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496ème semaine politique: rions un peu avec Juppé, Sarkozy et Monsieur 4%

Publié le 05 novembre 2016 par Juan
496ème semaine politique: rions un peu avec Juppé, Sarkozy et Monsieur 4%

L'Amérique trumpisée va sortir de son cauchemar, ou bien au contraire s'y enfoncer, dans quelques jours ou pour quelques années. La France ébahie, amusée, terrifiée commente cette Amérique comme si elle était elle-même épargnée. Pourtant, la situation politique française est devenue burlesque: le retour de Jean Lecanuet, l'antisarkozysme de droite, ou l'aveuglement de "Monsieur 4%", tout prête à la rigolade.

Rigolade
  • Action de rire et de se divertir sans contrainte: "Quelle rigolade, quand on est partis!"
  • Chose peu sérieuse, burlesque: "Tout ça n'est qu'une vaste rigolade!" 
  • Chose faite sans effort, comme par jeu:  "Réparer ça, c'est de la rigolade!" 
Source: Larousse

Le retour de Jean Lecanuet
Le favori des sondages et des sondeurs, la terreur du camp sortant, publie une affiche de campagne digne des meilleurs publicistes des années soixante. La photographie est quasiment sépia, la typo d'un autre temps, le cadrage hors d'âge. Juppé semble s'être échappé dû de la campagne présidentielle de 1965 contre de Gaulle et Mitterrand. Finalement, la comparaison devient évidente: Alain Juppé est en fait la réincarnation politique de Jean Lecanuet. Comme une sorte de grand-père d'Emmanuel Macron.
En 1995, Chirac découvrait le "mulot". En 2016, Juppé adore les "cookies", pour désigner les emoticons qui décorent tweets et SMS des plus jeunes. Juppé cherche à être moderne, le peut-il vraiment ? Son programme est une potion à peine moins amère et violente pour tout ce compte de précaires le pays. Avec Nathalie Kosciusko-Morizet, rivale anecdotique dans cette primaire primaire, Juppé tente de réchauffer les cœurs et les esprits. Il s'inscrit en faux contre les furibards et autres professeurs de haine qui appellent à la croisade. Mais son programme reste et demeure tout droit sorti des vieilles armoires thatchéristes.
L'électeur est-il si masochiste au point d'embrasser, dans les sondages au moins, ces candidats effroyables qui nous promettent amputations, licenciements et exclusions ?
Jeudi soir, le second débat de la primaire de la droite et du centre a d'ailleurs tenu toutes ses promesses: ennuyeux car vide d'idées, généreux en surenchères ignobles à faire frémir la République, décourageant pour l'électrice devant ce parterre de mâles quinqua/sexta et, à l'arrivée, un résultat d'audience bien maigre et mitigé : un peu moins de 3 millions de téléspectateurs. Le plus cocasse est ailleurs, ce débat des tontons flingueurs se déroule au soir de la journée de la gentillesse. Ces candidats sont maudits. Ils sont burlesques. Fillon et Sarkozy sont rapidement haineux à l'encontre de François Hollande. Le duo exécutif du quinquennat précédent raté est rancunier. Nathalie Kosciusko-Morizet fut la seule, claire et directe, à affirmer son hostilité irrémédiable contre la blonde nationale-socialiste. Quand Sarkozy appelle au barrage contre le FN, on lui rappelle qu'il a chipé la quasi-totalité du programme et des outrances de la Bête Immonde.
Pourquoi donc refuser une alliance politique avec le FN quand les idées ont devenues si proches ?
"Enfin de la castagne!" se réjouit le Parisien le lendemain. Et de la castagne, il y en eut, pour l'essentiel concentrée sur Nicolas Sarkozy, lequel fut bien surpris. Sarko pris en tenaille, et surtout otage de son propre bilan désastreux.
"Pardon mais moi, j'ai fait un service militaire et je ne balayais pas la cour de la caserne." Nathalie Kosciusko-Morizet à Nicolas Sarkozy.
L'antisarkozysme de la droite et du centre
Sarkozy, condescendant à l'excès à l'encontre de ses rivaux, s'est heurté aux rappels des faits, c'est-à-dire ses revirements et ses mensonges. Le Maire lui rappela sa promesse de retrait de la vie politique au soir de la défaite, NKM sa trahison écologiste, Copé son échec politique ("On a certainement fait des réformes formidables (en 2012), mais elles n'ont pas suffi à permettre les résultats qui nous auraient permis d'être réélus") et cette "erreur folle" d'avoir réduit les effectifs de sécurité quand il était président.
Cette primaire est polluée par la présence de Nicolas Sarkozy. Chaque candidat le comprend, même Sarkozy. La primaire de la droite et du centre vire ainsi au déballage interne plutôt qu'à la confrontation idéologique ou politique. Elle agit comme un exercice d'inventaire forcé et public contre un ancien monarque qui n'entend rien et n'écoute personne.
"C'est la défaite qui fait apprendre des choses, comprendre des choses, et faire évoluer une personnalité. Je souhaite d'ailleurs que ça t'arrive." Nicolas Sarkozy à Bruno Le Maire, 3 novembre 2016
Sarkozy est largement responsable de cet état de fait. Et qu'il devient drôle d'observer les ravages de cet antisarkozysme de droite. Ailleurs, on lit cette semaine, dans la joie et la bonne humeur, le contenu d'un long SMS de Rachida Dati à Brice Hortefeux ("salut le facho!"), où elle menace de déballer les sales affaires de corruption libyenne et d'emploi fictif de son épouse; ou ces incroyables révélations du Monde sur le réseau d'espionnage parallèle organisé par Bernard Squarcini pour le compte et le bénéfice de Nicolas Sarkozy.
Rions un peu avec Pierre MoscoviciLe Commissaire européen aux Affaires économiques et financière, à la Fiscalité et à l’Union douanière est à Paris. Mosco est toujours un vrai sujet de rigolade. Une autosatisfaction qui n'a d'égale que sa paresse légendaire amuse une nouvelle fois la galerie médiatique. Il est pris une seconde fois ce mois-ci en flagrant délit et délire d'hyper-narcissisme. Le Quotidien de Yann Barthès s'en amuse. Mosco est à Paris pour faire la promo de son dernier bouquin. Et discourir sur l'Europe version Juncker devant des élèves à Sciences Po. On se pince quand on l'entend louer le programme de l'ancien président du premier paradis fiscal européen. Il veut "rendre concrète et vivante" l’Union européenne aux yeux de ses citoyens. C'est beau comme du Mosco ! Mosco n'a pas grand chose à dire pour défendre le CETA ("Comprehensive Economic and Trade Agreement "). C'est pourtant son domaine à Mosco, les douanes et les affaires économiques.
Peut-être n'a-t-il pas lu les 2000 pages du traité. 
Ce funeste traité libre-échangiste entre l'UE et le Canada a été bloqué de justesse par ... le parlement wallon. Après quelques jours de négociation supplémentaire, le CETA est "enfin" signé. Il parait que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Les droits de douane sont abaissés à 99%. Les entreprises canadiennes pourront concourir aux marchés publics européens. Les multinationales pourront attaquer en justice les lois des Etats membres devant des tribunaux d'arbitrage international. Tout juste les Wallons ont-ils obtenus que ces tribunaux privés fassent l'objet, ultérieurement, d'un avis de la Cour de Justice européenne sur leur conformité.
Mais pour Mosco, bien sûr, le CETA est un bel accord. Il publie un bouquin (il a le temps d'écrire), et se voit même futur conseiller de campagne de François Hollande.
Rions un peu.
Qui va prévenir Hollande ?
Au soir de ce débat, l'une des 2 chaînes d'information retransmettant l'évênement sort momentanément de sa grève: iTélé n'émet plus que des rediffusions de vieux reportages depuis 3 semaines à cause de l'arrivée à l'antenne d'un animateur symbole de la trash-TV et, surtout, mis en examen pour corruption de mineurs. Mais la nomination de Morandini est une décision de l'actionnaire. Hollande a un point commun avec Vincent Bolloré. Le président et le milliardaire breton n'en font qu'à leur tête, même quand les faits s'entêtent contre leurs décisions.
Le livre du duo Davet/Lhomme agit comme une bombe à fragmentations dont les dégâts se propagent sur plusieurs semaines et tous les secteurs. Cette semaine, La Ligue nationale de Football réfléchit à porter plainte contre l'Elysée, ou a minima saisir l'Autorité de concurrence puisque Hollande a confié qu'il était intervenu pour décourager le Qatar de rafler l'essentiel des droits télévisés du championnat français en 2014. A droite, d'autres voix éructent contre la violation du secret défense: Hollande aurait laissé au regard des plans d'attaque en Syrie lors de ses entretiens avec les auteurs du bouquin.
"Monsieur 4%" sillonne la France. Sa pré-campagne présidentielle se déroule toujours dans une indifférence polie. Son ministre des finances est contraint d'avouer que la croissance économique, plombée par une trop faible consommation des ménages, reste finalement atone. Certes, et évidemment, nombre de mesures votées sous l'actuel quinquennat n'ont pas grand chose à voir avec les outrances austéritaires prônées par les candidats de droite. Mais qui va prévenir Hollande qu'il "appartient au passé" ? Qui va lui dire que ses manoeuvres, ses revirements, et, plus grave, son échec général à rétablir l'emploi et soigner les inégalités a précipité vers l'abstention des cohortes d'électeurs au moment même où la mobilisation contre la droite la plus furibarde que la Vème République ait connu est nécessaire ?
Qui va lui faire comprendre que son quinquennat n'a pas réparé le précédent, mais préparé le prochain que l'on devine funeste ? Après la constitutionnalisation de la déchéance de nationalité, validée par Hollande et Valls; puis la loi Travail qui autorise les entreprises à déroger aux accords de branches aux détriments des salariés; voici le fichage généralisé des informations biométriques de l’ensemble des détenteurs de passeport ou de carte d’identité âgés de plus de 12 ans.
A Calais, le démantèlement tardif d'un campement sauvage de quelques milliers de réfugiés s'achève. Il n'y a que Sarkozy pour oser la blagounette déplacée sur le sort de ces miséreux fuyant la guerre.
"Le changement climatique a eu des conséquences, il y a maintenant une 'jungle' à Calais" Nicolas Sarkozy.

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