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La ruée vers l’or noir : quand les Américains sont prêts à tout pour quelques dollars.

Publié le 11 novembre 2016 par Edelit @TransacEDHEC

La ruée vers l’or noir : quand les Américains sont prêts à tout pour quelques dollars.

Selon plusieurs estimations, l’état du Texas serait situé au-dessus d’une réserve équivalant à plus de 50 millions de barils de pétrole. Problème : au Texas, les terrains privés constituent plus de 90% de la surface de l’état. Ces réserves sont donc, à première vue, inaccessibles pour les compagnies d’extraction pétrolières. Cependant, grâce à une législation fédérale plus qu’avantageuse, il semblerait que particuliers et entreprises parviennent à trouver un terrain d’entente : louer le sous-sol pour que chaque partie puisse en tirer le plus gros profit. Ces types d’arrangements ont lieu principalement dans la région de l’Eagle Ford Shale qui produit chaque jour 50% de la production américaine de barils de pétrole et réunit à elle seule plus de 6 milliards de dollars d’investissement sur les trois premiers trimestres de 2016.

Laissez place à l’envahisseur…

       Le principe est très simple : tout propriétaire d’un terrain en dessous duquel se trouve du pétrole est également propriétaire de cette ressource minière. Comme il ne bénéficie pas lui-même de la technologie nécessaire pour l’extraire et le traiter, la possibilité de louer à une entreprise tierce son sous-terrain lui est offerte, ou plutôt même imposée. Selon l’Association Nationale des détenteurs de droits miniers (NARO), plus de 12 millions d’Américains ont été tentés par l’appât du gain et on cédé leur propriété privée aux géants du pétrole, dont la majorité réside au Texas. Jamais un état où existe la peine de mort n’a semblé si attractif !

La ruée vers l’or noir : quand les Américains sont prêts à tout pour quelques dollars.

Même s’il s’en rapproche fortement, on ne peut pas à proprement parler d’une ubérisation de l’extraction du pétrole : les propriétaires des terrains sont uniquement soumis à des contrats d’exclusivité d’une durée de 3 à 5 ans avec les entreprises signataires. Ils peuvent donc ainsi jouir d’une forme de monopole et mettre leur sous-terrain aux enchères. Et bien que les particuliers semblent ressortir gagnants de cet échange, les compagnies pétrolières sont encore plus avantagées. Sur les 180 000 puits dédiés à la production de gaz de schiste, les coûts de production des exploitants sont réduits de plus de 40% !

Quand l’or noir booste l’immobilier.

  Les compagnies y gagnent, mais pour une fois, les particuliers aussi ! Parmi les heureux gagnants de ce système, on compte Richard L.Dockery, cet ancien courtier d’assurance est devenu millionnaire en louant son terrain à une compagnie privée d’extraction pétrolière. En contrepartie, il perçoit chaque mois un chèque à six chiffres, somme à laquelle il faut rajouter les différents bonus et retours sur investissements qui lui sont dus en tant que véritable propriétaire de la ressource naturelle. Que fait-il de son pécule ? Richard paye les études de ses enfants au comptant, pars faire le tour du monde, mais surtout, il investit, et, sentant le bon filon il n’a pas choisit n’importe quel secteur : celui de l’immobilier. Tel un gentilhomme devenu bourgeois il a à son actif depuis 2010 neuf terrains dont le sous sol contient du pétrole !

La ruée vers l’or noir : quand les Américains sont prêts à tout pour quelques dollars.

Et c’est loin d’être un cas isolé dans la région. On peut aussi citer David Martin Phillip, anciennement fermier et qui n’a su, lui non plus, résister à l’appel de l’or noir. Si ce nouvel El Dorado voit chaque année depuis 2010 sa population augmenter de 5%, cela n’empêche pas la création d’inégalités et la diversité des modes de vie. En effet, ces deux millionnaires habitaient la région et étaient propriétaires bien avant que des recherches ne soient menées, leur success story n’a donc rien d’un coup de chance mais témoigne simplement de l’importance de l’industrie pétrolière : elle a réussi à elle seule à relancer l’immobilier dans une région jusqu’alors délaissée.

Évidemment, les promoteurs immobiliers se sont emparés de l’opportunité pour eux aussi de se remplir les poches grâce aux trésors cachés de ce sol. Les prix de l’immobilier sont surestimés à hauteur de 20%, en vertu d’un argument de vente infaillible : « Cette maison a le pouvoir de vous rendre millionnaire ! » aveuglant chaque année des milliers de travailleurs. Ces derniers, issus à 95% de la classe moyenne, sont prêts à mettre leur maison en hypothèque pour toucher du doigt ce rêve. Ironie du sort ? Une fois sur place, leurs terrains ne contiennent pas une once de pétrole et les pionniers modernes sont donc condamnés à travailler pour les compagnies pétrolières, sans jamais avoir accès aux montagnes de billets verts tant espérées.

Qu’en est-il des retombées écologiques et sociales ?

Parce que nous avons tous une conscience, vous vous demandez certainement depuis tout à l’heure ce qu’il en est des désastres écologiques et sociaux, inévitables lorsqu’il s’agit de l’industrie pétrolière. Et bien,… c’est catastrophique ! Au delà du sentiment général de mal être des locaux – maux de têtes, manque de sommeil, problèmes respiratoires, et autres – l’environnement souffre également énormément. Suite aux extractions de pétrole, le Texas a multiplié, depuis 2008, par six l’occurrence des tremblements de terre. Faisant ainsi de la région une zone sismique à forte activité. Sale temps pour la planète? C’est le cas puisque 87% des séismes ayant eu lieu en 2015 ont pour cause l’activité humaine.

La ruée vers l’or noir : quand les Américains sont prêts à tout pour quelques dollars.

Pour autant, il ne semble pas y avoir de quoi effrayer les nouveaux arrivants ! Plus désireux que jamais de faire fortune, les préoccupations écologiques, tout comme la santé de ces Américains cupides d’ailleurs, passent au second plan.

Si la majorité des habitants de la région sont aveuglés par les gains que font miroiter les compagnies pétrolières, ceux qui ont déjà réussi, tel Richard L. Dockery ont un discours plus lucide : « People are fooling themselves that this will last forever. Nothing lasts forever. ». En effet Richard, rien ne dure éternellement, même pas les millions que tu as accumulés depuis 2010…

Quelques secousses, une santé défaillante, et un risque de tout perdre, le tout en échange d’une grosse poignée de dollars ? Le système libéral et l’importance du principe de propriété privée aux Etats-Unis ont donné naissance à ce système … Collectivement, les Américains sont-ils réellement gagnants ? À vous de juger !


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