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Good Morning América, Le jour d’après…

Publié le 09 novembre 2016 par Marc Vasseur
" Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaitre et dans ce clair obscur surgissent les monstres " A. Gramsci

Catastrophe nucléaire pour les uns, demie surprise pour les autres (dont je fais partie) ; Trump néo-populiste a été élu Président de la plus grand démocratie déliquescente.

On se gardera bien des raccourcis quant aux raisons de cette victoire et notamment celle qui voudrait que " l'homme blanc " ne voulait pas d'une femme à la Maison Blanche. On évitera de rappeler que par deux fois, ce même homme blanc a porté un noir dans cette même Maison Blanche.

Par contre on a tendance à oublier que c'est probablement les classes moyennes et populaires déclassées qui ont voulu sortir par la fenêtre tout un establishment. Car si les marchés financiers et le 1% des plus riches se sont remis très rapidement de la crise des subprimes, les laborieux payent encore le tribu de la joyeuse financiarisation et globalisation de l'économie.

Rares sont les économistes à avoir mis en garde sur une lecture trop idyllique de la " reprise américaine " ; elle a encore plus fragilisé l'américain " moyen " et ce quelque soit la couleur de peau de l'américain lambda... elle fut avant tout l'explosion de la précarité et des sous jobs. Et passons sur ce risible taux de chômage de 5,1% quand dans le même temps le taux de participation au travail n'a jamais été aussi bas depuis trois décennies. Sans omettre également le nombre d'américains pris en charge par le programme alimentaire fédéral qui a explosé depuis 2007.

Alors oui, cela peut sembler paradoxal que ces américains, à qui on a vendu de l'endettement privé qui ne coûte rien en échange d'une destruction des pouvoirs publics dans les années 80/90 - Républicains comme Démocrates - se tournent aujourd'hui vers un de ceux qui a le plus profité de cette dérégulation économique organisée.

Malheureusement, et au delà des discours délirants, Donald Trump a pris en compte ces citoyens méprisés depuis plusieurs années.

Celles et ceux qui ne comprennent pas que les délocalisations et la désindustrialisation est une chance pour eux... privés de boulot. Car demain dans la doxa néolibérale mondialisée et heureuse, chacun sera ingénieur en informatique dans une start up cool ou uberisé grâce au bon vouloir d'une multinationale généreusement implantée dans un paradis fiscal. Parce que tout de même, les impôts c'est sale et tellement pas glamour.

Alors oui, on peut s'étonner que l'ouvrier américain ait été séduit par un Trump qui a promis des grands travaux, promis aux laissés pour compte de Chicago qu'il allait interdire les délocalisations des entreprises américaines et obliger Apple à rapatrier ces chaines d'assemblage.

Pendant ce temps, Hilary Clinton levait des fonds chez Apple et comme dans 90% des entreprises cotés au DowJones et au Nasdaq (relire à ce propos le livre de Jospeh Stiglitz sur les années où il a conseillé Bill Clinton...).

En aucun cas je me réjouis de la victoire de Trump, j'essaye simplement de la comprendre comme j'essaye de comprendre l'ascension de Marine Lepen (et je le répète son arrivée dans le Pas de Calais est essentiel, je l'ai écrit il ya quelques années).

Et ce n'est certainement pas avec des injonctions du camp du bien contre celui du mal que ces peurs vont refluer et même si la planète risque d'avoir un gros coup de chaud au regard des délires de Trump en matière d'environnement.


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