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Henri Cueco : le collectionneur de collections

Publié le 09 novembre 2016 par Pantalaskas @chapeau_noir

« Parcours et fragments »

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Il n’est pas vraiment étonnant de trouver plusieurs vies d’artiste dans celle d’Henri Cueco dont l’exposition « Parcours et fragments » au musée de Gajac à Villeneuve sur Lot retrace un itinéraire complet. Au début des années soixante dix, le peintre partage la vie de ce groupe qui fait désormais partie de l’Histoire: la coopérative des Malassis. A ce moment, voilà déjà près de vingt ans que Cueco a pratiqué l’activité d’un groupe avec, à partir de 1952, le salon de la Jeune Peinture. Ce collectif adoptera dans les années soixante une posture militante qui n’ignore pas les turbulences de l’époque en France et à l’étranger. Au temps des Malassis, avec Lucien Fleury, Jean-Claude Latil, Michel Parré, Gérard Tisserand et pendant un temps Christian Zeimert, la peinture de Cueco se fond dans les grandes séries militantes de ces « peintres toxiques » comme les désignait l’exposition du musée des Beaux-arts de Dôle en 2014 après des années d’oubli.
Le choix d’une peinture figurative militante dans une époque où d’autres pratiques radicales s’exprimaient (BMPT, Supports-Surfaces notamment) devait s’affirmer parfois contre tous les autres. D’un mai à l’autre (de 1968 à 1981), le groupe des Malassis occupe une place importante dans la vie d’Henri Cueco. Mais les prémisses de sa deuxième vie  déjà manifestées à travers les expériences passées, mettent alors au premier plan une recherche personnelle. Certes Henri Cueco a participé au mouvement de la Figuration Narrative parallèlement aux autres aventures collectives, mais on sait que ce mouvement est resté quelque peu informel, regroupant, au gré des confrontations entre les peintres eux-mêmes, les historiques autoproclamés ou plus largement ceux qui se reconnaissaient dans cette mouvance.
Si bien qu’en dépit de toutes ces aventures collectives au sein de la Jeune Peinture, de la coopérative des Malassis ou de la Figuration narrative, c’est une voie personnelle pour ne pas dire solitaire qui, me semble-t-il, caractérise le travail de Cueco.

Exposition Cueco musée de Gajac 2016

Exposition Cueco musée de Gajac 2016

Alors que la figuration de ses années militantes s’était mise au service d’une cause politique, c’est un questionnement sur la peinture elle-même qui préoccupe ce peintre pourtant éloigné des Buren, Viallat et de tous ceux qui rejetaient cette figuration au profit d’une abstraction intransigeante.
Au fil des séries, Henri Cueco se livre à une forme de dissection de la figuration, aboutissant à une sorte d’inventaire de formes presque à la manière d’un entomologiste. Cet irréductible collectionneur qui collectionne tout  » les noyaux de fruits, les cailloux, les bouts de crayons, les sandows et même les silences… » intègre dans ses dessins et dans ses peintures cette incorrigible obsession.
Mais l’itinéraire d’Henri Cueco ne peut se réduire à cette vie de peintre quand bien même cette seule activité remplirait déjà celle de tout autre artiste. Le besoin d’écrire lui fait aborder des horizons nouveaux . Il publie de nombreux textes parmi lesquels L’Arène de l’art, Dialogue avec mon jardinier – adapté au cinéma par Jean Becker, Le Journal d’une pomme de terre,

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Le Collectionneur de collections, Le Chien Boomerang, Cent paysages que je ne peindrai jamais, Passage des astragales…). Dans «L’été des serpents» , déjà évoqué dans ce blog, Cueco revient sur sa jeunesse dans une petite ville de Corrèze : «J’ai quinze ans à la fin de la guerre. L’aventure de la mort héroïque est terminée. Il va falloir apprendre à mourir de maladie et de vieillesse. C’est jeune pour mourir vieux. J’ai raté ma guerre. J’étais trop jeune pour être un héros.».
On ne peut donc dissocier ces trois vies parallèles ou successives qui font d’Henri Cueco un artiste finalement résistant aux classifications, réfractaire aux assimilations de groupes, ce qui n’est pas le moindre paradoxe pour celui qui fut à la fois militant syndical et politique, membre de la Jeune Peinture et acteur majeur de la coopérative des Malassis.

Henri Cueco
« Parcours et fragments »

Commissaire de l’exposition : David Cueco
13 juillet- 31 Décembre 2016
Musée de Gajac
Villeneuve sur Lot


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