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J’attends l’aube

Publié le 21 octobre 2016 par Mentalo @lafillementalo

Je ne dors pas. Je guette. J'écoute ta respiration, parfois régulière, parfois secouée de quintes de toux sèche. Ta tête sur mon bras, mon nez dans tes cheveux, je ne sens même pas l'engourdissement me gagner. Je ne dormirai pas. Je ne suis plus à une nuit près tu sais. Ca n'est pas bien grave. Ton corps est bouillant sous mes mains, je sens ton haleine chargée de microbes. Sans doute demain, ou après-demain, serai-je malade à mon tour. Peu m'importe. Dans le silence de la nuit me reviennent ces heures interminables de solitude avec toi, il n'y a pas si longtemps, et pourtant une éternité. Je souris. Ma toute petite, mon immense, enroulée en boule tu tiens encore dans mes bras, mais plus pour longtemps. J'écoute les craquements de la charpente, le vent dans les feuilles qui s'accrochent encore au tilleul des voisins, la pluie qui frappe les dalles lisses de la terrasse, ton coeur qui bat un peu trop vite. J'attends l'aube pour me défaire de ton étreinte, sans un bruit je me glisserai hors du lit, et reprendrai le cours de la vie. Je n'aurai pas dormi. Une nuit de plus, je ne fais plus le compte, parce que ça m'est égal. Parce que je crois que j'ai appris à les aimer, ces nuits avec toi. Parce que dans ces heures sombres, tu ne t'échappes pas en riant, tu ne t'en vas pas en chantant, tu ne grandis pas trop vite, tu ne conjugues pas au subjonctif présent, tu restes auprès de moi, si près que nous ne faisons qu'un, mon enfant, comme autrefois. Dans quelques heures, ta soeur dira que le lit des parents est magique, puisque dedans on n'a plus mal, on est guéri, et on arrive à s'endormir. Dors et guéris, je veille sur toi. Je veille.


J’attends l’aube


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