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Le bon fils, de Denis Michelis

Publié le 09 octobre 2016 par Francisrichard @francisrichard
Le bon fils, de Denis Michelis

Tu honoreras ton père et ta mère.

La civilisation judéo-chrétienne a, entre autres fondements, le décalogue. Les quatre premiers commandements sont les devoirs que les croyants doivent observer envers Dieu et les six suivants sont les devoirs qu'ils doivent observer envers le prochain. Les droits de l'homme sans Dieu ont été déclarés à partir de ces derniers.

Le premier des commandements envers le prochain, celui mis en épigraphe ci-dessus, est le seul qui ne soit pas une interdiction, qui ne soit pas un droit négatif, c'est-à-dire la contrepartie d'un droit naturel, respectueux de l'intégrité des biens ou des personnes. Il exprime l'amour reconnaissant envers ceux qui ont donné la vie.

Le bon fils (s'il s'agit d'un garçon bien sûr) est celui qui se conforme à ce devoir filial. Mais, pour être un bon fils, encore faut-il que les parents soient honorables. C'est peut-être la leçon qu'il convient de tirer du roman de Denis Michelis, où, au début, Albertin, alias Constant, cultive une insolence irrespectueuse à l'égard d'un père insupportable.

En fait le lecteur ne sait pas très bien sur quel pied danser et se pose au moins deux questions: Albertin est-il seulement un prénom de dénigrement que donne un père déçu à son fils Constant? Hans existe-t-il autrement que dans l'imagination de Constant, qui porte bien son prénom, puisqu'il est, pour son père, contamment décevant?

Avant que Hans n'apparaisse dans la vie de Constant et de son père divorcé, rien ne semble bien se passer entre eux. Ils se sont installés à la campagne, le père parce qu'il était fatigué, le fils parce qu'il était devenu nécessaire de le mettre dans une nouvelle école où même les mauvais fils se changent en bons fils.

Constant est un ado ingérable (sa mère a préféré renoncer, fuir ses responsabilités, se remarier, refaire des enfants, redistribuer les cartes de son existence). Il entre en première ES. Comme le dit Madame la Proviseure de son nouvel établissement, cette année est une année décisive, une année importante, une année charnière.

Leur nouveau logis est un modeste pavillon de plain-pied avec deux fenêtres de part et d'autre, une porte au milieu, un toit qui ressemble à un toit et une cheminée à une cheminée. Elle comprend un salon-salle à manger traversant, une cuisine tout équipée, un couloir qui dessert trois chambres et une salle de bains, une porte descendant à la cave.

Quand Hans apparaît, les choses changent pour tous les deux, à un point tel qu'ils seront méconnaissables à la fin du récit, où, dans la meilleure tradition oedipienne, le fils ne devient un bon fils qu'en tuant, en quelque sorte, le père, comme si l'homme devait, pour le devenir, couper un deuxième cordon ombilical.

En attendant, le livre, dédié à tous les mauvais fils, est le récit plein d'humour de ce changement spectaculaire qui s'opère peu à peu, en trois actes. Car l'auteur sait faire parler les protagonistes dans le langage de leur rôle et de leur âge avec beaucoup de verve et de véracité, restituant avec moult détails actuels la vie lycéenne et les premiers émois adolescents.

Francis Richard

Le bon fils, Denis Michelis, 224 pages, Editions Noir sur Blanc


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