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(anthologie permanente) Yannick Torlini : "que reste-t-il dans la langue là où ça se tait"

Par Florence Trocmé

Laurent Albarracin a publié une note de lecture consacrée au livre de Yannick Torlini sur le site de Pierre Campion et a choisi cet extrait pour Poezibao :
vous tirez un trait sur vous-mêmes. vous tirez un trait disparaissez, en vous-mêmes, vous disparaissez. que reste-t-il dans la langue sinon disparaître sinon, quand tout aura été dit, lorsqu’il ne restera plus rien. que reste-t-il dans la langue là où ça se tait. là où ça tombe. là où ça s’arrête. que reste-t-il lorsque vous tirez un trait, sur vous-mêmes. dans la langue. que reste-t-il dans la nuit, dans la langue, sinon les pierres, et comme un désert qui résonne. la terre recouvre s’amoncelle vous n’y voyez pas plus loin, la terre, plus loin recouvre, vous s’amoncelle, n’y voyez pas, plus loin la terre plus, loin vous, s’amoncelle, vous recouvre vous, plus loin vous la terre, vous, n’y voyez plus, vous n’y voyez plus.
dans tout cela
qu’un trait
entre vous et
vous-mêmes.
dans tout cela
il ne restera
plus rien.
que vous : à devenir fatigués d’avoir à faire et être et devenir. devenir fatigués d’être un prédicat. devenir fatigués de vous lever pour rien. devenir fatigués de vous inventorier. devenir fatigués de vous rassembler pour vous disjoindre. devenir fatigués de regarder trop loin. devenir fatigués de trébucher et reprendre et trébucher. devenir fatigués de vous ressasser. devenir fatigués de vos propres brisures. devenir fatigués.
Yannick Torlini, Seulement la langue, seulement, éditions Dernier Télégramme, 106 pages, 2016, 13 €, pages 72 - 73.


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