou touchée mais là c'est de l'œuvre entière dont je veux parler.

Quelles tranches de vies !

Une famille.

Juste la fin du monde

Pas la vôtre, pas la mienne, une mère, des frères, une sœur, une épouse.

Et pourtant, on vit avec eux et on les voit se déchirer, on les entend s'aimer et se détester, on est EN chacun d'eux. On se retrouve là dans cette maison, dans ce huis clos oppressant, asphyxiant, en spectateur bousculé, en réalisateur voyeur, en scénariste patient. Les gros plans constants sur les visages nous invitent à être de la famille ; les disputes, les agressions nous obligent à prendre nos distances et les longs silences qui font tant de bien font aussi tant de mal.

Il ne faut pas omettre ces dialogues à deux, ces conversations discrètes, secrètes. Ce long et calme échange entre la mère et le fils si inoubliable, si lourd de sens qui s'oppose à la tension entre les frères.

Une famille - et pourtant seuls les deux étrangers se comprennent, s'allient presque, se défendent et s'apprécient parce qu'ils se ressemblent, parce qu'ils sont à l'écart, parce qu'ils sont discrets. Quant aux autres, ceux qui se connaissent, se côtoient, il n'y a pas d'entente possible, pas d'écoute, aucune compréhension, une surenchère constante de mots, de phrases, d'insultes.

La brutalité face à la passivité, le flot de paroles face à trois mots, l'agressivité face à la retenue.

Juste la fin du monde

Et moi dans tout ce bruit, moi qui suis elle, lui, moi qui ai envie de crever l'abcès mais qui ne peux pas, moi qui ne sais pas mais qui veux savoir - ou pas, moi qui n'ai plus. L'absence est lourde, pesante, invalidante, culpabilisante mais elle était nécessaire. Doit-elle l'être encore ?

Et cette attente tout le long du film qui pèse sur les épaules de chacun des personnages, ce besoin de comprendre ou de dire qui humidifie les regards, crispe les sourires et les corps de plus en plus. Les acteurs sont bluffants, une réelle performance pour chacun d'entre eux. Ils nous transmettent tant d'émotions par leurs regards, leurs postures, leurs respirations. Il n'y a pas besoin de parler, il n'y a qu'à être.

Purée, comme ce film fait mal ! Et pourtant, il fera du bien parce qu'il est une image de tout ce qu'on se cache, comme une caméra sous un voile, un trou de serrure dans nos vies. Il vous chuchote : "Regardez ce que vos décisions, ce que vos mots, ce que vos silences provoquent chez l'un, chez l'autre."

Juste la fin du monde

Et puis qu'est-ce qu'une famille ? Comment chaque membre y évolue-t-il, y survit-il ?

Que dire ? Quand le dire ? Comment le dire ? Faut-il le dire ? Pourquoi le dire ?

Simplement écoutons-nous, parlons ensemble, communiquons. Parce qu'il vaut mieux lancer un petit pétard qui démange que laisser s'installer une bombe à retardement qui provoquera des ravages.

Cessons les faux-semblants et commençons par être vrais.

Juste la fin du monde

Stoppons les silences de politesse, les sourires de façade et mettons nos sentiments sur la table pour comprendre et être compris, pour ne plus être finalement des étrangers sous un même toit.

Bref un très bon film sur le poids des non-dits, la lourdeur des silences...

Après douze ans d'absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine.
Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l'on se dit l'amour que l'on se porte à travers les éternelles querelles, et où l'on dit malgré nous les rancœurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.


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