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La moto à Mada

Publié le 21 octobre 2016 par Alexcessif
La moto à MadaDes nouvelles du fiston vazaha à Madagascar
"Pour bouger les fesses de ma petite malgache, je l'ai incitée à faire un peu de business. Pour ça, son idée a été d'acheter des canards en brousse pour les revendre 2 fois plus cher aux restaurants en ville (c'est la règle, c'est normal et ça fonctionne donc, bonne idée). Elle a fait le voyage une 1ère fois seule et j'ai proposé de faire le suivant avec elle, il me fallait un peu d'aventure. 
Donc ça commence par 40 bornes de routes goudronnée, puis 120 de piste. Et beh c'est du sport, on a mis pratiquement 5h30 ! 
Bon pour ma défense, je ne suis pas vraiment sûr du kilométrage, je dirai plutôt 150. Le problème c'est que mon compteur est déjà mort, le leur est soit débranché, soit faux (quand ils roulent à au moins 50 km/h, le compteur indique 10...) et y a pas de bornage en piste. Bref, on va pas faire la tapette, faut se l'avouer, je n'ai pas été très rapide.
Mais d'abord le cross, c'est perso, sans le sac de patate à l'arrière ! Elle est mignonne la petite mais dans le sable, ça m'allège l'avant et sur les bosses, elle me comprime plus les suspates qu'autre chose. Et aussi, elle n'indique pas la bonne direction: j'étais sur un petit cours d'eau quand elle m'a dit "à droite, non à gauche, attend je sais pas !". Résultat: planté. Vous verrez la vidéo à mon retour vers la civilisation, pas assez de réseau ici. 
En tout cas, ce n'est pas pour rien que les pistards utilisent un road book. Et si c'est macho de dire que la passagère n'est pas la bienvenue, j'assume en disant que la moto ça se partage mais pour y prendre un max de plaisir, désolé mais c'est solo. Donc la piste malgache, c'est du sable, de la terre, du mélange des deux, avec des cailloux, des ornières, des trous, des fourmilières énormes, des buissons biens secs qui te gratouillent les jambes même à travers le jean.... Le pire c'est le sable. Je pensai m'y être habitué chez moi mais là c'est autre chose: super fin, même les 4x4 n'y laisse qu'une trace à peine plus large qu'une roue de vélo. Tu n'as qu'une seule trajectoire possible avec un gros tas au milieu qui t'empêche de prendre l'autre saignée en cas d'obstacle. Et si tu veux éviter un buisson ou une branche d'arbre qui risque de te fouetter la gueule, tu ripes dès que tu es en dehors de la voie, tu pars en guidonnage et c'est super dur à rattraper. En gros, j'ai couché la moto 2 fois quasi à l'arrêt et pris une petite gamelle, sans gravité heureusement (ni pour nous, ni pour la moto). En fait, c'est assez frustrant de ne pas trouver le mode d'emploi. Et puis, comme excuse, la passagère n'aide pas. Alors tant pis pour elle, des fois elle descendait de la meule et là ça allait bien mieux. Une fois que j'étais en piste plus roulante, je réfléchissais à comment passer ces putains de portions de sable. J'ai révisé mes cours dans ma tête et m'est venue la solution: le regard. Ben voui, c'est con, mais c'est la base en moto. Il y a tellement de pièges sur cette putain de piste que j'ai pris la mauvaise habitude de regarder 5 mètres devant mes roues. Mais en moto, cross ou piste, faut élargir le regard. Et effectivement c'est efficace sur le sable, j'ai passé un peu mieux les dernières portions. Je me suis rappelé à mon bon souvenir que la moto, ce n'est pas que du gros gaz et des cojonès, faut être technique quand même un peu. Et puis de toute façon, je n'ai plus les couilles de mes 20 piges, alors faut réfléchir un peu avant d'attaquer. Aussi il faut de l'équipement. Bon j'ai mis le casque (minimum obligatoire), le jean et les baskets. Mais il aurait fallu des gants, des bottes et au moins une dorsale au cas où. Un masque aussi c'est bien. Je n'ai plus de lunettes de soleil, à part les "Ran Bei" contrefaçon "officielle" de Ray Ban qui déforment plus la piste qu'autre chose. Avec le masque, c'est comme au ski quand il y a du brouillard, tu vois mieux les imperfections qu'avec tes propres yeux. Là je n'avais que mes lunettes de vue classique et avec le soleil, j'en ai chié ! La gestion du parcours est importante aussi. Normalement, on fait de la reconnaissance, on regarde une carte avant de partir, mais là ce n'est pas possible. Alors dernier recours, pêche aux infos mais là c'est encore une autre histoire, j'ai été très mal informé: le chauffeur de 4x4 me dit qu'il fait le chemin en 3h00 max alors qu'il a mis 5h30 ce blaireau, sans panne ni aucun imprévu. On l'a attendu et lorsqu'il arrive, pour lui tout va bien, grand sourire... En même temps, j'aurai dû m'en douter, ici quand il est 10:35, ils disent 11h moins... Moins 5, moins le 1/4, moins 25, ils ne connaissent pas. C'est comme le kilométrage, ils ne savent pas être précis. En me renseignant auprès de la belle famille, ils me disent qu'ils font ça en 2h30. Sauf que même si je n'ai pas roulé très vite, c'est impossible. Mais je n'ai su ça qu'en arrivant, qu'ils avaient dit ça pour m'encourager... N'importe quoi! Je pense surtout qu'ils ne m'en croyaient pas capable, ils avaient tous un petit sourire en coin quand j'ai dit que j'allais le faire. Aurait dû me méfier. Donc une fois sur la route, à une petite pause banane/café/clope dans le seul petit village disponible, je demande à la miss qui me dit "c'est bon, on a fait la moitié du chemin". Sauf qu'on n’était même pas au tiers. Quand je lui demande pourquoi elle m'a dit ça, elle me répond que c'est parce que d'habitude, ils s'arrêtent là pour manger... Sauf que quand tu détaille, elle te dit qu'en camion elle met 2h pour arriver là + 5h pour arriver à destination... Je l'ai regardée, elle m'a regardé, je l'ai regardée...bref, ne pas faire confiance à un malgache pour évaluer une distance ! En tout cas, je pensais pouvoir gérer le parcours sans problème, alors j'ai bien roulé dès le début, pas à l'attaque mais régulier. Sauf que 3 heures prévues en étant large qui se transforment en 5, c'est pas du tout pareil. En fait, ça m'a fait penser au canoë sur la Vézère, version parcours sur 2 jours. Au début t'es content, tu fais le con, tu fumes, tu bois. Arrivée la nuit, tu fais la fête autour du feu jusqu'à pas d'heure. Mais le lendemain, t'as l'impression de faire 2000 bornes! Moi encore ça allait, j'étais avec mon Fanou qui est comme Obélix, si tu rames, tu le ralentis. Mais je repensais au bateau vapeur de l'équipe, avec mes Chacha et Poulpy: pour te repérer, faut compter les ponts. Alors après chaque virage, ils espéraient voir un pont, sauf que la plupart du temps il y avait de graaandes lignes droiteshttps://www.facebook.com/images/emoji.php/v5/fd0/1/16/1f602.png😂. Bref, cette petite session, c'était un peu pareil, à la fin j'étais raide. Mauvaise gestion de la distance. Ah oui, dernière chose, avant de partir, toujours penser à bien réviser la meule. Ca c'est impératif donc je l'avais fait et ça m'a bien sauver la mise, notamment la vérification et tension du tambour arrière, j'avais oublié comment le pilotage cross différait du pilotage route. Un petit coup de frein arrière pour corriger une trajectoire, quand la poussière t'empêche d'utiliser l'avant, c'est très appréciable ! Ca se fait aussi avec une routière mais là c'est beaucoup plus fréquent. Et puis dédicace d'ailleurs à ma petite chinoise 150 cc, elle a assurée. Redémarrage 1/4 de pet après des pauses ou la petite chute, moteur qui chauffe mais qui ne bronche pas... Elle a des défauts cette petite, de finition surtout. Mais le petit cœur, le moulbiffe, il est là ! Faut toujours respecter sa cavalière, surtout quand elle le mérite. Donc pour résumer, une virée en bécane c'est : révision mécanique, repérage du parcours, équipement. On se sort les doigts du cul, 1ère en bas, gaz à droite et ENJOY !!! Voilà, ce petit parcours m'a inspiré, je voulais partager ça avec vous. C'est un peu technique, ça va peut être gonfler les non initiés. Mais faire de la piste à Mada, ça fait partie du folklore, que ce soit en 4x4 ou en bécane, faut le faire. J'en connais quelques uns qui se seraient éclatés avec moi. Même si j'ai quelques courbatures aujourd'hui, je ne regrette pas et je pense que je le referai (à commencer par le voyage retour). Ici ou ailleurs, je reste un motard, car la moto procure vraiment des plaisirs intenses, autant physiquement que moralement. Bien sûr, il y a plein d'autres plaisirs dans la vie. Mais ma virée me confirme que la moto reste dans ma "top list". Au passage, merci ma mère d'avoir fait de la moto jusqu'à 7 mois de grossesse. Et surtout merci mon père d'avoir rendu ça possible, tu nous a transmis le virushttps://www.facebook.com/images/emoji.php/v5/f57/1/16/1f609.png😉 La bise

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