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Afghanistan : les évacuations sanitaires de tous les dangers

Publié le 03 octobre 2016 par Frédéric Joli
kaboul Ghazni

Ghazni-Kaboul, 150 kilomètres d’une autoroutes risquées pour les véhicules sanitaires

Bombes enfouies dans le sol, combats sporadiques, postes de contrôle menaçants, accidents de la circulation (certes plus banals mais tout aussi meurtriers) les évacuations sanitaires des malades et des blessés s’exposent à tous ces dangers, particulièrement sur l’autoroute reliant Ghazni à Kaboul

 Récemment, deux jeunes enfants sérieusement brûlés ont du être évacué depuis l’hôpital de Ghazni vers Kaboul afin d’y recevoir les soins appropriés. Retour sur ces complexes évacuations sanitaires.

À l’époque des Talibans, dans les années 1990, et jusqu’en 2004, une équipe chirurgicale du CICR a travaillé à l’hôpital de Ghazni. Bien des problèmes rencontrés alors – manque d’équipement moderne et personnel surchargé, notamment – subsistent encore. En l’absence de praticiens spécialisés en chirurgie orthopédique, vasculaire, neurologique ou thoracique, l’hôpital de Ghazni doit diriger les patients sur des hôpitaux de Kaboul, à trois heures de route.

Le personnel a donc été très heureux cet été lorsqu’une équipe chirurgicale du CICR est arrivée à Ghazni pour un séjour de trois semaines, dans le cadre d’un déploiement de six mois dans les hôpitaux de la ligne de front en Afghanistan.

« Nous pensions que l’on nous avait oubliés », s’est exclamé le Dr Sayed Mohammad Mobin, Ce chirurgien généraliste qui travaille depuis 16 ans dans cet hôpital se souvient de la dernière équipe chirurgicale du CICR venue prêter main forte au personnel. « Le retour du CICR nous a beaucoup motivés ».

La ville de Ghazni est au carrefour de quatre provinces touchées par le conflit. L’hôpital reçoit des blessés de guerre ainsi que des patients gravement malades venant de lieux situés à des kilomètres à la ronde. À cause des dangers présents dans la région, nombre de familles hésitent à conduire à l’hôpital après la tombée de la nuit un proche blessé ou malade dont la vie ne paraît pas en danger. Le fait d’attendre que le jour se lève pour prendre la route peut cependant être fatal pour certains patients.

Un seul point de contrôle infranchissable peut avoir une incidence sur la vie de milliers de civils ordinaires. Le droit international humanitaire s’applique aux situations de conflit armé, protégeant les structures de santé, les patients, le personnel médical ainsi que les véhicules de transports sanitaires. Le fait de retarder les ambulances en posant des engins explosifs sur les routes ou le fait d’entrer dans un hôpital avec des armes à feu en menaçant le personnel constituent des violations de ce droit.

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Obaïdullah, 8 ans, a été aspergé d’essence et gravement brûlé à la poitrine et au bras droit. © Jessica Barry/CICR

Heureusement pour les deux enfants afghans souffrant de brûlures graves, une équipe chirurgicale du CICR est arrivée sur place pendant leur séjour à l’hôpital de Ghazni.

« Nous n’étions pas habitués à traiter des brûlures », reconnaît une infirmière, Chakila Chahabi. « C’est pourquoi les grands brulés étaient généralement transférés dans des hôpitaux de Kaboul ».

« L’équipe du CICR a prescrit des analgésiques à ces enfants, et conseillé de leur donner une douche chaude avant de changer leurs pansements », explique Barbara Turnbull, la directrice du projet de l’équipe chirurgicale du CICR. « Nous avons rapidement remarqué une amélioration notable de leur état, ce qui nous a tous impressionnés », ajoute-t-elle.

La physiothérapeute de l’équipe a également montré à Chakila et à la mère des deux jeunes patients quelques exercices simples que les enfants pourront faire plus tard à la maison pour éviter que la peau brûlée se rétracte (les spécialistes parlent de « contractures »).

La manière d’assurer le respect du personnel et des structures de santé a été discutée par l’équipe du CICR avec le personnel de l’hôpital ; celui-ci a indiqué qu’il subissait des pressions considérables, notamment de la part de proches de certains patients ainsi que d’hommes armés qui venaient parfois avec des armes à l’hôpital et exigeaient un traitement prioritaire, L’équipe du CICR a suggéré de placarder des affiches portant des messages relatifs à la protection des services et du personnel de santé, de manière que ces messages soient vus par les personnes entrant à l’hôpital avec des armes.

La visite de l’équipe chirurgicale du CICR n’a duré que trois semaines, mais le personnel de l’hôpital l’a saluée comme un succès. Chakila a relevé que, bien que ne parlant pas la même langue, elle-même et la physiothérapeute du CICR, Anne Bois d’Enghien, « s’étaient senties comme des sœurs » pendant qu’elles travaillaient auprès patients.

 

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