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Quand Vuillemin s’attaque à la BD…

Publié le 01 octobre 2016 par Savatier

Vuillemin1Philippe Vuillemin appartient au club très fermé des malfaisants au sens où Michel Audiard pouvait l’entendre. As du dessin d’humour féroce jusqu’au trash (que les adeptes de la bienséance trouveront au minimum « douteux »), cet anar patenté dont le graphisme foisonnant se reconnaît au premier coup d’œil met un point d’honneur à ne rien respecter, surtout si l’objet de sa redoutable (im)pertinence touche aux institutions et aux valeurs les plus consensuelles. Le Professeur Choron ne l’avait pas adoubé par hasard. Ainsi, dans les années 1980, avec son comparse Jean-Marie Gourio (l’auteur des célèbres Brèves de comptoir), il avait commis un album, Hitler = SS, qui fit l’objet de poursuites et fut interdit aux mineurs parce qu’il réunissait une foule de dessins à l’humour ultranoir, décalé et qu’il faut lire au second degré, dont le thème principal était les camps d’extermination nazis. Un tel ouvrage, par les temps qui courent, ne pourrait sans doute plus voir le jour.

C’est aujourd’hui à l’univers de la BD que Vuillemin s’attaque – un domaine qu’il connait bien puisqu’il collabore à DBD, le magazine de référence. Tous les grands classiques se trouvent épinglés, de Rahan à Tintin, en passant par Titeuf, Astérix, Mickey, Alix, Blake et Mortimer, Spirou, Batman. Aucun confrère n’est épargné, Joann Sfar, Tardi, Philippe Geluck – la confraternité s’étendant jusqu’à… Gustave Courbet peignant une monumentale Origine du monde. Chaque planche est autonome et juste reliée à une fenêtre qui, en regard, fournit un court commentaire. L’œil décapant de Vuillemin touche toute la chaîne de production : scénaristes et, surtout, éditeurs de BD sont ainsi passés au crible sans concession.

Une plume et une palette dont l’analyse chimique trahirait la présence de vitriol et de multiples fluides corporels servent au dessinateur dont les inconditionnels ont depuis longtemps démontré qu’ils avaient le cœur bien accroché. L’esprit « bête et méchant » de L’Echo des savanes et, plus encore, de Hara-Kiri, de moins en moins répandu dans une société hantée par la bien-pensance et le consensus, plane sur cet album qui fera grincer quelques dents.


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