Magazine Séries

Easy / High Maintenance (2016): les deux ennemis se lancent dans le style indé

Publié le 02 octobre 2016 par Jfcd @enseriestv

Easy est une nouvelle série de 8 épisodes mise en ligne le 22 septembre sur Netflix tandis que High Maintenance en compte 8 et est diffusée sur les ondes de HBO et HBO Canada depuis la mi-septembre. Dans les deux cas, on a droit à des histoires de plus ou moins 30 minutes dont le casting change chaque semaine. Seuls les villes et un type de continuité perdurent entre les épisodes : la ville de Chicago et les relations amoureuses dans la production de Netflix et la ville de New York et des citoyens qui achètent de la drogue et desservis par « The Guy » (interprété par Ben Sinclair) dans celle de HBO. Dans les deux cas, on a droit à un genre de laboratoire sériel dans lequel les réalisateurs nous donnent l’impression d’avoir carte blanche. Ce type de séries a plusieurs qualités, mais aussi quelques défauts.

Easy : autopsie de couples

Dans le premier épisode intitulé « The F**king Study », on a Kyle (Michael Chernus) et sa femme Andi (Elizabeth Reaser) qui remettent en question leur couple après avoir pris connaissance d’une étude comme quoi les couples mariés non traditionnels (les femmes au travail et les hommes à la maison) auraient une vie sexuelle inférieure à la moyenne. Dès lors, ils tentent de réaliser quelques fantasmes, mais c’est sans compter la vie familiale qui leur met constamment des bâtons dans les roues. Dans le second (« Vegan Cinderella »), Jo (Jacqueline Toboni) et Chase (Kiersey Clemons) se rencontrent pour la première fois et c’est le coup de foudre. Seulement, cette dernière ne cesse de déformer la réalité afin de lui plaire, au point de s’en rendre malade. On fait ensuite un saut au quatrième épisode (« Controlada ») dans lequel Bernie (Raùl Castillo) et Gabi (Aislinn Derbez) s’apprêtent à recevoir Martin (Mauricio Ochmann) chez eux pour quelques jours, mais dès qu’il arrive, le couple s’en trouve déstabilisé.

Tout dans Easy repose sur les épaules de Joe Swanberg qui en est le créateur, le scénariste, le réalisateur et le monteur. L’homme multitâches nous séduit surtout pour le réalisme de ses dialogues ainsi que ses différents protagonistes auxquels en général on s’attache facilement. Par contre, au final, la question qu’il faut se poser, est qu’est-ce que la série apporte de nouveau dans notre univers télévisuel? Dans le cas d’Easy, on reste constamment sur notre faim. Une aventure extra-conjugale, un début de relation, un mariage et une perte de désir : des thèmes universels qu’on a vu exploités mille fois, mais qui ici se terminent au bout de 30 minutes. Le problème est que le style d’écriture de Swanberg s’apparente davantage aux longs métrages qu’aux courts et que les mises en situation ambiguës sur lesquelles il nous laisse chaque demi-heure s’avèrent soit trop simplistes, soit inachevées.

Easy / High Maintenance (2016): les deux ennemis se lancent dans le style indé

Ensuite, il est difficile de regarder Easy comme étant un format sériel. D’abord, les liens entre les personnages sont extrêmement faibles (Chase garde chez Kyle et Andi par exemple) et d’autre part, l’utilisation de Chicago est à géométrie variable. En fait, ce qu’il manque à la série, c’est un thème qui va un peu plus loin que l’amour en général. Le meilleur exemple est Inside #9 (qui amorcera sa saison 3 en 2017) de BBC Two dans laquelle on retrouve toujours les deux mêmes acteurs personnifiant différents rôles. On a beau mélanger les époques et nous arriver avec des personnages secondaires différents chaque semaine, c’est l’ambiance à la fois macabre et horrifique avec des conclusions sans cesse déstabilisantes qui font qu’on est au rendez-vous chaque semaine. Avec Easy, les épisodes ont beau être mis en ligne le même jour, l’envie d’en enfiler un deuxième est beaucoup moins forte.

High Maintenance : du web à la télé

Dans le premier épisode intitulé « Meth(od) », nous avons The Guy qui après avoir éprouvé toutes les difficultés du monde à se faire rembourser par un client macho dessert cette fois de la marijuana à deux amis, Lainey (Heléne Yorke) et Max (Max Jenkins) dont la relation amour/haine nous apparaît rapidement toxique. Dans « Museebat », le même revendeur approvisionne cette fois une jeune musulmane qui tente tant bien que mal de se dissocier du bagage culturel imposé par sa famille alors que plus tard, il s’arrête chez Gigi (Amy Ryan) et Leo (Lee Tergesen) qui sont les hôtes d’une soirée échangiste, mais tout se gâte lorsque ce dernier apprend à ses invités qu’il a la chlamydia.  La semaine suivante avec « Grandpa », tout l’épisode tourne autour d’un chien, Gatsby et c’est son point de vue qu’adopte la caméra alors qu’il tombe amoureux de Beth (Yael Stone) qui a été engagée pour s’occuper de ses promenades journalières.

Encore une fois, le lien entre les épisodes est difficile à cerner. On a bien droit à un amusant clin d’œil avec le revendeur de drogues puisque son interprète Ben Sinclair est aussi le réalisateur de la série, mais la marijuana et autres substances n’ont pas toujours grand-chose à voir avec les épisodes. Au moins, à l’inverse d’Easy, la série d’HBO ratisse plus large avec des personnages hauts en couleur et on essaie aussi d’innover via la technique cinématographique comme en témoigne le point de vue adopté dans l’épisode 3.

Easy / High Maintenance (2016): les deux ennemis se lancent dans le style indé

Sinon, High Maintenance était une websérie qui a cumulé une vingtaine d’épisodes sur Vimeo de 2012 à 2015 avant d’aboutir sur HBO. Le bon côté est que son saut au petit écran n’a en rien altéré l’esprit « indépendant » qui la caractérisait alors. Il n’y a qu’à se référer au premier épisode, dans la deuxième histoire impliquant la relation malsaine entre Lainey et Max, lequel étouffe et va jusqu’à assister à de rencontres d’ex toxicomanes pour échapper à son emprise. Le traitement cru et le désespoir du protagoniste sont loin de laisser le téléspectateur indifférent. Par contre, le mauvais côté de cette acquisition par HBO est que malgré toute la liberté dont jouit la production, le sériéphile, lui, au lieu d’avoir accès à un contenu gratuit et accessible partout dans le « world wide web », doit dès lors s’abonner au prix fort à une chaîne premium du câble qui de surcroit n’est disponible que dans certains pays de la planète.

En tous les cas, les 400 000 et 390 000 téléspectateurs qui ont suivi la série en direct avec un taux de 0,12 et 0,11 chez les 18-49 ans pour les deux premières semaines auront été suffisants pour qu’HBO décide de donner son feu vert à une seconde saison. Du côté d’Easy, jamais dans l’histoire de Netlfix la sortie d’une série ne s’est déroulée de façon aussi silencieuse autant de la part du service de vidéo sur demande que du côté médiatique. Peut-être que justement, il ne s’agissait que d’une expérimentation.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jfcd 558 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine