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Sésame, ouvre toi!

Publié le 31 octobre 2016 par Marcel & Simone @MarceletSimone

 En cet automne 2016, la Cinémathèque offre, à nos yeux éblouis, certains des plus beaux joyaux de sa collection.

Joyaux historiques qui retracent l’évolution de la machine au cinéma sur un parcours qui nous mène de 1889 (environ) à aujourd’hui (à peu près… car le futur n’est pas loin).

De la caméra que Méliès fabriqua lui-même aux lunettes 3D qui permettent de s’envoyer en l’air avec Gravity, c’est devant plus de 100 ans d’évolution du Septième Art que nous défilons, subjugués, ébahis, amusés, passionnés, intrigués, nostalgiques.

Sur les 6000 appareils que la Cinémathèque possède dans sa caverne d’Ali Baba, 250 nous sont présentés pour cette merveilleuse exposition orchestrée par le très sympathique Laurent Mannoni.

Caméras terrestres, caméras sous-marines, projecteurs, petites caméras, grosses caméras, Technicolor, Panavision, format 35mm, format 70mm, CinemaScope, argentiques, magnétiques, numériques, c’est autant « d’engins », « d’outils » et de termes cinématographiques versant technologie, machinerie, mécanisme, progrès et évolution qui se matérialisent devant nous.

 Le Voyage dans la lune de Georges Méliès, 1902.

Le Voyage dans la lune de Georges Méliès, 1902.

La scénographie est simple pour peu qu’on sache regarder à droite, à gauche, devant soi et lever la tête.

L’itinéraire, lui, se confond en six étapes quasiment chronologiques. Je dis « quasiment » car les inventeurs n’ont pas toujours été à la pointe de la modernité. Pour vous donner un exemple, au début des années 30, alors que le parlant est en plein « Boum », arrive sur le marché un appareil de projection pour films muets ! Évidemment, il fait un bide ! Bide qui avait quand même été plus ou moins anticipé puisque pour être sûr d’en vendre quelques uns, les concepteurs du produit y avaient inclus un poste TSF et un gramophone… D’autres objets, notamment des caméras, étaient destinés à amorcer des révolutions qui ne se firent jamais, soit que leurs coûts étaient trop élevés ou qu’elles n’étaient tout simplement pas pratiques. En revanche, certains réalisateurs, comme Jean-Luc Godard (que je cite pour pouvoir utiliser la formule consacrée « pour ne pas le citer ») dans les années 70, ont passés commande de caméras faites « sur mesure » (d’autant plus pour JLG, qui est le concepteur de la sienne, une petite caméra 35 mm très légère) dont ils se sont servis.

Photo de tournage. Roman Polanski sur le tournage de Tess (1979) - 1979 PATHE PRODUCTION - TIMOTHY BURRILL PRODUCTIONS LIMITED

Photo de tournage. Roman Polanski sur le tournage de Tess (1979) - 1979 PATHE PRODUCTION - TIMOTHY BURRILL PRODUCTIONS LIMITED

 L’exposition débute par deux sons caractéristiques de l’Histoire du cinéma : le bruit de la pellicule dans le projecteur et la musique de Georges Delerue puisque des extraits de Le Mépris de Jean-Luc Godard (ce n’est pas une expo sur lui) sont diffusés. Quelques extraits de films sont diffusés tout au long de la visite d’ailleurs, comme Les 400 coups de François Truffaut, mais je tiens à vous prévenir tout de suite, pour qu’il n’y ait pas de malentendu, que le thème de l’exposition n’est pas l’image ou le film, mais les appareils qui ont permis de faire des images ou des films (puisque le son et la pellicule ont leur importance aussi), et que si vous voulez voir du cinéma sur grand écran en fonction des évolutions du matériel cinématographique, il vaut mieux vous procurer le programme de la rétrospective qui accompagne l’exposition.

Ensuite, nous assistons à la « naissance » du cinéma avec les premiers outils, ceux qui découlent directement de la science car se sont des scientifiques finalement qui ont inventé les premiers objets capables d’enregistrer et de restituer les images en mouvement. Thomas Edison (Le Kinétoscope), Étienne-Jules Marey, Louis Lumière et celui qui est le premier vrai artiste du Septième Art : Georges Méliès.

Puis ça s’enchaîne, Le Cinéma pour tous se concentre sur les premières évolutions destinées à permettre une diffusion des films réalisés pour un public de plus en plus nombreux (Caméra réversible de George William de Bedts). Le début d’une commercialisation du cinéma en somme.

L’âge d’or du muet glorifie une période ou les premiers grands réalisateurs apparaissent : Abel Gance, Jean Epstein, Buster Keaton, et Charlie Chaplin. Le visuel est évidemment ce qui prime avant tout et le matériel est conçu pour faciliter les prouesses techniques. Les ingénieurs français, notamment ceux de chez Pathé, sont à la pointe des évolutions et ils améliorent sans cesse caméras, objectif, trépieds, et projecteurs.

Fin des années 20, le cinéma devient sonore (Le chanteur de jazz en 1927). Léo Gaumont cherchait depuis longtemps à innover dans ce sens avec son Chronomégaphone à air comprimé, mais c’est finalement le Vitaphone et son disque synchronisé de chez Warner et Western Electric qui change la donne.

Deux étapes sont consacrées aux expérimentations (et ça vaut bien ça). Vous pourrez admirer les caméras de la période Technicolor (la Rolls des caméras), celles du Cinérama ou de la VistaVision, les balbutiements de la 3D au début des années 50 avec des appareils beaucoup trop lourds à déplacer, et avec aussi la célèbre Caméflex de chez Éclair qui fit le bonheur de, excusez du peu, François Truffaut, Godard (pour connaître son prénom, reportez-vous plus haut), Raoul Coutard, Orson Welles et Francis Ford Coppola.

Pour terminer, une paire de lunettes 3D vous est proposée pour que vous puissiez vous régaler devant un extrait de Gravity. C’est évidemment l’ère du numérique, de l’informatique, de la Virtual Reality, que des réalisateurs comme George Lucas ont initié depuis les années 70. Techniquement, les appareils Panavision sont le must.

La caméra 35 mm Caméflex Éclair-Coutant, Paris, 1947. © Stéphane Dabrowski / La Cinémathèque française

La caméra 35 mm Caméflex Éclair-Coutant, Paris, 1947. © Stéphane Dabrowski / La Cinémathèque française

Pour conclure, je vous dirai une chose et vous en conseillerai une autre. Je vous dirai que je vous ai donné un faible aperçu de ce qui vous attend. Et je vous conseillerai, même si il y a la queue, de ne pas passer à côté de l’expérience du Kinoscope qui vous attend à la toute fin de la visite et qui est absolument surprenante.

De Méliès à la 3D : la Machine cinéma.

Du 5/10/2016 au 29/01/2017.

La Cinémathèque Française.

51, rue de Bercy.

75012 Paris.

Du lundi au vendredi (fermeture le mardi) de 12h à 19h.

Nocturne le jeudi jusqu’à 21h.

Plein tarif : 11 euros.

Tarif réduit : 8,50 euros.

Moins de 18 ans : 5,50 euros.

Libre Pass : accès libre.


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